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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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instruite par l’expérience, elle comprit qu’il n’était pas prudent de s’oublier dans la contemplation de ce papier. D’autant qu’elle n’y comprenait rien.
    Vite, elle alla le glisser dans la cachette où elle avait enfermé son or. Alors, elle s’aperçut qu’elle avait toujours l’étui. Elle ouvrit le premier tiroir qui se trouva sous sa main, au hasard, et jeta dédaigneusement l’étui dedans. Ceci fait, elle poussa le tiroir qui ne fermait pas à clé.
    Elle s’habilla en un tour de main et s’en fut tout droit chez le ferronnier et le menuisier qu’elle ramena séance tenante chez elle. La frayeur était telle qu’elle accepta sans marchander le prix qu’on lui demandait à la condition qu’on vînt à l’instant faire le travail.
    Quant à Jehan le Brave, lorsqu’il fut dehors, il jeta un coup d’œil à sa lucarne, se demandant s’il monterait chez lui déposer la cassette. Mais la rue commençait à s’animer : il jugea qu’il était grand temps de s’occuper de Concini.
    Il avait repris son manteau avant de sortir de chez le duc d’Andilly, Il glissa la cassette dessous et la mit sous son bras gauche. Et il partit d’un pas rapide.
    En marchant, il réfléchissait.
    Quand il était parti de la rue des Rats, laissant Concini solidement garrotté, son intention était de revenir, de se battre avec lui et de le tuer. Concini vivant était un danger permanent pour Bertille et il était bien résolu à ne pas lui faire grâce.
    Mais depuis, il avait eu avec la jeune fille cet entretien où il avait pensé tour à tour mourir de honte, de désespoir et de joie. Et maintenant, il ne savait plus ce qu’il allait faire.
    Lorsqu’il s’arrêta devant la petite maison de la rue des Rats, il n’avait pas encore pris une décision et il était furieux contre lui-même.
    Violemment, il ouvrit la porte. D’un pas rude, il traversa le vestibule, monta l’escalier et pénétra dans la chambre.
    Concini n’était plus sur le lit où on l’avait déposé assez rudement. Il était par terre et même assez loin du lit. Mais s’il n’avait plus son bâillon, que les trois
bravi
avaient eu la charité de lui enlever avant de se retirer, il était, par contre, tout aussi convenablement ficelé. A côté de lui, se trouvait le poignard qu’il avait arraché à sa victime.
    Jehan comprit que le prisonnier avait dû apercevoir l’arme et qu’il avait cherché, sans y parvenir, à s’en servir pour trancher les liens qui l’enserraient.
    Sans rien dire, il se baissa, ramassa le poignard et serrant nerveusement le manche dans son poing crispé, il considéra le favori d’un air rêveur, sans le voir peut-être.
    Concini, qui le vit se dresser ainsi devant lui, le poignard au poing, Concini se crut perdu. Il ne manquait pas de bravoure. Pas un muscle de son visage ne bougea. Il redressa orgueilleusement la tête, regarda le jeune homme en face et brava :
    – Frappe !… J’avais bien dit que tu étais un assassin !… Jehan ne répondit pas. Il n’avait pas entendu. A la vue de son ennemi ligoté, gisant à terre, à sa merci, un violent débat venait de s’élever dans cette âme fruste. Deux voix également fortes et puissantes se faisaient entendre dans sa conscience : celle de l’ancien Jehan, le Jehan qu’il était encore, il n’y avait pas deux heures, criait très haut qu’il fallait frapper sans pitié. Celle du nouveau Jehan criait, non moins haut, qu’il fallait se montrer généreux, magnanime, s’il voulait être digne de la noble enfant qui avait éclairé son âme. Et il n’entendait que ces deux voix.
    Le débat fut violent, tragique, mais il fut bref.
    Jehan se pencha le poignard levé sur Concini qui ne cilla pas et cracha son mépris dans ces mots :
    – Frappe donc !… Allons, que crains-tu ? Ne suis-je pas réduit à l’impuissance ?
    Le poignard s’abattit et trancha les liens qui enserraient les jambes. Puis ce furent les bras qui furent délivrés.
    Et Concini, qui n’avait pas tremblé devant le poignard levé, Concini pâlit, hébété de surprise, ne sachant ce que cela voulait dire, se demandant avec angoisse quel supplice lui était réservé.
    Alors, Jehan parla, d’une voix blanche, comme lointaine.
    – Va ! pour l’amour d’elle, je te fais grâce, Concini !
    D’un bond, Concini fut debout. Il ne savait s’il rêvait ou s’il était éveillé. De sa vie, il n’avait éprouvé étonnement pareil. Il se ressaisit vite

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