Le clan de l'ours des cavernes
la chair et le squelette et obtenir ainsi une sorte de sac. La tête, retenue à la nuque par une bande de peau, servait de rabat, et une cordelette teinte en rouge, confectionnée avec un tendon, était passée dans des trous percés autour du cou et nouée à la lanière ceinturant sa taille.
quand elle découvrit la créature que les hommes avaient négligée, elle fut d'abord intriguée par ce qu'elle prit pour un animal sans fourrure. Mais, s'approchant un peu plus, elle tressaillit et recula vivement en portant instinctivement la main à la petite bourse de cuir suspendue à son cou pour éloigner les mauvais esprits. Elle palpa les menus objets à l'intérieur de son amulette en invoquant leur protection, puis se pencha de nouveau, hésitant à se rapprocher et doutant manifestement de la réalité qu'elle avait sous les yeux.
Pourtant elle ne rêvait pas. Ce n'était pas un animal qui avait attiré les rapaces, mais une enfant, une enfant décharnée et des plus étranges ! La femme jeta un regard autour d'elle, s'attendant à voir surgir d'autres monstruosités, et elle s'apprêtait à passer son chemin quand elle perçut un gémissement. Oubliant ses craintes, elle s'agenouilla auprès de la petite fille et la secoua doucement. Puis, comme elle tournait l'enfant sur le côté, elle vit les sillons purulents laissés par les griffes et délia la cordelette du sac en peau de loutre.
L'homme qui marchait en tête jeta un coup d'oeil derrière lui et, voyant la femme agenouillée auprès de l'enfant, il revint sur ses pas.
- Iza ! Viens ! lui ordonna-t-il. Il y a des traces de lions des cavernes par ici !
- C'est une enfant, Brun. Elle n'est pas morte, seulement blessée, répondit-elle.
Brun considéra la frêle petite fille au front haut, au nez fin et au visage remarquablement plat.
- Pas du Clan, rétorqua le chef d'un geste sans réplique, et il se détourna.
- Bruri c'est une enfant. Elle est blessée. Elle mourra si nous la laissons là.
Iza s'exprimait par gestes en l'implorant du regard.
Le chef du clan baissa les yeux vers la femme. D'une taille approchant le mètre soixante-dix, il était puissamment musclé, avec un torse large et de fortes jambes arquées. Il présentait des traits semblables à la femme mais plus accentués ; les arcades sourcilières saillaient davantage, le nez était plus busqué. Les jambes, le ventre, le torse et les épaules étaient recouverts d'un poil dru et brun évoquant singulièrement la fourrure des animaux. Une barbe broussailleuse dissimulait sa m‚choire proéminente et l'absence de menton. Son vêtement de peau de bête, plus court que celui de la femme, était noué différemment et comportait moins de poches et de replis.
Il n'avait pour tout fardeau que ses armes et sa couverture de fourrure qu'il portait sur le dos, retenue par une large bande de cuir ceignant son front fuyant. Une cicatrice, sombre comme un tatouage ayant grossièrement la forme d'un U, se détachait sur sa cuisse droite, le symbole de son totem, le bison. Aucun signe ni ornement ne lui était nécessaire pour indiquer son rang. Seuls son maintien et le respect dont il faisait l'objet désignaient le chef en lui.
Il posa sur le sol le long tibia de cheval qu'il portait sur son épaule et qui lui servait de massue, et le cala contre sa cuisse. Iza comprit alors qu'il prenait en considération se requête. Dissimulant son émotion, elle attendit tranquillement, lui laissant tout le loisir de réfléchir. Il mit par terre son lourd épieu de bois qu'il appuya contre son épaule, la pointe aiguisée, durcie au feu, dirigée vers le haut, et disposa les bolas ' qu'il portait autour du cou ainsi que son amulette de façon à mieux répartir le poids des trois boules de pierre. Enfin il dégagea de la lanière ceinturant sa taille sa fronde en peau de daim et, l'air songeur, en lissa le cuir entre ses mains.
Brun répugnait à prendre une décision h‚tive lorsqu'un événement imprévu survenait dans son clan, et il devait redoubler de circonspection depuis qu'ils avaient perdu leur abri. Aussi résista-t-il à un premier mouvement de refus. J'aurais d˚ prévoir qu'lza voudrait porter secours 1. Arme formée de plusieurs balles de pierre ou d'ivoire réunies par des cordelettes. On lance les bolas comme un lasso en faisant tourbillonner les boules au-dessus de la tête puis en les projetant sur la cible. (NA.T).
à cette créature, pensa-t-il. Ne lui est-il pas arrivé d'exercer
Weitere Kostenlose Bücher