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Le Brasier de Justice

Le Brasier de Justice

Titel: Le Brasier de Justice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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Guy de Trais était monté en grade depuis qu’il était devenu riche. Hardouin sourit. Il avait été certain que la belle demeure autour de laquelle s’affairaient tant d’artisans appartenait au premier lieutenant du bailli de Nogent, celui qui avait pendu un trucheur. Par erreur, prétendait-on.
    On fit silence tant l’argent miraculeux encourageait aux rêves les plus fous.
    — Oh, j’m’as collé la langue au palais d’surprise. Pensez ! Un mien oncle, que j’croyais dans l’besoin au point que j’lui faisais porter des paniers d’vivres… v’là t’y pas qu’y trépasse et qu’on s’rend compte qu’il était riche comme un évêque… vot’ pardon ! J’étais son seul descendant vif. V’là l’histoire. Allez, j’offre la tournée à la bonne compagnie !
    Un brouhaha de remerciements salua cette saine et généreuse décision.
    Hardouin accepta de bonne grâce le cruchon gratuit que maître Merle posa devant lui. Il n’en dégusta qu’un verre, surveillant le premier lieutenant du coin de l’œil, prétendant s’esclaffer des boutades qui ricochaient dans la salle. Solide carcasse, l’animal de lieutenant, puisqu’il engloutit trois cruchons en moins d’une heure. Il se leva enfin, jetant à la cantonade d’une voix pâteuse :
    — La bonne nuit, la compagnie ! J’m’en vas r’joindre ma couche, confit dans l’bon vin d’maîtresse Merlette. Bah, ça conserve !
    Tous y allèrent d’un bon rire et de quelques applaudissements. Après tout, il ne regardait pas à la dépense.

    Hardouin s’attarda quelques minutes et sortit à son tour, sans qu’aucun des clients déjà bien imbibés ne le remarque.
    Il leva le visage vers le ciel et ferma les paupières de bonheur devant le semis d’étoiles qui ponctuaient la nuit d’un noir d’encre. La lune croissante irradiait, aura jaune et confidentielle, comme si elle ne souhaitait s’adresser qu’à lui.
    Il remonta la rue à pas lents, en direction de la demeure fantôme.
    Lorsqu’il parvint devant le volet qu’il avait juste rabattu peu avant, une odeur forte et âcre d’urine lui parvint. Maurice Desprès avait dû soulager sa vessie pleine avant de pénétrer. Une bonne chose.
    Hardouin contourna la maison afin que nul ne l’aperçoive, patientant. La cuirée 1 s’annonçait. Le mot, si juste, le fit pouffer. Il déposa l’esconce à ses pieds.
    Un puissant ronflement d’ivrogne le rassura lorsqu’il entrouvrit les battants de volets. Aussi silencieux qu’un chat, il se glissa à nouveau à l’intérieur de la pièce, attendant quelques instants que ses rétines s’adaptent à la pénombre, seulement trouée par la lueur chancelante d’une petite lampe à huile qui permettait de rallumer le feu au matin.
    Bras en croix, bouche ouverte, Maurice Desprès gisait sur le matelas. Il n’avait ôté que son caleçon et Hardouin contempla ses mollets maigrelets pour un homme de sa corpulence et couverts de longs poils raides.
    Hardouin n’hésita que quelques instants. Desprès était moins grand mais bien plus lourd que lui et il éprouverait des difficultés à le traîner. Inutile d’accroître sa tâche.
    Il récupéra le caleçon de l’homme abandonné au sol et l’enroula d’un geste rapide autour de sa gorge, en garrot. Les paupières du premier lieutenant papillotèrent avant de s’ouvrir tout à fait.
    Il tenta de se redresser d’un coup de reins, mais le genou de l’exécuteur appuya avec violence sur son sternum pendant qu’il tirait d’un geste sec sur la ligature improvisée. Un râle.
    — Chut, l’ami, je ne te veux point de mal. Juste ton argent que tu étales dans les tavernes et que tu peux bien partager avec un pauvre vaurien tel que moi, mentit Hardouin. Malheureusement, la petite visite que je me suis offerte céans ne m’a rien permis de trouver, si ce n’est une lourde porte bien close que tu vas te faire un plaisir de m’ouvrir afin que je voie ce que tu dissimules avec tant de soin.
    — Va t’faire… gargouilla le lieutenant, immédiatement interrompu par une nouvelle tension sur le caleçon qui l’étranglait et le bâillonnait à moitié.
    — Oh non… pas de vilains mots entre nous, minauda Hardouin en appliquant la pointe de sa dague contre le lourd menton de l’homme. Allons, sois aimable et lève-toi. Ah, ah, mais que vois-je pendu autour de ton cou ? Une médaille pieuse ?
    Le mince triangle de métal mortel de la lame descendit et souleva le lacet de

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