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Le clan de l'ours des cavernes

Le clan de l'ours des cavernes

Titel: Le clan de l'ours des cavernes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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dans l'eau des marais.
    Sans l'errance à laquelle le clan se voyait contraint, les femmes se seraient fait un devoir de repérer le lieu o˘ poussaient ces plantes, afin d'y retourner plus tard, à la floraison, et d'y cueillir les pousses tendres. Plus tard, elles auraient confectionné des galettes en mélangeant le pollen jaune à la fécule obtenue à partir de vieilles racines. Une fois les sommités des plantes séchées, elles en auraient recueilli la bourre et auraient fabriqué des paniers avec les feuilles les plus dures et les tiges. Pour l'instant, elles ramassaient ce qu'elles pouvaient, ne laissant presque rien leur échapper : les jeunes pousses et les feuilles tendres du trèfle, la luzerne, le pissenlit, les chardons, débarrassés de leurs épines avant d'être cuits, et les baies et les fruits précoces qui se présentaient. Les b‚tons à fouir épointés ne restaient jamais inactifs ; les mains habiles des femmes en faisaient de redoutables outils. Elles les utilisaient comme leviers pour retourner les souches d'arbres sous lesquelles nichaient les tritons et les gros vers dont le clan se délectait ou encore pour pousser vers le rivage les mollusques des rivières et les pêcher plus facilement, enfin pour extraire du sol une grande variété de bulbes, de tubercules et de racines.

    Toutes ces choses trouvaient place dans les replis de leurs vêtements ou dans un recoin de leur panier. Les grandes feuilles vertes servaient d'emballage, mais certaines, comme la bardane, étaient cuites et consommées comme des légumes verts. Elles ramassaient également du bois mort et des brindilles ainsi que les bouses sèches des herbivores. C'était en plein été
    que la variété des aliments était la plus grande, mais déjà la nourriture ne manquait pas à qui savait s'y prendre.
    Iza leva les yeux vers le vieil homme, la trentaine passée, qui se portait à sa hauteur en boitant, après que le clan se fut remis en marche. Il n'avait ni fardeau ni arme, rien qu'un grand b‚ton pour s'aider à marcher.
    Sa jambe droite était paralysée et plus courte que la gauche mais il parvenait cependant à se mouvoir avec une surprenante agilité.
    Son épaule droite et le haut du bras, amputé au niveau du coude, étaient atrophiés. Le côté gauche de son corps, parfaitement développé et musclé, lui donnait l'air bancal. Son énorme cr‚ne, bien plus volumineux que chez les autres membres du clan, et l'accouchement difficile qui en avait résulté, étaient responsables des malformations qui l'avaient handicapé
    pour la vie.
    Frère aîné d'lza et de Brun, il aurait été le chef du clan sans son infirmité. Il portait le même vêtement de peau que les autres hommes, et, sur le dos, une chaude fourrure qui lui servait également de couverture.
    Mais plusieurs sacoches pendaient à sa ceinture et, sur son épaule, une cape de peau comme en avaient les femmes contenait un objet volumineux.
    De hideuses cicatrices marquaient le côté gauche de son visage qui était borgne mais son oeil droit brillait d'intelligence et d'une étrange acuité.
    Malgré sa claudication, il se déplaçait avec une tranquille assurance qui témoignait de sa grande sagesse et de la conscience de son importance dans le clan. Il était Mog-ur, le sorcier le plus puissant, le plus redouté et le plus vénéré de tous les clans. Convaincu que son infirmité physique le destinait au rôle de médiateur avec le monde des esprits plutôt qu'à celui de chef de clan, il possédait de fait dans maints domaines plus de pouvoir que tout autre chef, et il en avait parfaitement conscience. Seuls ses proches l'appelaient encore par le nom qui lui avait été donné à sa naissance.
    - Creb, dit Iza en accueillant sa présence à ses côtés avec un geste qui témoignait du contentement qu'elle en ressentait.
    -- Iza ? demanda-t-il en désignant l'enfant.
    Elle ouvrit le pan de son manteau de peau, et Creb se pencha sur le petit visage fiévreux. Son ceil se porta sur la jambe enflée et les blessures purulentes, puis sur la guérisseuse dont il comprit le regard. La fillette gémit, et l'expression de Creb s'adoucit. Il hocha la tête en signe d'approbation.
    - Bien, dit-il. (Le mot avait une sonorité rude et gutturale). Nous avons perdu assez des nôtres, signifia-t-il d'un geste de la main.
    Creb demeura auprès d'lza. Il n'était pas tenu de se conformer aux règles régissant le rang et le statut de chacun ; il pouvait marcher aux

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