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La Volte Des Vertugadins

La Volte Des Vertugadins

Titel: La Volte Des Vertugadins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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comme une attaque contre mes sûretés et
un affront contre ma personne !… En conséquence, je prie instamment Sa
Sainteté de me libérer de cette écorne en révoquant ledit édit.
    — Le Pape révoquer son édit ! s’écria le nonce
dans la voix duquel des pleureuses se mirent à gémir toutes ensemble. Le Pape
révoquer son édit ! Mais le Pape, Sire, parle au nom de Dieu ! Et
comment, Sire, pourrions-nous admettre urbi et orbi que le Pape, inspiré
qu’il est par le Saint-Esprit, puisse jamais s’être trompé ? Ce serait
infiniment préjudiciable à la dignité du Saint-Siège !
    — Vous trouverez bien le moyen de révoquer cet édit,
Monsieur le nonce, sans attenter à la dignité du Pape : le Saint-Siège est
si subtil. Jusque-là, Monseigneur, je serais, pour parler comme vous, dans une
affliction telle et si grande qu’à cause de cet édit, je ne pourrais vous
donner audience, si fort que soit mon désir de m’entretenir avec vous et le
plaisir que je prends à vous voir.
    — Ah ! Sire ! Je ne manquerai pas de dire à
Sa Sainteté la mésaise où vous jette cet édit et je suis bien assuré que Sa
Sainteté ne faillira pas à consoler Votre Majesté.
    — Le mot « consoler » me paraît étrange, dit
le Roi, mais, si consolation il y a, je l’attendrai avec impatience.
    Et il lui donna son congé. La « consolation » que
le nonce avait promise au Roi se fit attendre quelques semaines et quand elle
vint, elle ne manqua pas de finesse, comme Henri l’avait prévu. La cour de Rome
ne révoqua pas l’édit inqualifiable, elle se borna à publier une nouvelle liste
d’ouvrages condamnés sur laquelle fut maintenue l ’Histoire Universelle du Président De Thou, mais de laquelle disparut la condamnation de l’arrêt de
mort contre Châtel.
    — Peu leur chaut ! dit mon père, quand je lui
contai l’affaire, le mal est fait ! Le message est passé ! Et croyez
bien qu’il sera relayé de clocher en clocher, de sacristie en sacristie et de
couvent en couvent. Seul le premier mouvement du Saint-Siège sera réputé le
bon. Son « repentir » sera mis sur le compte de l’opportunité. Et
c’est ainsi que, de nos jours, on suscite un assassin tout en gardant les mains
blanches et une soutane immaculée.
     
    *
    * *
     
    Comme mon père l’avait prévu, les négociations pour ravoir
la Princesse n’aboutirent pas et une tentative pour l’enlever en plein cœur de
Bruxelles et la ramener en France échoua tout du même, en grande partie par la
faute du Roi lui-même, qui cria victoire trop tôt. Quant au Prince de Condé,
cette tentative l’effraya tant que, confiant la Princesse à la garde des
vertueux Archiducs, il gagna Milan par des chemins détournés et il se mit dans
les mains du Comte de Fuentes, l’ennemi juré de la France. Il faut dire que le
Premier prince du sang était, pour l’Espagne et Fuentes, un atout d’autant plus
merveilleux que le Prince n’avait pas un seul sol vaillant et dépendait, pour
vivre, de l’argent étranger. Il fut donc facile à Fuentes de lui faire rédiger
une proclamation dans laquelle il dénonçait la « tyrannie »
d’Henri IV à son endroit (ce mot « tyrannie », je le souligne
encore, était de la dernière conséquence puisque, selon la casuistique des
jésuites, s’il était défendu de tuer un roi, il devenait, au contraire, licite
de tuer un tyran). Le Prince contestait, en outre, comme étant illégitime, le
divorce du Roi et de la reine Margot, considérait, en conséquence, que Marie de
Médicis n’était point légitimement mariée avec Henri et que le dauphin Louis
était un bâtard.
    Tant mon père fut troublé qu’il consulta, là-dessus,
Fogacer, quand il vint souper avec nous. Le Révérend abbé eut son long, lent et
sinueux sourire que je n’ose plus dire sodomite, ne sachant où il en est de ses
mœurs. Mais il dit ceci :
    — C’est peu sérieux. Il est infiniment peu probable que
Paul V accepte un jour d’annuler le divorce d’Henri et de la reine Margot.
D’abord, l’intéressée y était consentante ; ensuite, elle n’a jamais eu
d’enfant et fut si notoirement légère de la cuisse que, si elle n’eût pas été
princesse, on l’eût appelée putain. Et pourquoi diable Paul V ferait-il
cette écorne à Marie, au risque de se brouiller mortellement avec les
Médicis ? La proclamation du Prince n’a d’autre intérêt que d’opposer le
Premier prince du sang à Henri IV

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