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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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doucement et sortez de cette cabane.
    Qu’y avait-il à faire, sinon obtempérer en guettant le cas échéant une erreur de l’adversaire ou un moment d’inattention. Il recula donc, suivi par la pointe de l’épée, et se retrouva sur la terrasse. La nuit était tombée. Le vent s’était levé et poussait de sombres nuages dans la rage lointaine des orages. L’arme s’agita et indiqua la direction de la rambarde. Nicolas pour le coup comprit l’intention du criminel. S’il ne jouait pas le tout pour le tout, son corps s’écraserait bientôt en bas devant la façade de l’église, pantin sanglant et désarticulé. Il reculait à petits pas, toujours aux aguets. Soudain il bondit sur le côté dans l’intention de s’enfuir et de gagner au plus vite la chambre des cloches et l’escalier. Malheureusement, le sol étant couvert de gravats, il buta sur une pierre et tomba à genoux. La lame de l’épée de Trabard siffla et lui taillada le gilet, le blessant d’une longue estafilade sur la poitrine.
    — Debout, monsieur, et ne m’obligez pas à vous tuer. Je ne suis pas un meurtrier. C’est le cheval qui a piétiné mon frère. Sachez enfin que ce benêtcroyait pouvoir me faire confiance. Il m’avait fait appeler ce soir-là pour transporter ses effets !
    — Et M. Bezard ?
    — Il s’est jeté sur le rasoir.
    — Merci, monsieur, de me confirmer que le capucin était bien vous.
    — Vous ne profiterez pas de mon aveu. C’est toujours un privilège de mourir au fait de la vérité ! Allons, avancez vers la rambarde.
    Nicolas en prit son parti. C’en était bien fini.
    — Montez sur le parapet. Plus vite !
    Nicolas s’appuya des deux mains pour se hisser sur le petit muret. Il se redressa, respira profondément et attendit la fin. Un terrible coup de tonnerre éclata. Trabard leva son épée. Elle approchait la poitrine de Nicolas et le forcerait à tomber dans le vide. Il lui semblait qu’il avait épuisé tout sentiment en Angleterre quand sa vie s’était déjà trouvée menacée. Il n’éprouva qu’un grand vide et un suprême détachement. Il ferma les yeux. À ce moment, un fracas effroyable accompagné d’une lumière éclatante l’enveloppa. Un souffle brûlant le frappa. Il fut soulevé du sol et précipité à quelques toises à demi renversé sur la rambarde, les jambes dans le vide. Ses mains glissaient sur la pierre à peine rugueuse. Il fit appel à toutes ses ressources et, peu à peu, sans à-coups, parvint à se hisser par la seule force des bras à plat ventre sur la rambarde. Encore un effort et il retomba lourdement sur le flanc. Un tremblement glacé le saisit. En quelques secondes tout avait failli basculer et sa vie s’achever. Encore étourdi, il ne prit pas tout de suite conscience de ce qui venait de se passer. Il s’appuya sur ses mains, se redressa et se leva, titubant. La première chose qui le frappa d’épouvante, ce fut l’atroce odeur dechair carbonisée. Dans l’obscurité que seuls les éclairs ponctuaient de courtes illuminations, il découvrit à quelques pas de lui le corps du chanoine disloqué. La tête n’était plus qu’un morceau noir et fumant. Les vêtements étaient brûlés et déchiquetés. Hors cette épouvantable vision, ce qui le saisit, ce fut l’aspect de l’épée que brandissait l’assassin quelques instants auparavant. Elle était tordue, fondue par endroits. Il comprit le drame qui avait consommé la fin de Trabard. La pointe de l’épée avait attiré la foudre et anéanti celui qui la portait. Il se signa, soudain persuadé que cette fin atroce manifestait une colère divine. Il se pencha sur la rambarde et mesura sa chance de n’avoir point pris son épée ce soir-là. Rien n’aurait empêché, si ce n’est la providence, que l’éclair du vengeur ne confondît les bras du crime et ceux de la justice.
    Nicolas retourna dans la cabane pour y prendre un vêtement et revint recouvrir le cadavre encore fumant. Il redescendit dans le sanctuaire toujours étourdi et surgit sur le parvis où il appela Rabouine à haute voix. Celui-ci apparut aussitôt et fut choqué de l’aspect chaviré de son chef. À mots entrecoupés, celui-ci expliqua la situation et donna ses instructions. Il fallait appeler le guet et faire porter à la basse-geôle, au milieu de la nuit et par une porte dérobée, la dépouille du chanoine Trabard dans le secret le plus total. Il y avait dans le royaume trop d’exemples de crimes et de

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