L’armée du roi de France
lourde amende, mais il échappe au pire. Le comte de Foix, de son côté, n’a nulle intention de venir à résipiscence. Il aggrave même son cas en s’attaquant frontalement au sénéchal de Toulouse, Eustache deBeaumarchais. Après leur concentration à Tours, au début du mois de mai, les contingents du nord du royaume font leur jonction à Toulouse avec ceux du Midi. Le comte de Foix appelle à son aide le roi d’Aragon,Jacques le Conquérant. Celui-ci parvient à conclure un accord avec Philippe III, maisRoger-Bernard refuse de le ratifier (2 juin). Dès le lendemain, l’armée royale s’installe à Pamiers, d’où des terrassiers sont chargés de rendre praticable la route qui conduit à Foix. Le 5 juin, le comte se décide à faire sa soumission, mais le roi refuse de l’écouter et le fait emprisonner à Carcassonne puis à Beaucaire. Jusqu’à sa libération en 1275, ses terres sont administrées par des agents royaux. Satisfait d’avoir montré sa force,Philippe III quitte Pamiers, non sans avoir fait indemniser les habitants de la ville et de la région des dommages provoqués par le passage de l’armée : en son nom, l’abbé deBelleperche leur distribue plus de 2 000 livres tournois 6 .
L’ost de Sauveterre (1276)
Du point de vue strictement militaire, l’expédition a été presque négligeable : le siège de Foix commence à peine queRoger-Bernard se soumet déjà.Philippe III n’en a pas moins réuni une armée importante qu’il a conduite jusque dans le midi de son royaume, dans les nouveaux territoires désormais réunis à son domaine propre. La convocation des vassaux n’est pas allée sans difficultés : la campagne de 1272 marque la prise de conscience, par le roi et ses conseillers, de l’inadaptation de l’ost féodal aux nouveaux enjeux de la politique capétienne – un constat lourd de conséquences.
Quatre ans plus tard,Philippe III reprend la route du Midi. L’objectif, cette fois, n’est pas de mettre au pas un grand seigneur révolté, mais de passer les Pyrénées et de rétablir l’ordre en Navarre, avant d’envahir la Castille. En 1275, en effet,Philippe III a accepté de prendre en charge le gouvernement du royaume de Navarre. Mort en 1274, le roi de NavarreHenri le Gros était aussi, et avant tout, comte de Champagne et de Brie. De son mariage avec Blanche d’Artois, la cousine dePhilippe III, il ne laisse qu’une fille,Jeanne – la future épouse de Philippe le Bel.Jeanne est l’héritière de la Navarre et de la Champagne, mais ce n’est qu’une enfant. Ni sa mère ni elle ne sont en mesure d’imposer leur volonté aux Navarrais. Blanche d’Artois n’a d’autre possibilité que de se réfugier chez son cousin, le roi de France, et de lui confier le gouvernement de la Navarre (mai 1275).Philippe III charge alors Eustache deBeaumarchais, toujours sénéchal de Toulouse, de le représenter à Pampelune, avec le titre de gouverneur de Navarre. L’arrivée d’un officier français gêne les deux puissances voisines de la Navarre, la Castille et l’Aragon, qui toutes deux espèrent mettre la main sur un royaume privé de sa tête. Le roi d’Aragon, de plus, peut s’inquiéter des ambitions françaises, alors que tout le Midi, autrefois la zone d’influence de ses ancêtres, est déjà passé sous l’autorité des Capétiens.
Dans les premiers mois de 1276, plusieurs barons navarrais et une partie des habitants de Pampelune se soulèvent contre Eustache deBeaumarchais.Philippe III est contraint d’intervenir, d’autant plus que la dégradation de la situation en Navarre n’est pas seule en cause. Dans le royaume voisin de Castille, une autre intrigue s’est nouée. Saint Louis avait marié une de ses filles, Blanche (qu’on appelleBlanche de France pour la distinguer de sa cousine Blanche d’Artois), avec le fils aîné du roi de Castille, Fernando deLa Cerda. En juillet 1275, Fernando meurt. Son père, le roi de CastilleAlphonse X, désigne alors son fils cadet,Sanche, comme l’héritier de la couronne, au détriment de ses deux petits-fils, nés de Fernando et de Blanche de France. Au nom de ses neveux,Philippe III proteste vainement. Sur le refus d’Alphonse X de les laisser partir pour la France avec leur mère, le roi de France n’a plus le choix : il lui faut se préparer à la guerre, d’autant plus qu’en Navarre le roi de Castille pousse ses partisans à la révolte contre le représentant
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