L’armée du roi de France
Bel charge de prendre la direction des opérations (avril 1296). Le 2 février 1297, l’armée anglo-gasconne est surprise et défaite près de Bonnegarde. Jusqu’à la conclusion définitive de la paix, en mai 1303, une grande partie de l’Aquitaine est occupée par des garnisons françaises, les Anglais ne tenant plus que Bayonne, Blaye et Bourg. Rien ne dit, pourtant, que Philippele Bel ait souhaité l’intégration du duché au domaine. Son occupation, à ses yeux, n’est que provisoire : la manifestation de sa souveraineté 12 .
L’occupation de la Flandre (1297-1300) 13
Philippele Bel n’en reste pas là. Son nouvel ennemi estGui de Dampierre, le comte de Flandre. Gui est un client du roi de France : il doit son titre à SaintLouis et il s’est toujours montré un vassal exemplaire. Mais la Flandre est à part. Le comté est à cheval sur le royaume, où se trouve sa plus grande partie, et sur l’Empire, à l’est de l’Escaut :Gui de Dampierre est donc un vassal du roi, mais il est aussi un prince d’Empire. La Flandre, par ailleurs, regarde vers l’Angleterre qui lui fournit la laine dont ses artisans ont besoin pour tisser les draps que de riches marchands exportent ensuite dans toute l’Europe. Contrairement au reste du royaume, encore massivement rural, la Flandre est une région urbaine. Gand, Bruges, Lille comptent plusieurs dizaines de milliers d’habitants. Puissantes et riches, les villes aspirent à se gouverner par elles-mêmes, sans intrusion du comte.Gui de Dampierre est pourtant fréquemment amené à intervenir dans les affrontements qui opposent, selon des modalités propres à chaque ville, le patriciat, formé des familles les plus anciennes, les plus enracinées, au « commun », c’est-à-dire surtout la masse des artisans. Par tradition, les patriciens se considèrent comme les seuls habilités à gouverner la ville, mais le « commun » rechigne à payer les taxes dont il n’a décidé ni le taux ni l’emploi. Selon les circonstances, le comte penche en faveur d’un camp ou de l’autre. C’est un jeu dangereux, d’autant plus que les deux parties n’hésitent pas à recourir au roi de France. Or, contrairement à ses prédécesseurs, qui conservaient une certaine neutralité, Philippele Bel s’immisce volontiers dans les affaires du comté. Par ailleurs, en raison des liens commerciaux qui unissent la Flandre à l’Angleterre,Gui de Dampierre est lié àÉdouard I er , suffisamment pour que Philippele Bel puisse douter de sa loyauté, ou en tout cas l’affirmer. Au terme de trois années de tension, marquées de plusieurs revirements,Gui de Dampierre finit par conclure une alliance en bonne et due forme avec le roi d’Angleterre (janvier 1297). Philippele Bel confisque aussitôt son comté. En juin 1297, l’armée royale envahit la Flandre. Les Flamands sont vaincus à Furnes, le 20 août, par le comte d’Artois revenu d’Aquitaine. Quelques jours plus tard, le roi d’AngleterreÉdouard I er débarque en Flandre avec une petite armée. Son intervention se révèle un échec complet. La trêve de Vyve-Saint-Bavon, conclue le 9 octobre, laisse la moitié du comté de Flandre aux mains duroi de France.
Les hostilités ne sont d’ailleurs que suspendues. Dans les premiers jours de janvier 1300, à l’expiration de la trêve qui dure depuis deux ans et demi, Charles deValois achève l’occupation de la Flandre. De petites garnisons s’établissent dans les villes et les places fortes. Un gouverneur administre le comté au nom du roi. C’est d’abord, de 1297 à 1300, Raoul deClermont, le connétable de France, puis, de 1300 à 1302, Jacques deChâtillon, oncle de lareine. Dans un premier temps,Gui de Dampierre n’est guère regretté. Mais, à partir de l’été 1301, l’agitation gagne les deux principales villes du comté, Gand et surtout Bruges. Il n’est pas encore question d’un sursaut « national » contre l’occupation française. La Flandre, en effet, fait depuis toujours partie du royaume, les Flamands ont pris l’habitude de porter au Parlement, à Paris, leurs appels contre les décisions du comte, et ils ne sont pas les seuls, dans le vaste royaume de France, à ne pas parler la langue du roi. Ce sont avant tout des questions fiscales, internes aux villes, qui provoquent les premiers troubles. Des émeutes éclatent à Bruges quand il s’agit de répartir les taxes nécessaires au paiement des dépenses
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