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Le Brasier de Justice

Le Brasier de Justice

Titel: Le Brasier de Justice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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d’air tiède contre sa nuque. Marie. Marie de Salvin se trouvait ici, avec lui. Il tourna vivement la tête, espérant apercevoir le contour de son fantôme 2 .
    — La fin est proche, madame. Car vous me menâtes céans, j’en suis certain. Pour lui ? Pour ces enfants martyrisés ? Pour autre chose ?
    L’épais silence de la nuit accueillit son murmure presque suppliant.

    Il demeura là, perdu, son regard s’attachant à percer les ombres de la pièce, cherchant à y discerner celle de Marie de Salvin. Une zone un peu plus claire se découpait sur le mur du fond de la pièce et l’alerta. Il s’en approcha. Quel étrange, étroit et haut placage de lambris. Il l’étudia à l’aide de son esconce et découvrit une encoche à hauteur de taille d’homme. Il faufila le bout de ses doigts et tira ce qui se révéla être une sorte de mince porte.
    Une volée de marches de pierre plongeait vers un gouffre obscur. Il huma l’air qui en provenait : frais mais sec. Il descendit avec précaution en comptant : cinq marches, si nettes et dépourvues de poussière ou de moisissures qu’elles devaient être empruntées régulièrement. Une ombre sur le mur : un flambeau de résineux. Une lourde porte de bois renforcée de traverses d’acier arrêta sa descente.
    Une porte défendue par une complexe serrure digne d’un coffre-fort de notaire. Hardouin comprit où elle menait : vers une de ces longues caves troglodytes creusées par les habitants lors de la construction du château Saint-Jean, dans l’espoir de s’abriter entre les hauts murs fiers de la forteresse en cas d’attaque ennemie. Mais le château était érigé sur une butte si haute, la pente était si raide et les différents seigneurs de Nogent si inquiets à la perspective que ces boyaux creusés dans la roche puissent conduire vers eux des envahisseurs que leur continuation avait été interdite et que les plus avancés avaient été murés.
    Robuste serrure pour quelques bouteilles de vin, songea cadet-Venelle avant de quitter la demeure telle une ombre.
    1 - À l’origine, il s’agissait d’un tissu grossier de laine mélangée. Aujourd’hui : étoffe brochée de laine et coton, ou coton et soie.

    2 - Les fantômes « existent » depuis la plus haute Antiquité. Le Moyen Âge regorgeait d’histoires les mettant en scène, voire de récits où ils venaient visiter les rêves.

XLIII
    Nogent-le-Rotrou, novembre 1305
    I l visita des auberges qui semaient le quartier, entrant, ressortant, se laissant mener sans résister, sans décider. Il se faisait l’effet d’un petit enfant qu’une mère pressée traîne par la main, répondant par « oui-oui » à la sempiternelle question « où on va ? ».
    La vigoureuse ambiance qui régnait au Merle Babilleur l’encouragea à s’installer à une table. On y parlait fort et des plaisanteries s’échangeaient de part en part. Pourtant, nulle obscénité ne volait et des femmes, sans doute petites commerçantes ou épouses d’artisans, semblaient s’y sentir en aise. Pas d’échauffeuses, ni d’ivrognes fiers-à-bras en vue. On n’y devisait certes pas poésies ou romans courtois, mais l’atmosphère était plaisante et plutôt bon enfant, quoique bruyante.

    Maître Merle et maîtresse Merlette officiaient avec célérité et bonhomie, passant de table en table, remplissant les cruchons, apportant des plats de rissoles, de beignets à la mouelle ou de mistembecs.
    Un client, bien mis mais qui semblait aussi à l’aise dans ses beaux atours qu’une vache en tablier, semblait tout particulièrement mériter leur attention et leur respect. Hardouin, qui le voyait de profil, le détailla. Il s’agissait d’un homme d’à peine quarante ans, robuste, assez long de torse et plutôt court des membres du bas, d’après ce qu’il pouvait en juger. Son visage lourd, rougeaud de peau, au nez proéminent, au front un peu fuyant, était couronné d’une masse de cheveux châtain foncé. Hardouin suivit la ligne de son cou de taureau qui semblait posé d’un bloc sur des épaules musculeuses. Une force de la nature, à n’en point douter.
    Maîtresse Merlette, à qui son bon sens commerçant commandait de maintenir humeur joyeuse parmi ses familiers, le supplia en riant :
    — Oh, messire Desprès, de grâce, contez-nous à nouveau cet héritage qui vous tombe du ciel, pour vous récompenser justement de toutes vos bontés dans notre ville.
    Messire ? Fichtre ! L’homme de

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