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La Volte Des Vertugadins

La Volte Des Vertugadins

Titel: La Volte Des Vertugadins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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mi-manège.
    Le vertugadin (XVI e et XVII e  siècles)
a d’abord été un bourrelet que les élégantes portaient autour des hanches pour
faire gonfler la robe à partir de la taille. Il désigna bientôt cette partie
même.
    Le vertugadin, perfectionné, devint au XVIII e  siècle
le panier, et au XIX e  siècle, la crinoline. Son
ampleur, qui influença la largeur des fauteuils, indiquait aussi la classe
sociale. Seules les dames de la noblesse et les bourgeoises fortunées portaient
le vertugadin. Les filles et les femmes des milieux populaires devaient
se contenter du cotillon qui, se moulant sur la nature, était moins
coûteux et, dans le travail, plus commode.
    On voit par là que courir le cotillon avait à
l’origine une connotation que l’expression n’a plus aujourd’hui. Il s’agissait
pour les nobles et les riches bourgeois d’une entreprise plus sûre et plus
facile que la course au vertugadin, puisqu’elle ne risquait pas de
déboucher sur un duel ou un procès.
    Le fait que le cotillon découvrait parfois les
jambes s’ajoutait à cet attrait. Comment ne pas sentir que La Fontaine se délecte
à décrire Perrette, balançant son pot au lait sur sa tête ?
     
    Légère et court
vêtue elle allait à grands pas.
    Ayant mis ce
jour-là pour être plus à l’aise
    Cotillon simple
et souliers plats.
     
    Ce qui laisse à penser que le cotillon quotidien, et à
plus forte raison hivernal, pouvait être plus long.
    Du fait que le vertugadin dérobait en totalité la vue des
jambes aux regards, de bons esprits imaginèrent une étymologie optimiste :
il s’agissait de «  vertu garder  ». En réalité, vertugadin vient de l’espagnol verdugo, qui entre autres acceptions désigne un
fouet, la marque d’un fouet, une meurtrissure, un supplice, ou un bourreau. On
peut conclure de là que sous le rapport de l’aisance et de la commodité, les
hautes dames, même en Espagne, eussent parfois préféré être vêtues comme leurs
chambrières.
    R. M.

 
CHAPITRE PREMIER
    Si l’on devait préjuger de la destinée d’un homme par son
baptême, le mien fut si glorieux que je devrais, sans trop de déraison, espérer
atteindre un jour aux plus hautes charges de l’État. Mais je ne sache pas que
je doive tant m’en hausser le bec. Si Henri Quatrième fut mon parrain, cet
honneur ne tenait assurément pas aux mérites d’un enfantelet vagissant, mais à
la faveur dont jouissait alors mon père, le premier Marquis de Siorac, et aux
pressantes sollicitations de ma bonne marraine, la Duchesse de Guise, qui, même
avant que je naquisse, fut à moi si tendrement affectionnée que son fils aîné
en conçut de l’aigreur. Il est vrai que le jeune duc, comme devait dire si
cruellement Richelieu, n’avait pas « l’esprit plus grand que le
nez » ; appendice que la cour jugeait chez lui d’une petitesse
ridicule.
    À y penser en mon âge mûr, la pompe de mon baptême ne
m’éblouit pas davantage. Des trois filleuls d’Henri IV, je fus bien le
seul à qui la fortune daigna sourire et davantage du fait de mes fidèles
services que de ce glorieux début. Le plus célèbre des filleuls royaux,
Henri II de Montmorency, fut décapité sous Louis XIII pour haute
trahison. Et la plus obscure, du moins par la naissance, Marie Concini, fille
de Concino Concini et de Léonora Galigaï, mourut à huit ans.
    J’avais déjà un an [1] quand je
fus baptisé la mode étant alors aux baptêmes tardifs – et le lecteur peut
bien penser qu’à cet âge, je fus fort peu sensible à l’honneur d’avoir le Roi
pour parrain. Bien le rebours. Car d’après le conte qui m’en fut fait plus de
cent fois, quand je quittai le douillet giron de Greta, ma nourrice alsacienne,
pour être confié aux bras royaux, ceux-ci me saisirent si mal que je faillis
être versé à terre et ne fus rattrapé qu’à toute extrémité, et avec tant de
rudesse que, très ému par cette violente commotion, je me mis à hucher à gorge
déployée.
    — Que voilà un fier braillard ! dit le Roi. Nous
en ferons un grand orateur, comme notre ami Du Perron…
    À quoi tous les assistants se mirent à rire, y compris
Monseigneur Du Perron qui devait me donner l’onction, assisté par l’abbé
Courtil, curé de Saint-Germain-l’Auxerrois et de ses clercs.
    — Ah ! Sire ! dit la Duchesse de Guise,
gardez-vous de laisser choir mon fils !
    — Votre fils, ma bonne cousine ? dit le Roi. Votre
filleul, voulez-vous

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