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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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aussi insigne que la tienne. Je te prie donc de me pardonner d’avoir levé l’épée sur toi dans un mouvement de colère et de rancune. – Seigneur, lui répondit-elle, je te pardonne volontiers à condition que tu me pardonnes toi-même d’avoir provoqué ton courroux. » Alors, ils pleurèrent tous deux un long moment, puis Lancelot quitta la chambre et se retrouva à l’extérieur du château.
    Tout sellé et piaffant d’impatience, son cheval l’attendait. Brisane avait donné des ordres dans ce sens, sachant bien que Lancelot ne resterait pas un instant de plus dès qu’il s’apercevrait de la duperie. Il prit son bouclier et sa lance appuyés contre un arbre, puis il sauta en selle et détala, perdu dans ses noires pensées, comme s’il se réveillait après une nuit d’orages et de cauchemars.
    Un peu plus tard, dans la matinée, le roi Pellès, ayant appris le départ de Lancelot, se rendit au château de la Quasse pour voir sa fille. Il la trouva encore toute bouleversée par les menaces de mort de Lancelot, et elle raconta à son père comment la nuit s’était déroulée. Quand Pellès apprit son union avec Lancelot, il la fit entourer de soins et d’attentions et honorer plus encore que dans le passé. Et à peine trois mois plus tard, les médecins annoncèrent qu’elle était enceinte, ce qu’elle confirma elle-même. Alors la joie fut grande à Corbénic, le château de Pellès, le riche Roi Pêcheur, ainsi que dans tout le pays qu’on appelait la Terre Foraine.
    Quant à Lancelot, après cette nuit fatale, il erra tout le jour, au hasard des chemins, l’esprit encore embrumé, harcelé par le remords, furieux d’avoir été trompé, honteux d’avoir voulu se venger cruellement. Il s’arrêta enfin à un gué pour faire boire son cheval et s’étendit lui-même un moment sous un arbre. Mais un chevalier qui passait par là, le voyant assoupi, prit sans bruit son cheval par la bride et l’entraîna avec lui dans une galopade effrénée.
    Se retrouvant sans monture, dans un pays qu’il ne connaissait pas, Lancelot se mit à marcher, espérant rencontrer quelqu’un qui l’aiderait à retrouver un autre cheval. Il lui fallait gagner Carduel, en toute hâte. La reine Guenièvre l’attendait, il en était sûr. Lui révélerait-il ce qui s’était passé au château de la Quasse ? Se jetterait-il à ses genoux pour implorer son pardon ? Les pensées de Lancelot se heurtaient et tourbillonnaient dans sa tête avec violence. Et il faisait de plus en plus chaud. Se sentant de plus en plus mal à l’aise, il tituba, anéanti par la fatigue, et, brusquement, s’écroula, inanimé, sur la mousse qui recouvrait le sol d’une clairière.
    C’est alors que la reine du pays de Sorestan passa par là et aperçut Lancelot. Elle s’approcha et constata qu’il était évanoui. Alors, elle fit signe à deux femmes qui l’accompagnaient : l’une était nommée Sybil, et l’autre était Morgane, la sœur du roi Arthur. Toutes trois passaient pour les plus expertes en enchantements et en sortilèges de ce temps-là, hormis la Dame du Lac. Elles entourèrent l’homme allongé sur la mousse. « Par Dieu, dit la reine de Sorestan, n’est-ce pas là le plus beau garçon qu’on ait jamais vu ? Bien heureuse la dame qui pourrait se vanter avoir en son pouvoir un pareil jouvenceau ! Par Dieu, je l’avoue, je me sentirais moi-même plus riche que d’avoir en ma possession toutes les terres du monde.
    — Par ma foi, dit Morgane, il serait, ce me semble, beaucoup mieux avec moi. Je suis de plus haute famille que la tienne, bien que tu sois reine ! – Balivernes, intervint à son tour Sybil, ne suis-je pas la plus belle, la plus enjouée, la plus jeune de nous trois ? Je saurais beaucoup mieux le servir et le soumettre à ma volonté !
    — Trêve de disputes ! dit la reine de Sorestan. Voici ce que nous allons faire : réveillons-le et offrons-nous ensemble à son service. Celle qu’il choisira restera avec lui pour le servir ! »
    Mais Morgane qui avait regardé attentivement le visage de celui qu’elles croyaient endormi avait, elle, bien reconnu Lancelot. Néanmoins, elle se garda de le révéler aux autres. « Par Dieu, dit-elle, ne le réveillons pas, car nous risquons qu’il ne prenne aucune d’entre nous, ce qui serait fâcheux pour nous trois ! Voici ce que nous allons faire : allons chercher une civière et nous le ferons transporter au château de la

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