Le dernier vol du faucon

Cela fait plusieurs années déjà que Constantin Phaulkon, un navigateur grec d'origine et anglais d'adoption, occupe les fonctions de Grand Barcalon (Premier ministre) auprès du roi de de Siam.
    Mais, en plus des jalousies et des intrigues que la vieillesse et la maladie du monarque déchaînent contre lui, il lui faut compter avec l'hostilité des missionnaires jésuites, que gêne sa sympathie pour le bouddhisme, et aussi avec les appétits des Français et des Hollandais, impatients d'accroître leurs possessions coloniales.
    Dans ce contexte trouble surgit une femme : Nellie, accompagnée d'un garçon de seize ans, le fils que Phaulkon a eu d'elle après une brève liaison. Pour se venger de son abandon, elle est prête à braver les périls...
    L'extraordinaire fresque romanesque du Siam au XVIIe siècle, entamée par Axel Aylwen avec Le Faucon de Siam et poursuivie dans L'Envol du Faucon, prend ici des allures de drame shakespearien. Ce passionnant voyage dans une histoire méconnue est aussi l'occasion de réfléchir aux heurts des civilisations, des sociétés, des pensées différentes.
    LE DERNIER VOL DU FAUCON

    Axel Avlwen est né à Londres. Il a publié son premier livre à l'âge de sept ans. Diplômé d'Oxford, il s'est spécialisé dans l'étude de l'histoire et des coutumes thaïlandaises. Cette passion lui a inspiré la trilogie du Faucon (Le Faucon du Siain, L'Envol du Faucon et Le Dernier Vol du Faucon). Axel Avlwen est un grand voyageur. Il parle dix langues dont le thaïlandais.
    AXEL AYLWEN
    Le Dernier Vol du Faucon
    TRADUIT DE L'ANGLAIS PAR RÉGINA LANGER
    ÉDITIONS ANNE CARRIÈRE
    PROLOGUE
    Royaume de Siam, 1688.
    Dans un ciel d'orage, de lourds nuages s'accumulent au-dessus d'un pays serein, d'une beauté exceptionnelle, riche d'innombrables trésors. Voilà trente-deux années d'un règne prospère que le roi Naraï le Grand, Seigneur de la Vie, veille à la destinée de ce vaste empire.
    Afin de contenir la menace d'expansion coloniale, il avait su jouer habilement des rivalités opposant Hollandais, Français et Anglais. Un subtil exercice de stratégie diplomatique auquel excellait son Premier ministre d'origine grecque, le rusé Constantin Phaulkon. Pratiquant de nombreuses langues étrangères, celui-ci était arrivé au Siam quelque douze ans plus tôt en tant que jeune employé de la Compagnie anglaise des Indes orientales. Immédiatement séduit par le Siam, Phaulkon usa de ses remarquables talents linguistiques pour maîtriser sans retard la langue du pays. Sa force de persuasion fit le reste et lui attira rapidement les bonnes grâces du roi tout-puissant.
    Sans craindre de rompre avec les usages et d'offenser inévitablement les factions les plus traditionalistes du pays, le clairvoyant Naraï prit Phaulkon à son service et le porta en peu de temps à des sommets inconcevables pour un farang - terme par lequel on désignait
    les Européens. Mais Phaulkon se montra digne de la confiance du monarque et sut faire preuve d'intelligence et de loyauté. Nommé cinq ans plus tôt Barca-lon - c'est-à-dire Premier ministre -, le «Faucon» avait audacicusement invité l'armée française au Siam dans l'espoir de contrer la menace grandissante des Pays-Bas. Encouragés par leur conquête des îles des Epices, les Hollandais convoitaient en effet les riches comptoirs commerciaux du Siam. Cependant, grâce à son magistral sens tactique, Phaulkon réussit à neutraliser les menaces des trois puissances coloniales. Les Pays-Bas, puissance maritime dominante en Asie, contraints dans le même temps de céder la Flandre à la France, hésitaient à s'opposer une nouvelle fois aux armées de Louis XIV. Quant à l'Angleterre, animée par de grandes ambitions commerciales, elle s'était déjà installée à Madras et briguait la suprématie sur le golfe du Bengale. Elle fut toutefois amenée, elle aussi, à la conciliation après que Phaulkon eut nommé un Anglais - son vieil ami Thomas Ivatt -gouverneur de la province siamoise de Mergui, à l'extrémité du golfe. Alléchés par les perspectives d'une telle nomination, les Anglais avaient consenti à fermer les yeux sur la présence de troupes françaises dans la lointaine Bangkok.
    En même temps que le titre de comte de Faucon, le roi Louis XIV octroya à Phaulkon un grand domaine sur les terres de France. Mais, en échange d'un soutien militaire fidèle, il réclama en retour la conversion du roi Naraï au catholicisme. Officiellement