L'Anneau d'Atlantide
vos pieds…
Et de regrimper sur le pont pour mettre son programme à exécution. Lequel s’effectua sans problème, la villa flottante n’ayant aucun point commun, côté hauteur, avec un transatlantique. Deux minutes plus tard, tous deux se retrouvaient assis dans les fauteuils de rotin disposés sur l’avant où ils composaient une sorte de salon.
— Merci ! exhala enfin le jeune homme. Je crois que je vous dois la vie ! Je n’aurais sûrement pas réussi à me tirer de là tout seul ! Au fait, il serait temps de me présenter : je me nomme Karim El-Kholti…
— Aldo Morosini. On pourrait peut-être voir à l’intérieur si on ne trouverait pas de quoi se sécher… et se réconforter ? La nuit est plutôt fraîche et l’eau plus encore !
Il n’ajouta pas qu’ayant les bronches fragiles il ne se sentait pas à l’aise.
L’intérieur était agencé en living-room d’apparence confortable mais où régnait un certain désordre, d’une cuisine, de la machinerie et de quatre cabines dont trois s’ouvrirent sans difficulté. La dernière résista.
Ce qui n’avait rien d’étonnant, elle était fermée à clef. Elle devait receler les objets ayant quelque valeur. Il était déjà imprudent d’abandonner ce bateau au milieu du Nil pour aller souper en ville ou quoi que ce soit d’autre… Aldo haussa les épaules.
— Inutile de forcer cette porte ! Cherchons ce qu’il nous faut et attendons le retour de l’occupant…
Il venait de prononcer le dernier mot quand un rugissement assourdi se fit entendre de derrière la cloison et se répéta :
— On dirait qu’il y a quelqu’un ? hasarda Karim. Regardez le filet de lumière, sous l’interstice !
— Il se pourrait que vous ayez raison. Cette cabine est occupée ? cria-t-il.
Le même bruit lui répondit, un peu modulé, comme si on essayait de parler. Or, il connaissait parfaitement ce bruit pour l’avoir entendu à maintes reprises au cours de ses aventures.
— Non seulement il y a quelqu’un, mais ce quelqu’un est bâillonné.
Joignant le geste à la parole, il cogna de l’épaule le panneau de bois dans l’intention de l’enfoncer, mais il n’obtint qu’un faible craquement. Il manquait évidemment de recul.
— Rassemblons nos forces ! proposa le jeune homme. Ça devrait marcher.
Et ça marcha. Après trois poussées successives, la porte s’abattait, découvrant un spectacle tellement inattendu que, sur le coup, il laissa Aldo muet de stupeur : étendu sur le lit, bâillonné en effet, pieds et mains liés, gisait un homme en pyjama dont les yeux bleus s’écarquillaient sous une très reconnaissable mèche blonde en désordre : Adalbert !
En bon état apparemment, dans la lumière d’une archaïque lampe à huile posée sur la table. Quant au hublot, il était occulté par de courts mais épais rideaux de velours bleu.
Une minute après, le prisonnier retrouvait l’usage de la parole et son regard la petite flamme moqueuse d’autrefois :
— Sacrebleu ! Je n’ai jamais été aussi content de te revoir ! Mais tu es trempé ? Tu as pris un bain ?
— À ton avis, comment peut-on atteindre un bateau ancré au milieu d’un fleuve quand on n’a pas la plus infime embarcation sous la main ?
— Si tu savais que j’étais ici, tu aurais pu t’en procurer une ?
— Mais je ne le savais pas…
— Au fait, où sommes-nous ? Cette sacrée barcasse change de place tous les jours…
— Près de la pointe nord de l’île Éléphantine. J’assistais à la fête que le prince Ali Assouari donnait et…
Il buta contre la raison de la fête en question et se traita d’imbécile. Il eût été plus intelligent de dire qu’il avait aperçu Karim en danger de se noyer et qu’il s’était porté à son secours. Celui-ci d’ailleurs sortait du cadre de la porte pour expliquer :
— M. Morosini m’a sauvé la vie, Monsieur, exposa-t-il avec gravité. Sans lui, je serais sans doute au fond du Nil à servir de souper aux crocodiles affamés. Je m’appelle Karim El-Kholti !
— Vidal-Pellicorne ! Dites donc, il a une étrange manière de recevoir, El-Assouari ? J’entendais bien les échos d’une nouba mais je n’aurais jamais pu imaginer qu’on y expédiait les invités à la baille ?
Tandis qu’Aldo, au bord de la panique, recommandait son âme à Dieu, le jeune homme sourit et
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