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Le Condottière

Le Condottière

Titel: Le Condottière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Morandi. Mais cela, elle le savait, n'est-ce pas? Il avait souhaité qu'il n'y eût que deux journalistes, deux amies, l'une représentant la presse écrite, elle, Joan, l'autre pour la télévision, Brigitte Georges. Le reste des médias suivrait. Il voulait expliquer en ami son intention de bâtir un groupe de presse européen dont les ramifications s'étendraient loin, jusqu'à Moscou. Joan se souvenait-elle de Krivolsky et Gorai, les Russes qui participaient au colloque de la Villa Bardi? Ils montaient en Russie une chaîne de télévision associée à Morandi Communication. Il fallait voir large, bâtir une Europe nouvelle.
    - Nous dessinons le futur.
    Il avait fait asseoir Joan à sa droite, Brigitte Georges à sa gauche. Il ordonna au sommelier de verser le champagne, au maître d'hôtel de commencer le service, puis, d'un simple mouvement de tête, il fit comprendre aux garçons qu'il leur fallait quitter la salle à manger.
    Dans l'entrebâillement de la porte, Joan avait aperçu la silhouette d'Orlando, appuyé au mur, les bras croisés.
    Les plats s'étaient succédé, Morandi commentant chacun d'eux, s'opposant à Hassner qui jugeait un peu légers ce Château Sociando-Mallet 1983, puis ce Chinon qui accompagnait, peut-être à tort, le coeur de filet aux pommes soufflées.
    - Alors, Joan, avait-il murmuré, vous vous intéressez toujours, me dit-on, à ce que nous faisons au bord du lac? Mais vous n'êtes jamais venue à Parme, qu'attendez-vous? »
    Pendant que les autres haussaient la voix comme pour afficher leur discrétion, il avait murmuré en se penchant qu'il tenait toujours un avion à sa disposition, qu'elle pouvait séjourner à son gré Villa Bardi; une vedette la conduirait à Côme, puis, de là, un hélicoptère la transporterait jusqu'à Parme. « Tout est possible pour vous », ajouta-t-il.
    Leiburg ne mangeait pas, portant souvent son verre à ses lèvres qu'il humectait, ne quittant pas Joan des yeux, et elle ne savait s'il s'agissait de sa part d'une menace ou s'il voulait au contraire la mettre à nouveau en garde.
    Au café, ils avaient regagné le salon, Morandi invitant Brigitte Georges et Joan à s'asseoir à ses côtés sur le canapé, mais Joan avait refusé, s'installant à l'extrémité du demi-cercle qu'avaient formé Balasso, Leiburg, Hassner et Lavignat.
    - Nous sommes entre nous, avait dit Morandi.
    Il avait tendu le bras, pointé le doigt vers Lavignat puis Balasso, le dirigeant enfin sur Joan. Il désirait que Joan rejoignît la rédaction de l'Universel. Il formulait cela brutalement, sans respecter les usages? Elle ne voulait pas? Il le savait! D'un geste de la main, il avait empêché Joan de répondre. Elle avait participé à ce déjeuner en tant que représentante de Continental. Mais le déjeuner avait pris fin, on était entre amis. Brigitte Georges collaborait déjà à l'Univer sel. Joan y avait sa place. Elle était américaine, elle avait une vue supranationale des problèmes. Morandi Communication avait besoin de journalistes qui étaient porteurs d'une conception mondiale de l'information. « Je vous veux, Joan », avait-il conclu, souriant et lui tapotant le genou.
    Il avait allumé son cigare. Les autres avaient ri : Brigitte Georges silencieusement, Hassner en ajoutant d'une voix forte que personne, chacun le savait, ne pouvait résister à Morandi. Balasso s'était penché vers Joan; c'était un homme d'une cinquantaine d'années au visage long et maigre, à la peau très blanche.
    - Venez avec nous, avait-il murmuré, vous nous raconterez Paris.
    Lavignat s'était contenté d'approuver en regardant Brigitte Georges. Leiburg s'était lentement redressé en prenant appui sur les accoudoirs.
    - Tout peut s'acheter, n'est-ce pas? avait-il dit.
    Sa voix avait rappelé à Joan leur nuit commune au bord de la grand-place.
    Ces quelques mots avaient imposé silence et Morandi s'était contenté de plisser le front, les dents serrées sur son cigare.
    - Vous payez d'ailleurs fort bien, Carlo. Vous savez y faire, avait repris Leiburg en se levant. Vendez-vous un bon prix, Joan, avait-il poursuivi, multipliez par trois ou quatre ce que vous estimez valoir. Ce sera encore au-dessous de votre valeur. On ne vend son honnêteté qu'une fois, comme sa virginité !
    Il avait fait quelques pas, puis, se retournant: - Excusez-moi, avait-il conclu en quittant le salon.
    Était-ce à ce moment-là, dans le silence qui s'était instauré, que Joan avait évoqué l'enquête

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