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le collier sacré de Montézuma

le collier sacré de Montézuma

Titel: le collier sacré de Montézuma Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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réaliser l’exploit qu’il s’apprêtait à lui demander !
    En dépit de son habituel empire sur lui-même, sa déception dut transparaître sur sa figure car, en reprenant sa place, Meisel dit :
    — L’accident qui m’a privé de ce bras est relativement récent. Le baron Louis n’est pas au courant…
    — Que vous est-il arrivé ?
    — Une affaire stupide, il y a six mois… Sur les quais, une voiture de livraison m’est passée dessus : il a fallu m’amputer mais j’espère pouvoir porter, bientôt, une prothèse… Vous êtes très désappointé, n’est-ce pas ?
    — Je suis surtout désolé, comme le sera le baron, qu’un sort malheureux vous ait infligé cette épreuve !
    — Oh, il y a pire ! Je ne suis plus jeune et ma femme, mes enfants ne savent que faire pour m’aider… Voulez-vous un peu de genièvre dans votre café ? Quelque chose me dit que vous en avez besoin ?
    Devant la petite flamme d’humour qui pétillait dans les yeux du lapidaire, Aldo ne put s’empêcher de rire :
    — Vous lisez en moi comme dans un livre ! Ce sera avec plaisir…
    Le café était bon et l’alcool ajouta à son parfum. Ils en burent deux tasses puis Meisel reprit :
    — Votre cas n’est peut-être pas désespéré ! Dites-moi ce qui vous amène ?
    — Ainsi que vous le savez, j’ai eu en main certaines des pierres que vous avez copiées si magistralement. À commencer par l’Étoile bleue, le saphir wisigoth qui a jadis coûté la vie à ma mère, et, sur le conseil de Rothschild, je voulais vous demander de réaliser pour moi cinq émeraudes bien particulières que je croyais disparues depuis le XVI e siècle et qui viennent de reparaître de la façon la plus désastreuse qui soit…
    — Lesquelles ?
    Morosini ouvrit sa serviette, en tira le livre dont la vue fit sourire Meisel :
    — Ah ! Le Harper ! Je l’ai aussi ! Simon Aronov m’en avait trouvé un exemplaire…
    — Encore un de ses exploits ! Selon moi, il ne doit en rester que cinq ou six au monde !
    — Mais de quoi n’était-il pas capable ? Une sorte de génie l’habitait. Et puis il a disparu un jour sans que je puisse réussir à savoir ce qui lui était arrivé…
    — Moi, je peux vous le dire puisque c’est moi qui ai mis fin à ses souffrances…
    Et en quelques phrases simples Aldo raconta ce qu’avaient été les derniers moments du Boiteux de Varsovie, à la suite de quoi tous deux gardèrent un silence plein de respect.
    — Ainsi, conclut Meisel avec tristesse, me voilà désormais assuré de ne plus le revoir. Je le redoutais mais je gardais espoir.
    — Je suis navré de vous avoir ôté cette illusion parce que je sais combien cela peut être apaisant…
    — La vérité est toujours préférable… (Puis, revenant au livre ouvert par Morosini à la bonne page :) Avant l’accident, il m’aurait plu de tenter la réalisation de ce travail… mais maintenant… ajouta-t-il avec un regard sur sa manche.
    Aldo cependant se refusait à renoncer :
    — N’y a-t-il personne à qui vous ayez pu transmettre votre savoir ? Vous avez des enfants ! Des fils peut-être ?
    — J’en ai un, effectivement, mais les pierres ne l’intéressent pas. Il a choisi de servir le Seigneur et je ne peux que m’en réjouir. C’est une bénédiction pour une famille…
    Il n’empêchait que l’ombre d’un regret perçait dans sa voix et son visiteur ne voulut pas y ajouter en évoquant la possibilité d’un élève. On le lui aurait déjà conseillé. Il referma le livre, le remit dans sa serviette et se leva :
    — Vous avez raison : c’en est une et moi, j’emporte au moins le plaisir de vous avoir rencontré et d’avoir pu parler de Simon Aronov : vous êtes le seul avec mon ami Adalbert et le baron Louis avec qui ce soit possible !
    — Voulez-vous attendre encore un instant ? Je serais trop désolé que vous ayez fait ce long voyage pour rien…
    Il se dirigea vers une bancelle médiévale en ébène égayée de coussins jaunes qu’il ôta, en souleva le siège, découvrant ainsi un coffre-fort dont il fit jouer la combinaison, y prit quelque chose qu’il mit dans sa poche, referma et revint à sa table sur laquelle il déposa deux grosses émeraudes d’un vert chatoyant. Leur grosseur équivalait à peu près à celles qu’Aldo recherchait…
    — Vous voyez ? dit-il. Avant de devenir infirme, j’avais formé le projet de refaire les pierres de Montezuma et j’en avais

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