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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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quelques pas. Droit en direction du bruit. En avoir le cœur net. Se souvenant du signal que s'adressaient les malandrins qu'il avait côtoyés, il siffla. Deux coups stridents. Puis un autre, reproduisant le cri d'une linotte, suivi de trois autres encore, saccadés. S'il s'agissait d'eux, il était sauvé. Dans le cas contraire… Il attendit, aux abois. Deux trilles lui répondirent. Il baissa sa garde. L'instant d'après, un gourdin sur l'épaule, son ancien camarade de jeu de Sassenage, le bandit Villon, sortait de l'ombre des rochers, à moins d'une toise. Refusant d'exposer les siens, Mathieu alla au-devant des six silhouettes qui se découpaient à présent sous le manteau des étoiles. Certain d'avoir été reconnu.
    — Quelques minutes de plus et on fondait sur toi, le sermonna une rouquine délurée aux allures garçonnes en lui ouvrant les bras.
    Il s'y laissa étreindre avec chaleur.
     — Heureux de te revoir Celma… Tadam… Grogniar… Briseur… La Malice… les salua-t-il tour à tour en passant d'accolade en bras.
    Il s'attarda dans ceux massifs et noueux de Villon.
    — Content de te revoir, mon frère, lui servit le bandit.
    Mathieu s'écarta, accusa un pas en arrière pour mieux se gorger à travers eux de ce quotidien qui l'avait obsédé ces mois derniers. Celui des chemins froids, des embuscades à fleur de rosée, des fuites éperdues, du sang répandu. Les sourires écornés étaient restés les mêmes qu'en son souvenir. Les surnoms de ces hommes et femmes rendus à la sauvagerie des montagnes chantaient dans son cœur la complainte solitaire de son âme blessée. Près d'eux il avait recouvré son souffle, quand il était coupé par la douleur d'avoir perdu Algonde. Réchauffé au feu de leurs camps, il s'était laissé cajoler par les mains expertes de Celma, épuisé de chair et de meurtre pour en goûter l'ivresse et se guérir de l'envie de vengeance. Il aurait pu s'y perdre. Rester l'un d'eux. C'est le rire des orphelins se pourchassant comme leur père avant eux, une arme de bois à la main, qui lui avait rappelé la potence. Et le goût fariné du bon pain qu'il n'enfournait plus.
    — C'est ta carriole en bas ? demanda Briseur.
    Un colosse qui avait acquis ce vocable en décalottant le crâne de ses victimes d'un seul coup de masse.
    Mathieu hocha la tête.
    — L'essieu brisé. Une de tes ornières, je présume ?
    La Malice vers lequel il s'était tourné éclata de rire.
    — Joli travail non ?
    — J'en conviens, puisque me voilà.
    — Seul ou avec des soldats ?
    Le regard durci par cette éventualité, Villon attendait une réponse.
    — Baisse ta garde. Je n'ai qu'une parole et je te l'ai donnée.
    Ils se relâchèrent. Tonique dans ses vêtements d'homme, Celma lui entoura le cou de ses bras.
    — Ainsi donc je te manquais, mon joli cœur ?
    — Ce fut longtemps le cas.
    Elle fouilla son regard à la faveur de la clarté lunaire avant de s'écarter, un sourire de dépit aux lèvres.
    — Tu ne nous reviens pas, n'est-ce pas ?
    Tous braquèrent leurs yeux sur lui, certains déjà qu'il ne tiendrait pas sa promesse de grossir leurs rangs. Mathieu planta son regard émeraude dans ceux, déçus, de Villon.
    — Je rentre de la Bâtie avec dame Gersende et maître Janisse.
    L'évocation du lieu, attaché à la potence, les fit frémir.
    — Le baron Jacques ? s'enquit Grogniar qui passait pour le plus rancunier de la bande.
    Le panetier secoua la tête. Comment lui expliquer, à lui qu'il avait tant assuré de sa vengeance, une cruche de vin à la main, des nuits durant ?
    — Algonde m'a donné une petiote. Elles dorment toutes deux à l'ombre des rochers.
    Celma accusa le coup. Grogniar dodelina de la tête. Villon secoua la sienne. Pour eux il était perdu.
    — Tu l'as mariée ? demanda La Malice, pragmatique.
    — Sois pas bête. Bien sûr qu'il est épousé ! et qu'il meurt de trouille dans ses braies à l'idée qu'on les embroche ! Pas vrai, Mathieu, que tu te pisses aux brailles ? se moqua aigrement Tadam resté jusque-là silencieux.
    Eux aussi se connaissaient depuis le berceau. Leurs mères étaient cousines. Ils les avaient perdues en même temps à l'âge de cinq ans. Tadam avait eu moins de chance que lui. Son père charretier était tombé en embuscade. Tadam avait été emmené et élevé au campement. Il avait tout oublié dans le sang, y compris son prénom de baptême, pour ne garder que le souvenir des jupons de sa mère

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