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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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administra une retentissante gifle. L’inconnu revint à lui, tenta de se lever et constata qu’il était attaché. Réalisant la précarité de sa situation, il écarquilla les yeux et devint blême. Mon maître tira sa dague de sa ceinture et, avec des gestes d’une lenteur calculée, fendit la chemise puis les braies du prisonnier qui se retrouva bientôt nu comme Dieu l’avait créé.
    —    Avec ta permission, sire Ravier ?
    Le Magister hocha la tête. Montbard posa la lame de son couteau sur le ventre de l’inconnu et la fit lentement glisser vers le haut, jusqu’au creux de son menton.
    —    Qui es-tu ? s’enquit-il en appuyant un peu plus fort.
    L’inconnu se contenta de serrer la mâchoire et de jeter à mon maître un regard noir. Celui-ci le dévisagea froidement et lui administra deux violents coups de poing qui lui fendirent les lèvres, sans pour autant lui desceller la mâchoire.
    —    Pourquoi ton complice et toi nous avez-vous attaqués ?
    Une fois de plus, l’homme resta coi. Montbard l’empoigna par la chevelure et lui frappa violemment la tête contre la table à plusieurs reprises. L’homme se contenta de lui adresser un sourire ensanglanté.
    —    Tu vas parler, bougre ? s’impatienta mon maître. Qui vous a envoyés ?
    Il lui saisit une oreille et la tordit tant et si bien qu’elle se détacha à moitié. Cette fois, l’homme ouvrit la bouche. D’abord pour hurler de douleur, puis pour narguer le templier.
    —    Fais-moi ce que tu voudras, cracha-t-il, pantelant. Le Paradis m’attend alors que toi, hérétique, tu brûleras en enfer !
    —    Tiens, un chrétien, roucoula Montbard. Nous faisons enfin du progrès.
    Il empoigna de nouveau l’inconnu par son épaisse chevelure noire, lui tira la tête vers l’arrière et appuya la pointe de son poignard sous son œil gauche.
    —    Je te jure sur les mamelles de la Vierge que si tu ne parles pas bientôt, tes yeux ne le verront pas, ton paradis, gronda-t-il.
    Je m’approchai et lui saisis le bras.
    —    Laissez-moi faire, dis-je.
    Mon maître me dévisagea et haussa un sourcil.
    —    Pour interroger, il faut savoir garder la tête froide, grommela-t-il.
    —    Justement, la vôtre, de tête, me semble un peu échauffée.
    —    Comme tu veux, maugréa-t-il en s’écartant.
    L’expérience m’avait maintes fois démontré qu’un homme se
    met à chanter comme un canari dès que sa virilité est en jeu. J’allai donc quérir le maillet et deux clous, puis me dirigeai vers l’entêté. Je lui saisis les bourses, les étirai cruellement et les maintins en place en y appuyant un clou. Il se mit à gémir de terreur et aurait sans doute vendu sa mère à vil prix si je le lui avais demandé, mais je jugeai mieux avisé d’assurer son entière collaboration en démontrant le sérieux de mes intentions. D’un coup sec, je transperçai une de ses génitoires et la fixai à la table. Le corps de l’infortuné s’arqua de manière grotesque. Il hurla à mort et ses yeux s’exorbitèrent. Satisfait, j’approchai mon visage du sien. Les joues mouillées de larmes, il haletait et gémissait tout à la fois, à demi fou entre douleur et désespoir.
    —    Il te reste encore une couille, dis-je froidement. À toi de décider si tu préfères avoir une descendance.
    Pour toute réponse, il me cracha au visage. Je m’essuyai du revers de la main.
    —    Bon, comme tu veux.
    J’appuyai l’autre clou sur sa génitoire encore intacte. Ses lèvres se mirent à trembler, l’écume sortant à chaque expiration. Pour bien marquer mon intention, je levai le maillet bien haut. Ses yeux devinrent ronds et il se mit à pleurer comme une Madeleine.
    J’abattis le maillet.
    —    Nooooon ! hurla-t-il à pleins poumons.
    J’interrompis mon geste, l’arme s’arrêtant à un doigt du clou.
    —    Te voilà plus bavard ?
    L’homme ne dit rien, mais hocha énergiquement la tête. La haine qui remplissait ses yeux était palpable.
    —    Pourquoi voulais-tu nous tuer ? demandai-je.
    —    Arnaud Amaury ! hurla le torturé. C’est lui qui nous a envoyés ici. Il a dit qu’il avait fait en sorte que la Vérité n’atteigne jamais Montségur, et que toi, tu devais mourir ! Dieu m’en est témoin, c’est tout ce que je sais. Je le jure !
    —    Dieu a le dos bien large, ces temps-ci. Que t’a-t-il offert pour ce louable travail ?
    —    Vingt pièces d’or,

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