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L'âme de la France

L'âme de la France

Titel: L'âme de la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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son mode spécifique de protestation. Celui-ci se transmettra d'un siècle à l'autre, comme si les barricades devenaient un symbole et le mode d'expression de Paris, donc aussi de la France.

    Quel choix politique peut faire Henri III ?
    Les Guises ont ouvert la porte à l'Espagnol. Ils visent non seulement à affaiblir le pouvoir royal, mais à s'emparer du trône. Ce serait la fin de l'unité du royaume, de sa souveraineté – Philippe II subventionne les ligueurs et leur envoie des troupes –, de son indépendance. Le roi se rebelle. Le pouvoir monarchique, le sens de l'État, sont plus forts que l'appartenance religieuse.

    Le 25 décembre 1588, Henri III organise à Blois l'assassinat des Guises – « À présent, je suis roi ! » s'écriera-t-il – et confirme que Henri de Navarre, l'hérétique, sera son héritier.
    Pour les ligueurs, le souverain n'est plus qu'un « tyran Sardanapale » contre qui le tyrannicide est légitime.
    Le 1 er  août 1589, le moine Jacques Clément éventrera d'un coup de poignard Henri III, qui, dans son agonie, confirmera son choix dynastique.
    Henri de Navarre deviendra donc Henri IV, mais le monarque mourant lui demande de se convertir.
    La France n'en a pas fini avec la guerre. Henri IV va devoir conquérir et son royaume et Paris.

    Et le poète Agrippa d'Aubigné, qui, enfant de huit ans en 1560, fut témoin, à Amboise, des premiers massacres de huguenots, qui a combattu, a été blessé dans les rangs protestants, qui est devenu en 1573 l'écuyer de Henri de Navarre et est en 1589 encore à ses côtés, décrit l'état du royaume avec la compassion et la révolte désespérée d'un « patriote » :
    Je veux peindre la France une mère affligée
    Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargée.
    Le plus fort, orgueilleux, empoigne les deux bouts
    Des tétins nourriciers ; puis, à force de coups
    D'ongles, de poings, de pieds, il brise le partage
    Dont Nature donnait à son besson l'usage.
    .........................................................................
    Elle dit : « Vous avez, félons, ensanglanté
    Le sein qui vous nourrit et qui vous a portés,
    Or vivez de venin, sanglante géniture,
    Je n'ai plus que du sang pour votre nourriture !
    Cette souffrance française devant la tragédie nationale fait la force de ceux qui veulent rétablir l'unité, la souveraineté et la paix dans le royaume.
    Le « parti de l'étranger » et de la division devrait, pour l'emporter, guérir l'âme blessée de la France, or il exacerbe sa douleur.

2
    LA MESSE DU ROI ET DES CARDINAUX
    1589-1661
    22.
    Comment Henri IV, hérétique et relaps, qu'un souverain a choisi pour lui succéder après avoir été frappé par le poignard d'un moine fanatique, peut-il rassembler autour de lui son royaume déchiré par les haines religieuses ?
    À peine un sixième de la France l'a reconnu.
    La capitale est entre les mains de la Sainte Union des ligueurs, soumise aux Guises. Les Parisiens suivent les processions des prêtres, des moines, qui, brandissant crucifix et portraits de la Vierge, exaltent le tyrannicide et la vraie foi. Le pape les soutient. L'Espagne de Philippe II finance les Guises, envoie ses soldats pour renforcer les rangs des ligueurs, et rêve de voir monter sur le trône de France Isabelle, l'infante, la petite-fille de Henri II, et de soumettre ainsi la France aux Habsbourg.

    Et c'est cependant Henri IV qui va l'emporter.
    Il lui faut d'abord conquérir son royaume comme s'il s'agissait d'une terre étrangère, et, pour cela, faire appel à l'aide des soldats d'Élisabeth I re , ces anglicans, adversaires des papistes.
    Il a besoin d'argent.
    Il se dirige donc vers la Normandie, la grasse province qui verse le plus d'impôts et dont les ports nombreux peuvent accueillir les navires anglais.
    Le 21 septembre 1589, il remporte la victoire à Arques – près de Dieppe – contre les troupes de Guise, du duc de Mayenne, et il est à nouveau vainqueur des ligueurs et des Espagnols à Ivry (le 14 mars 1590).
    Il a lancé : « Ralliez-vous à mon panache blanc ! »
    Cela vaut certes pour une bataille, mais le royaume ne se soulève pas en sa faveur, même si les provinces et les parlements de Rennes et de Bordeaux se rallient à lui.
    Cela ne représente encore jamais que la moitié du royaume. Et s'il réussit à s'emparer de Chartres, il a échoué devant Rouen, et n'a pu longtemps faire le siège de Paris.
    La France est divisée.

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