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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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ragots.
    — Il partait parfois à Ashdown, reconnut Édouard. Et y rencontrait une sorcière, ou une femme suspectée d’en être une : Jocasta, à moitié espagnole, la veuve d’un marin qui s’était installée dans les faubourgs de Rye et en fut chassée. Elle a une fille et Fitzalan leur a donné une chaumine dans la forêt et un arpent de terre près d’un puits.
    — Mais ce n’est pas tout, n’est-ce pas ? demanda Corbett.
    — Non, en effet. Lord Henry était un ribaud. Avec lui aucune femme du Sussex n’était à l’abri. Il ne s’est jamais marié et se vantait souvent de ne point devoir boire à une seule coupe alors qu’il pouvait se désaltérer à maintes sources. Or, d’après ce que nous avons appris, son chef verdier, Verlian, a une fille plutôt jolie, Alicia. Lord Henry était entré en lice pour vaincre son coeur et conquérir son corps.
    — Et Verlian s’y opposait ?
    Le roi haussa les épaules.
    — Ce ne fut pas nécessaire. Alicia s’en est chargée. Je les ai rencontrés tous les deux alors que je rendais visite à Lord Henry en son manoir. Alicia est petite, brune, avec un visage d’ange et un corps à damner un saint. Verlian était responsable de la chasse hier matin à Savernake Dell mais il n’est pas venu. Apparemment, il semble s’être enfui et c’est lui qu’on accuse.
    — Ce serait logique, dit le magistrat d’un ton songeur. Ce ne serait pas la première fois qu’un mari ou un père furieux abat un débauché notoire.
    Édouard se tourna vers Warrenne pour le taquiner.
    — Savez-vous ce que cela signifie ?
    Le comte prit son gobelet et but. Le roi s’avançait en terrain dangereux. Le mariage de Warrenne était la cible des moqueries de toute la Cour. Le souverain, comprenant qu’il avait été trop loin, serra avec douceur la main de son compagnon.
    — Si vous l’ignorez, lui conseilla-t-il vivement, demandez donc à Ranulf, ici présent.
    Le tout nouveau clerc principal de la chancellerie de la Cire verte se contenta de détourner les yeux et d’examiner les boucliers sur le mur. « Un jour, pensa-t-il, mon écu sera là. Sir Ranulf ou même évêque Ranulf ! » Il apprenait vite les leçons dispensées par son « Maître Longue Figure » assis à ses côtés : garder bouche close, ne pas répondre aux insultes et, en cas de doute, sourire, s’incliner et attendre le bon moment.
    — Mais vous ne soupçonnez pas Verlian, n’est-ce pas ? s’enquit Corbett.
    — Non, non, en effet.
    Édouard se mordit les lèvres.
    — Fitzalan était un homme que je surveillais de près. Il trempait dans trop d’intrigues. Il avait trop d’argent. C’était un homme mené par sa brayette. Il aurait dû se marier et s’établir ! Être malheureux, comme nous tous, hein, Warrenne ?
    — Il peut y avoir d’heureux ménages, Sire, protesta le comte, tant qu’on ne partage ni le même lit ni le même toit !
    Le roi eut un petit rire.
    — J’étais sur le point d’autoriser Fitzalan à partir en France, reprit-il. Je me suis toujours demandé pourquoi il désirait s’y rendre et pourquoi mon très cher frère en Jésus-Christ, le roi Philippe, avait spécifiquement demandé sa présence.
    — Était-ce un traître ?
    — Il avait des terres en Gascogne et il me semble que sa mère était française, mais je ne le crois pas. Les félons sont gens passionnés, Corbett, passionnés par une idée ou assoiffés d’or. Fitzalan n’avait pas le temps de se consacrer aux idées et possédait trop d’or. Je pense qu’il savait quelque chose sur la cour de France. Il y retournait pour vendre ce secret.
    Corbett refréna son intérêt.
    — Donc les Français ont peut-être eu recours au meurtre ? Craon traîne toujours des assassins sur ses talons.
    — Pas cette fois, répliqua Édouard. Il semble que Fitzalan se soit effondré et soit mort sur le coup. Un grand désordre s’ensuivit. Sir William est immédiatement retourné au manoir pour s’assurer qu’il n’y avait nul pillage et que le trésor était sauf. Craon l’a suivi peu de temps après. Pour autant que je sache, personne, dans son escorte, ne manquait.
    — Alors, Sire, qui est coupable ?
    Édouard leva les yeux au ciel.
    — Sir William semble bien placé. Il hérite de tout et la mésentente régnait entre les deux frères. Puis, bien sûr, vient notre chère soeur en Jésus-Christ, Lady Madeleine Fitzalan, prieure de St Hawisia, un couvent richement doté de la

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