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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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alors que l’épée et le manteau se trouvaient à sa droite, masqués comme lui par le battant de la porte et que, par conséquent, il pouvait empêcher qu’on ne saisît l’arme.
    Il eut une moue de répugnance et murmura :
    – Je ne veux pas que ce sacripant me prenne pour un assassin comme lui.
    Il s’empara de l’épée et la mit du côté opposé, sur un meuble, bien en évidence, de façon à ce qu’elle frappât l’œil de Concini, dès son entrée dans le cabinet. Et il revint se placer derrière le battant de la porte.
    Cet homme qui agissait ainsi, avec une telle assurance, c’était le chevalier de Pardaillan. Comment se trouvait-il là ? C’est ce qu’il nous faut expliquer. Et pour ce faire, il nous faut revenir aux trois compagnons de Jehan.
    Carcagne, Escargasse et Gringaille, après avoir quitté leur chef devant la maison aux Taureaux, avaient poursuivi leur route dans la direction de Saint-Eustache.
    Nous savons qu’ils avaient la bourse bien garnie, grâce à la libéralité de Concini. Riches, ils eurent faim et soif, deux besoins qu’ils étaient à même de satisfaire, malgré l’heure indue et les ordonnances de police.
    En conséquence, au bout de la rue du Four, ils s’engagèrent dans la rue Coquillière, tournèrent à gauche, dans la rue de Grenelle, et vinrent aboutir rue Saint-Honoré, à côté de l’église. Il y avait là un pilori. Surmontant leur répugnance, ils passèrent vivement devant, et en quelques enjambées, ils gagnèrent la rue Champ-Fleuri, laquelle allait de la rue Saint-Honoré à la rue de Beauvais, derrière les jardins du Louvre.
    La rue Champ-Fleuri était une rue hospitalière où tous leurs appétits eurent de quoi se satisfaire.
    L’après-midi de ce même jour, ils se trouvèrent dans la rue, la bouche pâteuse, les jambes molles, délestés d’un nombre respectable de pistoles, mais contents d’eux.
    Après le tour qu’ils lui avaient joué la veille, ils jugèrent prudent de ne pas se présenter chez Concini. Ils se doutaient bien de l’accueil qui leur serait fait. N’ayant plus de maître, plus d’occupation régulière, ils se trouvèrent quelque peu désemparés.
    Ne sachant que faire de leur corps, ils vinrent échouer dans un cabaret de la rue Tirechappe, laquelle était parallèle à la rue de l’Arbre-Sec. L’instinct les ramenait près du logis de leur chef, Jehan.
    Naturellement, ce fut de lui qu’ils parlèrent. Et de la donzelle – comme ils disaient – qui était fille du roi. Et de ce digne gentilhomme (Pardaillan) qu’ils étaient allés réveiller au milieu de la nuit. Ils retracèrent en un mot toutes les péripéties de cette nuit qui avait été si bien remplie.
    – En attendant, fit remarquer Carcagne qui était pratique, nous voici sans emploi. Il va nous falloir assurer notre pitance au petit bonheur. Je prévois que les beaux jours sont passés.
    – Bah ! et notre Jehan, est-ce qu’il n’est pas là pour un coup ?
    – Vé, il épousera sa donzelle, qui doit être riche comme… une fille de roi, outre ! Et il nous prendra à son service.
    Cette perspective calma les perspectives de Carcagne.
    – Je pense, dit soudain Gringaille en éclatant de rire, je pense à la tête du Concini lorsque messire Jehan est revenu le détacher.
    Tu crois donc qu’il est retourné là-bas ?
    – Alors, Carcagne, tu te figures que Jehan n’avait pas à s’expliquer un peu avec le Concini ?
    – Ce pauvre Carcagne, fit Escargasse d’un air apitoyé, il est presque aussi simple que Parfait Goulard !
    – Est-ce que je sais moi ? bougonna Carcagne, vexé d’être comparé à frère Parfait Goulard, dont la bêtise et l’ignorance étaient proverbiales, comme on sait.
    – Tu peux être sûr, reprit sérieusement Gringaille, que Jehan est retourné là-bas, dès qu’il est sorti de la maison des Taureaux, et que, par un de ces coups droits foudroyants dont il a le secret, il a démontré péremptoirement au Concini qu’il avait eu grand tort de toucher à sa donzelle.
    – En sorte que, appuya Escargasse, le Concini doit être, à l’heure actuelle, bellement trépassé pour avoir avalé quelques pouces d’acier. Ce qui est un aliment difficile à digérer.
    – Que Satan ait son âme ! dit Gringaille avec onction. Et les deux autres, non moins pénétrés :
    – Amen !
    Et ils éclatèrent de rire.
    Ils s’en furent au hasard, le nez au vent. Ils n’avaient pas fait cinquante pas qu’ils

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