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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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bons bourgeois étaient-ils tous terrorisés ?
    — On a rappelé au shérif et aux bons bourgeois la puissance du roi, répondit Ranulf. J’ai fait ce que j’avais à faire pour le bien du royaume.
    Il appuya sur la dernière phrase, s’autorisant du droit sans limites donné aux clercs royaux de justifier leurs actes.
    — Qu’en pensez-vous, Hugh ? demanda doucement Édouard.
    — L’Église permet de se défendre. Et attaquer un clerc royal, c’est attaquer le roi.
    — Oui, oui, c’est vrai.
    Le monarque tambourina des doigts sur son ventre.
    — Et, à présent, êtes-vous prêt à faire votre devoir ?
    — Comme d’habitude.
    — Vous avez bien, jadis, rendu les Sceaux, railla Surrey.
    — Que vouliez-vous faire, Corbett, devenir un paysan ?
    — Sire, si je le faisais, je viendrais vous demander tous les conseils dont j’aurais besoin.
    Édouard pouffa de rire.
    — Vous vous ennuyez, n’est-ce pas, Hugh ? Et Lady Maeve va-t-elle bien ?
    — Comme toujours, Sire. Ma fille Aliénor vous rend grâces des cadeaux que votre messager lui a apportés de Windsor.
    Corbett s’agita ; il commençait à s’impatienter.
    — Craon est revenu en Angleterre, annonça le roi.
    — Je l’ai entendu dire, dit Corbett en souriant. Mes espions sur la côte sud m’informent heure par heure de son voyage dans le Sussex, au manoir d’Ashdown chez Lord Henry Fitzalan. J’ai appris que ce dernier avait été choisi pour conduire l’ambassade anglaise en France.
    — Il n’ira pas. Surrey, ici présent, devra se bouger le cul et, pour une fois dans sa vie, faire quelque chose d’utile.
    Warrenne éructa et sourit in petto.
    — Lord Henry Fitzalan, expliqua le roi, a emmené Craon et sa suite, son frère et sa maison à Savernake Dell. Je connais l’endroit : c’est une clairière dans la forêt, un endroit parfait pour acculer le cerf et le viser à loisir.
    Il fit un geste.
    — Vous savez comment ces chasses sont organisées. Les chasseurs attendent, derrière une barrière, d’un côté de la clairière où le gibier est forcé. Il y a eu deux proies, semble-t-il. Mais elles se sont échappées. Lord Henry était furieux. Il était sur le point de tirer à nouveau quand, de sous les arbres d’en face, à une cinquantaine de pieds de là, quelqu’un a lâché une flèche et l’a touché en plein coeur.
    — Un accident de chasse ? s’enquit Corbett sans tenir compte du grognement de mépris de Warrenne.
    — Cela peut se produire, expliqua le souverain d’un ton uni, mais ce n’était point le cas cette fois. Ce n’était pas une flèche de chasse. Elle provenait d’un grand arc et était mince et pointue, faite pour la guerre et pour tuer.
    — Un bon archer ! remarqua Corbett. Une flèche dans le coeur, difficile de faire passer ça pour un incident !
    Le roi se demanda jusqu’où il pouvait se confier à son magistrat ; il était heureux de constater qu’à présent ce dernier s’était redressé, le regard attentif. « Vous êtes un bon limier, pensa-t-il. Je vous lâcherai dans la forêt d’Ashdown et nous verrons bien ce que vous et votre bâtard aux cheveux roux pourrez déterrer. »
    — Lord Henry était un homme étrange, reprit-il.
    Il possédait de vastes domaines dans le Sussex et ailleurs. C’était un soldat, un diplomate et un courtisan. Je l’ai envoyé en mission à Avignon, Rome et Paris.
    Le roi fit une pause.
    — Pourquoi étrange, Sire ? Warrenne est dans la même situation, souligna Corbett sans broncher. Et le comte de Surrey n’a rien d’un homme étrange.
    — Tenez votre langue, Corbett ! l’avertit Warrenne.
    — Lord Henry a toujours été un rebelle, expliqua Édouard. Son père a combattu dans les rangs des félons conduits par Montfort puis a changé de côté, juste à temps. Lord Henry, eh bien, je lui faisais confiance. Il parlait couramment au moins trois langues. Il savait lire et écrire aussi bien qu’un érudit. Il a même été aux collèges de Cambridge.
    — Vous avez bien dit étrange ? insista le magistrat.
    — Les opinions de Lord Henry sur la religion...
    Le roi se tut un instant.
    — ... étaient, comment dire, hum, très originales. Il a voyagé en Palestine. Il a séjourné chez les templiers. Disons qu’il trouvait difficile d’accepter certains enseignements de l’Église.
    — Pratiquait-il la sorcellerie ? demanda Corbett. Il y a des rapports de justice, des rumeurs, des commérages, des

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