LE CHÂTEAU DANGEREUX
et la réponse des chevaliers anglais fut faite en ces termes.
« À Dieu ne plaise que les droits et les priviléges des chevaliers anglais et la beauté de leurs damoiselles ne soient pas soutenus par les enfans de l’Angleterre, ou que ceux des chevaliers anglais qui sont ici rassemblés montrent la moindre hésitation à accepter cette offre de combat, fondée soit sur la beauté supérieure de leurs dames, soit sur les causes de dispute qui existent entre les deux nations, pour l’un ou l’autre desquels motifs, ou pour tous les deux, les chevaliers d’Angleterre ici présens sont prêts à combattre aux termes du susdit cartel ; tant que leurs épées et leurs lances le leur permettront, sauf et excepté, pourtant, la reddition du château de Douglas, qui ne peut être rendu qu’au roi d’Angleterre, ou à ceux agissant par son ordre. »
CHAPITRE XX ET DERNIER.
La Reddition du Château.
Poussez le terrible cri de guerre ; que les champions partent, et que chacun fasse bravement son devoir, et Dieu défendra la bonne cause… Saint André ! Ils pouvaient pousser trois fois ce cri, et le poussaient de toutes leurs forces ; puis ils marchèrent contre les Anglais, comme je vous l’ai bien dit. Nos Anglais leur répondirent en criant Saint George, le brave chevalier de nos dames ! Ils criaient ainsi de toutes leurs forces en répétant trois fois ce cri.
Vieille Ballade.
La crise extraordinaire mentionnée dans le chapitre précédent fut cause, comme on peut bien le supposer, que les chefs des deux partis renoncèrent alors à toute dissimulation, et déployèrent toutes leurs forces en rangeant en bataille leurs partisans respectifs. On vit alors le célèbre chevalier de Douglas tenir conseil avec sir Malcolm Fleming et d’autres illustres cavaliers.
Sir John de Walton, dont l’attention avait été éveillée par la première fanfare de trompette, tandis qu’il cherchait avec inquiétude à assurer une retraite à lady Augusta, s’occupa aussitôt du soin de rassembler ses hommes, soin dans lequel il fut secondé par l’active amitié du chevalier de Valence.
Lady de Berkely ne se montra nullement intimidée de ces préparatifs de combat. Elle s’avança suivie de près par le fidèle Bertram, et une femme en costume de cavalier, dont la figure, quoique soigneusement cachée, n’était autre que celle de l’infortunée Marguerite de Hautlieu, dont les pires craintes s’étaient réalisées quant à l’infidélité du chevalier son amant.
Suivirent quelques instans de silence, qu’aucune des personnes présentes n’osait prendre sur elle de rompre.
Enfin le chevalier de Douglas s’avança, et dit à haute voix :
« Je désirerais savoir si sir John de Walton attend la permission de James de Douglas pour évacuer son château, sans perdre davantage une journée que nous pourrions employer à combattre, et s’il lui faut le consentement et la protection de Douglas pour le faire ? »
Le chevalier de Walton tira son épée : « Je tiens le château de Douglas, dit-il, et je le défendrai contre l’univers entier… Jamais d’ailleurs je ne demanderai à personne ce que je puis m’assurer par ma seule épée. »
« Je suis des vôtres, sir John, dit Aymer de Valence, et je vous soutiendrai en bon camarade contre quiconque peut nous chercher querelle. »
« Courage, noble Anglais ! dit la voix de Feuille-Verte, prenez vos armes au nom de Dieu. Arcs et bills ! arcs et bills ! Un messager nous apporte la nouvelle que Pembroke est en marche venant des frontières d’Ayrshire, et qu’il nous aura rejoints avant une demi-heure. Au combat, vaillans Anglais ! Valence à la rescousse ! et vive le brave comte de Pembroke !
Les Anglais qui se trouvaient dans l’église et à l’entour ne tardèrent pas un instant à prendre les armes, et de Walton criant de toutes ses forces : « Je conjure Douglas de songer à la sûreté des dames ! » Il se fraya un passage vers la porte de l’église, les Écossais se trouvant incapables de résister à l’impression de terreur qui s’empara d’eux à la vue de cet illustre chevalier, secondé par son frère d’armes, qui tous deux avaient été si long-temps la terreur du pays. Cependant il se pouvait que de Walton eût réussi à sortir tout-à-fait de l’église s’il n’eût été courageusement arrêté par le jeune fils de Thomas Dikson d’Hazelside, tandis que son père recevait de Douglas l’ordre
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