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L'Anneau d'Atlantide

L'Anneau d'Atlantide

Titel: L'Anneau d'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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boutonnière – s’inclina devant elle :
    — C’est aimable à vous d’être venu, prince, mais Adalbert ne vous accompagne pas… ? Ou serait-ce qu’il est en retard ?
    Tellement inattendue, la question coupa le souffle de Morosini. Il s’attendait à tout sauf à cela et surtout pas à l’immense candeur reflétée par les yeux d’aigue-marine. Salima était-elle idiote, folle, ou alors supérieurement douée pour le théâtre ? Comme il se débrouillait assez bien sur ce chapitre, il se reprit vite et alluma son sourire le plus engageant :
    — J’espérais le rencontrer ici. Nous ne nous sommes pas vus depuis… un jour si dramatique qu’il ne serait pas séant de l’évoquer en ce lieu. Il me semblait vous l’avoir dit ?
    — Vous croyez… ? Oh, c’est possible.
    La princesse Shakiar qui se tenait à ses côtés – avec Assouari, on avait échangé sans un mot un salut cérémonieux – se pencha :
    — Voyons, ma chérie, souvenez-vous ! Je ne me rappelle plus qui nous a annoncé qu’il devait se rendre à Ouadi-Halfa afin d’y rencontrer quelqu’un d’important. Il aura oublié de s’excuser… Soyez le bienvenu, prince ! enchaîna-t-elle. J’aimerais que nous reprenions sur un plan plus cordial des relations entamées sur un malentendu ?
    — Si vous l’entendez ainsi, Madame, il faut que ce soit vrai et vous m’en voyez enchanté !
    La suite des invités patientait derrière lui et il ne pouvait être question d’engager la conversation. Il rejoignit donc le colonel Sargent qui l’attendait près d’un hibiscus aussi grand que lui. Lady Clémentine bavardait à quelques pas avec une dame mûre emballée de chantilly noire sous ce qui ressemblait à une énorme chaîne d’huissier en or massif constellée d’émeraudes et de saphirs.
    — Alors ? Que vous a-t-on dit ? Vous avez paru surpris ?
    — Il y a de quoi. La fiancée m’a demandé, faisant montre d’une candeur presque surhumaine, pourquoi Vidal-Pellicorne n’était pas avec moi !
    Les touffes de poils blancs qui ornaient les orbites de Sargent remontèrent de deux bons centimètres :
    — Ou bien elle est amnésique… ou bien elle est droguée ! Ce qui ne serait pas pour me surprendre !
    — Pas possible ? fit Aldo qui n’y avait pas pensé.
    — Le geste légèrement automatique, les pupilles rétrécies… en sont des symptômes. En outre, au milieu de ces gens hilares, elle est la seule à ne pas sourire ou presque pas. À moins que…
    — À quoi pensez-vous ?
    — … elle ne subisse une contrainte. J’ai peine à croire qu’elle soit amoureuse de ce type ? Il n’est pas laid, mais il a facilement le double de son âge. Et de surcroît, il est gracieux comme une porte de prison. Quand il la regarde, son œil est habité d’une lueur implacable… Oh, mais voilà du nouveau !
    Les salons étaient quasiment pleins et la file d’attente des invités s’achevait quand parut un jeune homme. Lui non plus n’avait pas l’air d’être venu pour s’amuser et sa vue arracha à Morosini une exclamation de surprise :
    — Je me demande si ce n’est pas l’heure de vérité qui nous arrive là !
    — Vous le connaissez ?
    — Non ! Mais la veille de notre départ de Louqsor, je l’ai vu accoudé au bastingage d’un steamer en compagnie de l’ensorcelante Salima. Et je peux vous jurer qu’ils donnaient l’impression de s’entendre à merveille… En se regardant, ils avaient une expression qui ne trompe pas… Sur le moment j’avais pensé à une rencontre fortuite comme il est courant sur les bateaux, mais il était évident qu’ils devaient se connaître auparavant…
    — Aucun doute là-dessus ! On dirait même que nous courons au drame…
    En effet, sans plus se soucier d’Assouan que s’il n’existait pas, l’inconnu dont le visage avait pris une curieuse teinte grise se tenait devant la fiancée qui avait pâli. D’où ils étaient, les deux observateurs ne pouvaient entendre le dialogue, mais la mimique était suffisamment explicite : le garçon prit la main de Salima et chercha à l’entraîner tandis que Shakiar s’efforçait de la retenir. La suite fut brève : appelés d’un geste par le fiancé, deux solides Nubiens vinrent s’emparer de l’importun qu’ils emmenèrent au-dehors en dépit de la défense vigoureuse qu’il fournissait. En même

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