Le dernier templier
temps, elle était incontestablement sculptée en forme d’oiseau de proie et témoignait de son ancienne gloire.
La jeune archéologue se tourna vers l’universitaire et remarqua que le visage de celui-ci s’était éclairé. Elle ressentit un soudain frémissement, une vague d’excitation qui effaça toute la peur et l’horreur qu’elle avait pu éprouver.
Mais elle retomba presque aussitôt dans le cauchemar du réel.
— Faites descendre les plongeurs ! hurla Vance au second qui s’occupait de la joue ensanglantée du timonier.
Lisant l’hésitation dans les yeux de l’homme, le professeur tendit le bras et brandit son pistolet devant le visage du Grec terrorisé.
— Vas-y. Nous ne partirons pas d’ici sans le faucon.
Au même instant, une énorme vague s’écrasa sur la poupe du bateau. Le Savarona gîta fortement. D’un bond, le barreur se remit sur ses pieds et reprit son poste à la place du marin qui l’avait remplacé. Il s’arc-bouta sur la barre pour empêcher le bateau de se retourner. L’homme parvint à le mettre hors de danger et manoeuvra pour se rapprocher des flotteurs. Défiant les vagues d’une main experte, il réussit à stabiliser la position tandis que deux hommes d’équipage enfilaient leur équipement, attrapaient de lourds câbles de fixation et plongeaient à contrecoeur.
Tess les suivit des yeux tandis qu’ils nageaient jusqu’aux flotteurs. Des minutes éprouvantes s’égrenèrent avant que la vision fugitive d’un pouce levé confirme leur succès. Le second du Savarona appuya alors sur un interrupteur et, sur le pont, le treuil se mit à s’animer en grinçant, luttant contre le roulis du navire et les chocs des vagues. Encore harnachée, la figure de proue s’éleva de la mer écumante et se balança en se dirigeant vers le pont du navire.
Vance fronça les sourcils. Son attention venait d’être attirée par quelque chose au-delà de la grue. Le visage d’Attal s’éclaira et le technicien du ROV attrapa le bras de Tess pour lui indiquer l’ouest d’un mouvement de menton. Elle distingua une silhouette fantomatique à distance. C’était le Karadeniz , affrontant les vagues et fonçant droit sur eux.
Furieux, Vance se tourna vers l’homme de barre.
— Sors-nous de là ! ordonna-t-il en agitant son pistolet.
Des filets de sueur se mêlaient au sang sur le visage du barreur qui faisait tout son possible pour empêcher le navire de se coucher sur les vagues.
— Nous devons d’abord récupérer les plongeurs, protesta-t-il.
— Laisse-les, rugit le professeur. Les hommes du patrouilleur les récupéreront. Ça aidera à les retarder.
Les yeux du timonier se tournèrent vers les relevés du radar météo. Il montra du doigt le Karadeniz.
— La seule issue pour se sortir de cette tempête, c’est d’aller de leur côté.
— Non ! On ne peut pas aller par là, cria Vance.
Tess regardait le bateau turc se rapprocher.
— S’il vous plaît, Bill. C’est fini. Ils nous ont cernés et, si on ne part pas d’ici tout de suite, la tempête va tous nous tuer.
Il la foudroya du regard. Ses yeux anxieux allaient de la vitre du poste à l’écran du radar météo. Ils devinrent de glace.
— Au sud, gronda-t-il au barreur. Emmène-nous au sud.
Les yeux de l’homme s’écarquillèrent.
— Au sud ? Mais c’est droit sur la tempête ! Vous êtes dingue ?
Vance tendit son arme devant son visage. Sans sommation, il pressa la détente en déplaçant légèrement le canon au moment où le coup partait. La balle frôla le barreur et s’écrasa dans une cloison derrière lui. L’Américain lança un regard menaçant aux autres personnes présentes sur la passerelle avant de ramener son pistolet devant le visage de l’homme en état de choc.
— Tu peux tenter ta chance avec les vagues... ou une balle. Tu choisis.
Le pilote le fixa un moment, risqua un rapide coup d’oeil sur ses instruments, puis il tourna la barre et poussa la commande des gaz. Le bateau s’élança dans les vagues, laissant les hommes-grenouilles patauger dans son sillage, et plongea droit dans la fureur de l’ouragan.
Ce n’est qu’au moment où il détacha ses yeux du timonier que Vance s’aperçut que Tess n’était plus là.
77
Dans le poste de pilotage du Karadeniz, De Angelis regardait dans des jumelles de marine sans en croire ses yeux.
— Ils l’ont, dit-il quasiment sans desserrer les mâchoires. Je ne peux pas le croire. Ils
Weitere Kostenlose Bücher