L'Anneau d'Atlantide
homme extraordinaire, une force de la nature, et je n’arrive pas à me persuader qu’à l’instant suprême, conscient d’être secouru, il n’ait pas réussi à vous révéler… le policier m’a parlé d’un souffle… un mot arabe sans doute…
Aldo se promit de dire deux mots à Salviati. Il avait dû trouver le bonhomme collant et s’en était débarrassé sur lui !
Son œil bleu, qui avait tendance à virer au vert à l’approche de la colère, prit une curieuse teinte bâtarde tandis qu’il se levait pour indiquer que l’entretien était clos.
— Allah !… Ça vous convient ? Cela me paraît normal quand un vrai croyant se sent mourir ? Croyez que je regrette que vous ayez fait ce chemin pour en apprendre si peu, mais vous pouvez faire confiance au commissaire Salviati. C’est un policier émérite assurément capable de mettre la main sur les assassins…
Force fut à son interlocuteur de se préparer à partir. Il était évident qu’il n’en avait pas la moindre envie bien qu’il eût quitté son siège. Son regard balayait la pièce somptueuse aux tentures jaunes harmonisées autour d’une fresque de Tiepolo, englobant le tapis chatoyant et les meubles précieux. Il s’attarda cependant sur le coffre ancien, dévoré visiblement par l’envie d’apprendre ce qu’il pouvait contenir.
— … quand il les tiendra, poursuivait Aldo, vous retrouverez du même coup l’anneau que vous recherchez et tout rentrera dans l’ordre !
Une nouvelle hésitation, et l’homme hasarda :
— Ne pourriez-vous le rechercher pour nous ? Mon gouvernement saurait se montrer généreux et vous avez à votre tableau de chasse nombre de succès spectaculaires.
« Nous y voilà ! pensa Morosini. J’aurais dû me douter qu’on en viendrait à quelque chose d’approchant ! » Il pouvait s’amuser un instant !
— D’abord, vous ne m’avez pas confié le pourquoi de la rareté de cet objet ?
— Vraiment ? Je vous l’ai dit : il s’agit d’un anneau, un banal anneau d’or serti de turquoises mais d’une ancienneté… incalculable…
Aldo fit la moue :
— Cela me semble maigre. Je suis spécialiste en joyaux, Monsieur. Ce qui signifie des pièces de haute qualité, voire exceptionnelles. Cette bague ne m’intéresse pas. Vous pourriez commencer par faire confiance à notre police, sans oublier celle de Rome, puisque vous y avez des accointances. Je vous répète que le commissaire Salviati est un excellent policier. Il n’aura de cesse de débusquer les assassins… donc les voleurs !
— Ils s’en seront déjà défaits ! Ces gens-là travaillent sûrement sur commande.
— C’est possible, mais je ne peux accéder à votre désir. J’ai trop d’affaires en cours. Et puis, je regrette de vous redire que ce genre de bijou ne m’intéresse pas. De l’or… des turquoises, même ayant appartenu à Mathusalem, ne sont pas de mon ressort.
— Vous vous êtes montré moins difficile vis-à-vis du Pectoral du Grand Prêtre !
Le ton recelait une vague menace.
— J’étais aussi moins occupé. En outre, vous avez perdu de vue qu’il fallait retrouver un saphir, un rubis, un diamant et une opale. Des pierres précieuses ô combien… et non semi-précieuses ! Fiez-vous à moi ! Prenez un peu patience et attendez le résultat de l’enquête.
Sa voix était courtoise mais définitive. El-Kouari le comprit et se leva enfin :
— Croyez que je le regrette ! Merci de votre accueil !
Un instant plus tard il était parti, toujours escorté de son chien de garde, et Aldo rejoignait Guy. Celui-ci ne cacha pas sa méfiance :
— Drôle d’histoire, n’est-ce pas ? Et plus curieux personnage encore ! Je me demande s’il est réellement le frère de la victime ? Ils n’ont peut-être même aucun lien de parenté. Vous pensez l’avoir convaincu ?
— Non, mais c’est sans importance, il n’a récolté que ce qu’il mérite : s’il avait montré plus de confiance, avoué la provenance de l’anneau, j’aurais pu réagir différemment, mais une bague d’or, quelconque, garnie de turquoises, voulez-vous me dire à quoi ça ressemble ?
— Sans doute ! Espérons que nous n’en entendrons plus parler.
— On verra bien ! En attendant, vous devriez me dénicher quelques bouquins au sujet de l’Atlantide. Je me sens l’envie de dépoussiérer mes
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