L'Anneau d'Atlantide
Aldo en s’emparant de la bague et en la mirant sous la lampe avant de la passer tour à tour à son annulaire droit, trop mince, au majeur, idem , et enfin au pouce, approuvé par Guy.
— Ce qui nous démontre que c’est une bague sacrée. Un ornement de Grand Prêtre ou quelque chose d’approchant.
Aldo ne répondit pas, attentif à l’étrange impression qui montait en lui. Pas désagréable, au contraire. Une sensation de force et de plénitude l’envahissait, merveilleusement vivifiante. Il eut soudain la certitude que tout lui devenait possible et qu’aucun obstacle ne saurait l’arrêter sur le chemin choisi.
— Eh bien ? demanda Buteau.
Non sans difficulté, Aldo ôta l’anneau et le tendit à son vieil ami :
— Essayez vous-même !
Ce qui fut fait et, sous les yeux d’Aldo, l’affable visage du vieux monsieur s’illumina :
— Incroyable ! On dirait qu’il décuple les forces… Que l’on pourrait déplacer les montagnes ! En ce cas, pourquoi l’homme qui le détenait a-t-il été assassiné ?
— Sans doute parce qu’un peu de soie noire tendue par un fixe-chaussettes n’est pas le lieu idoine pour développer les manifestations transcendantales ! Et s’il était poursuivi, comme les faits le laissent à penser, il avait choisi la plus sûre cachette. Une chose est certaine : cet anneau n’est pas maléfique – ce qui est déjà énorme ! – mais il ne protège pas contre une agression.
— Qu’allez-vous en faire ?
— Je ne sais pas. J’hésite !
— Entre quoi et quoi ? En mourant, ne vous a-t-il pas demandé de le garder ?
— En effet, mais il y a ses ultimes paroles : Assouan… la Reine Inconnue et Ibrahim.
Il s’interrompit en entendant dans le vestibule la voix de son secrétaire, Angelo Pisani, qui discutait avec Zaccharia, et se hâta de ranger sachet et bague dans le coffre puis de le refermer en déclarant :
— Si quelqu’un peut éclairer notre lanterne là-dessus, c’est bien Adalbert. Je vais téléphoner à son appartement de Paris. Théobald me dira où il est au juste !
— Sage décision !
Peut-être pas si facile à réaliser qu’il n’y paraissait !
Quand, après trois longues heures d’attente, la voix distinguée de Théobald, le fidèle serviteur de Vidal-Pellicorne, se fit entendre, agréablement modulée comme d’habitude, elle se déclara ravie d’avoir des nouvelles de Monsieur le prince mais désolée de ne pouvoir lui passer son maître :
— En cette saison, Votre Excellence devrait se douter qu’il n’est pas à Paris.
— Je suppose qu’il est en Égypte ?
— Monsieur le prince suppose à merveille !
— Oui mais où, en Égypte ? C’est grand…
— Et c’est ce que je ne sais pas. Il faut comprendre, Monsieur fouille !
— Belle nouvelle ! Que fait-il d’autre quand il est là-bas ? Il est égyptologue, que diable !
— Certes, certes, mais les choses sont légèrement différentes cette fois. Monsieur aurait fait une découverte… importante peut-être et, tant qu’il n’a pas acquis de certitude, il ne veut pas en parler. Monsieur le prince sait combien, dans la profession, les confrères des autres pays sont aux aguets.
— Soit… mais au cas où vous auriez à le joindre en urgence ?
— Ce n’est guère probable ! Je dois alors écrire sous double enveloppe à l’hôtel Shepheard’s, au Caire. On lui garde son courrier et… je n’en sais pas davantage !
— Mais enfin, c’est ridicule ! Il a en vous une confiance aveugle ! Je vous vois mal vous précipiter à l’Académie des sciences ou à la rédaction de je ne sais quel journal pour leur confier sur quelle rive du Nil votre maître est en train de manier la pelle et la pioche ?
— Peut-être, Excellence, et je dois dire que c’est la première fois, mais Monsieur s’est clairement expliqué. Sa confiance en moi est absolue, cependant…
— … il craint les courants d’air ? Il faut en effet que sa trouvaille soit exceptionnelle ! Eh bien, Théobald, il me reste à lui envoyer un mot en espérant qu’il ne tardera pas trop à venir le chercher.
— Monsieur le prince a des problèmes ?
— Disons des questions à poser, mais cela peut attendre. Merci, Théobald, portez-vous bien !
— Et voilà ! soupira Aldo en reposant le combiné. Aucun renseignement à attendre
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