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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Warrenne, qui lui répondit par un regard furieux.
    — C’est merveilleux de vous revoir, Hugh ! sourit le souverain.
    Son oeil droit, à la paupière constamment tombante, était presque fermé. Il se mordillait les lèvres et ôtait des bribes de nourriture de la tunique de chasse qu’il avait hâtivement enfilée après la messe.
    — Vous savez quoi ? remarqua-t-il. Quand j’assiste à la messe et prie le bon Seigneur \ pourquoi les prêtres n’en finissent-ils pas ? Ce matin mon bon évêque de Winchester a voulu faire un sermon ! J’ai dit à Warrenne de se mettre à tousser et il a vite compris le message !
    Le monarque se carra dans sa chaire et fixa de ses yeux aux paupières lourdes son garde du Sceau privé.
    — Nous pensions que vous étiez bon pour le dépositoire, Hugh ! Un carreau d’arbalète en haut de la poitrine ?
    — J’ai eu de la chance, Sire. Il était petit et tiré sans grande force parce que l’assassin courait. Une cotte en épaisse peau de veau offre une protection remarquable {5} !
    — Mais vous êtes tombé malade ?
    Corbett se frappa la poitrine.
    — L’os a été brisé et a guéri, mais la chair s’est infectée.
    — Je vous ai envoyé des médicaments.
    — Et mon épouse, Lady Maeve, vous en rend grâces, Sire.
    — Je serais bien allé vous voir, expliqua le monarque, l’air confus, mais je ne pouvais supporter de vous voir mourir, Hugh. De perdre encore quelqu’un que j’aime. Ils m’abandonnent tous.
    « Ne commencez pas, pensa Corbett. Ne recommencez pas à pleurer et à gémir sur le passé ! »
    Il respectait son roi, avec son visage émacié de guerrier et son esprit fertile qui grouillait comme un boisseau de vers de plans et stratégies subtils. Mais, s’il n’avait été prince, se disait le magistrat, Édouard aurait pu être chanteur de rues ou conteur. Il pouvait, en un clin d’oeil, passer du vieux roi affligé au capitaine énergique et entreprenant, décidé à écraser ses adversaires ou, assis dans sa chancellerie, tisser ses toiles d’araignée pour capturer ses ennemis à l’étranger. Il pouvait se montrer mesquin, méchant et rancunier et, à d’autres instants, magnanime, généreux, oublieux d’une offense ou d’une insulte. Il pouvait, assis parmi les enfants de ses valets, rire aux éclats devant une pantomime, puis s’éloigner à grands pas vers le champ d’exercices, s’emparer d’une épée et montrer aux plus jeunes comment combattre.
    Corbett se demandait de quelle humeur était le souverain ce matin-là. Il comprit qu’Édouard craignait la maladie et la mort. Ses anciens amis mouraient et le clerc remercia Dieu en silence que le roi se soit abstenu de venir au manoir de Leighton. Lady Maeve en aurait perdu l’esprit. Ranulf, à lui seul, l’avait presque rendu fou, en lui demandant, sans arrêt, comment il se sentait et comment allait sa blessure. Le regard de Corbett glissa vers Warrenne, habitué aux longs silences du roi, mais le comte de Surrey ne cachait jamais ses sentiments. Malgré son air fanfaron et son teint rubicond, il semblait troublé et fixait avec inquiétude son gobelet de vin.
    — J’étais à Westminster quand j’ai reçu votre convocation, dit Corbett.
    Édouard examina ses ongles.
    — Et l’assassin ? s’enquit-il en levant les yeux. J’ai cru comprendre que votre serviteur l’avait tué ?
    — Je dois vous remercier, Sire, répondit Corbett avec adresse, pour avoir promu Ranulf clerc principal à la chancellerie de la Cire verte {6} .
    — Bon, bon, bon, rétorqua le roi, agacé. Nous savons tous que Ranulf est clerc, mais il est toujours aussi votre serviteur.
    Le monarque retomba dans l’une de ses rêveries. Il s’était souvent demandé s’il pourrait enlever Ranulf à Corbett et les dresser l’un contre l’autre : Corbett, avec son amour de la loi et son insistance pour donner aux cours de justice toute leur importance, et Ranulf qui, au contraire, croyait en l’exécution rapide et sommaire des félons, ce qu’Édouard appréciait.
    — J’ai tué l’assassin, Majesté, confirma Ranulf.
    Il s’avança dans un craquement de cuir, la main sur l’épée qu’il avait à présent le droit de porter en présence du roi.
    — Deux bons coups, n’est-ce pas ? interrogea le souverain. Au ventre et dans le dos. Puis vous lui avez coupé la tête, l’avez fichée sur un piquet et mise près de l’entrée principale d’Oxford. Le shérif et les

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