Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le fantôme de la rue Royale

Le fantôme de la rue Royale

Titel: Le fantôme de la rue Royale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
Vom Netzwerk:
Galaine, il m’apparaît bien mélancolique ?
    — Il tient de son oncle. Il aime son père, mais s’opposera tôt ou tard à lui. Hélas, sa mélancolie s’explique : il était affolé par sa cousine ! Elle jouait avec eux comme une chatte avec une pelote. Et que de coups de griffes !
    — Elle était comme cela ?
    Il réfléchissait soudain que personne ne lui avait parlé encore de la victime.
    Elle parut se murer dans un silence bougon et marmonna :
    — Non. On ne dit pas du mal des morts. Surtout pas en ce moment.
    — Pourquoi spécialement en ce moment ?
    Elle poussa son tabouret près de lui.
    — Parce qu’il s’en passe de drôles, ici. Et vous me faites parler comme une vieille bête. Mais, je sais bien, moi, que vous êtes ici pour cela. On ne couche pas un commissaire, même pour un crime. Faudrait ben quelque chose de plus grave. C’est vraiment vrai, le malheur est sur cette maison ; j’en ai la chair de poule. C’est pas rien de voir la Miette en crise : elle a le diable au corps. J’en tremble d’avoir à remonter me coucher dans une chambre voisine de la sienne.
    Elle se signa.
    — Qu’arrive-t-il à cette pauvre fille, selon vous ?
    — Oh ! Elle broyait du noir depuis quelque temps. Je sais pas ce qu’elle nous couve. C’est moi qui l’ai formée au métier et c’est une lamentation de la voir ainsi. Je vous dis, moi, c’est pas une mauvaise, mais il y a quelque chose dans tout ça que je démêle point. Elle a du courage, en dépit que Madame la désespère. C’est sa tête de Turc ; elle se passe ses humeurs dessus. Après la mort de Mlle Élodie, la Miette n’avait plus sa tête. Il est vrai qu’elles s’entendaient toutes les deux comme larrons en foire. C’était des niches et des fous rires à ne pas savoir qu’en faire. Leur âge les rapprochait… J’ai le cœur serré de penser à tout cela.
    Elle mit la main droite le long de sa joue comme si la vie venait de la gifler.
    — Je sens venir des choses terribles, monsieur le commissaire ! J’en ai le frisson. Fallait voir la Miette au plafond, au milieu du feu du ciel !
    Son menton s’effondra sur les replis de son cou. Une mèche grise s’échappa de sa charlotte. Elle se mit à geindre doucement, puis à ronfler. Nicolas toussa, elle s’éveilla l’air hagard.
    — Ne m’en veuillez pas, dit-il, mais le commis dans tout cela ?
    — Le Dorsacq ? Un mauvais drôle qui tire la langue après le premier cotillon venu.
    — Ce jeune homme au visage innocent ?
    — Innocent, çui-là, qui n’arrête pas de fricoter et ne pense qu’à godelurer ? M’est avis, monsieur le commissaire, qu’on le voyait bien trop souvent autour de Mlle Élodie.
    — Et avec Madame ?
    — Peuh ! De la parlote, du grain pour la poulaille. De la poudre aux yeux pour tromper son monde. Il ne s’intéresse qu’aux friponnes.
    — Avant que nous n’allions dormir, pouvez-vous me donner votre emploi du temps détaillé le soir du feu d’artifice ?
    — Rien de plus simple. L’après-midi j’ai préparé le souper pour ceux qui restaient à la maison.
    — C’est-à-dire ?
    — Charlotte et Camille, la petite Geneviève souffrante, qui devait rester sous la garde de ses tantes, et le… sauvage.
    — Naganda ?
    — Oui. Oh ! il n’est pas méchant, mais son visage m’effraie. Monsieur l’enferme dans sa soupente depuis qu’il est revenu. On le nourrit deux fois par jour.
    — Et ce souper consistait en quoi ?
    — Un peu de bouilli avec des légumes et du pain au lait sucré.
    — Et ensuite ?
    — Vers six heures, je suis partie pour passer la soirée avec mes commères à quelques maisons de là. On est trop vieilles pour ces marées de gens. Ah ! j’ai eu du nez, vu ce qui s’est passé. On a joué à la bouillotte en buvant du café au lait froid et en mangeant des oublies 61 . Je suis rentrée vers dix heures, et au lit aussitôt. Je ne suis plus si vaillante et les journées sont longues.
    — Rien de particulier n’a frappé votre attention ?
    — Non… Ou plutôt si, une chose sans importance. J’avais préparé des assiettes creuses. Y en a rien qu’une qu’on a touché. Cela m’a semblé curieux.
    — C’est tout ?
    — C’est bien suffisant. Le lendemain matin c’était l’affolement général.
    — Vous n’avez pas vu Naganda quand vous êtes rentrée la nuit ?
    — Il marchait de long en large dans sa chambre.
    — Vous êtes allée

Weitere Kostenlose Bücher