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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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fureur :
    – Va-t-en ! cria-t-il. Tu ne vaux même pas que je me donne la peine de t’écraser !… Va-t’en !…
    Pardaillan avait une telle flamme aux yeux, il était si auguste et si terrible à la fois, que Saêtta crut voir en lui l’incarnation du châtiment céleste. Et lui qui n’avait pas tremblé lorsqu’il s’était vu entre les mains puissantes de son redoutable adversaire, lui qui avait souhaité la mort, il sentit la peur superstitieuse de l’au-delà s’insinuer en lui. Avec un hurlement d’épouvante, il s’enfuit, titubant, râlant, courbant l’échine, marmottant des bouts de prière.
    Pardaillan ne le regarda même pas. Il se retourna et, d’un pas vif, il prit le chemin qui conduisait au gibet en se disant :
    – Peut-être ce scélérat a-t-il menti !… Et puis, qui sait ?…
    q

Chapitre 16
    D es quarante coupe-jarrets que Concini avait amenés à Montmartre, il ne lui restait pas un homme. Une quinzaine étaient morts. Cinq ou six, échappés par miracle à l’explosion, pris du vertige de l’épouvante, avaient disparu sans qu’on pût dire où ils s’étaient terrés. Le reste était plus ou moins blessé, condamné au repos pour un temps plus ou moins long.
    Autour du Florentin, il ne restait que ses trois gentilshommes qui n’avaient que des contusions insignifiantes. Malgré qu’il fût évident que Jehan le Brave était enseveli sous les décombres, Concini ne se décida à quitter les lieux que vers la fin du jour. Il prit par le chemin de droite. C’était à ce moment que Pardaillan montait par celui de gauche.
    Concini, sombre et préoccupé, marchait silencieusement à la tête de ses gentilshommes. Comme ils approchaient de la croix, ils rencontrèrent un homme dont la tête était entourée d’un bandeau. C’était ce même homme que nous avons vu caché derrière une haie au moment où Pardaillan faisait entrer Bertille chez Perrette la Jolie.
    – Eh ! Saint-Julien, dit un des trois, tu arrives trop tard ! Saint-Julien, puisque c’était lui, s’écria avec une étrange inquiétude :
    – Le truand n’est pas pris ?
    – Il est mort ! dit Concini avec plus de regret que de joie.
    – Malédiction ! écuma Saint-Julien. Vous étiez quarante et plus… et vous n’avez pu le prendre vivant ?…
    – Tu es bon, toi, fit sèchement Longval. Nous avions quarante hommes avec nous, dis-tu ?… Compte combien nous sommes maintenant.
    – S’il est une chose qui nous étonne, appuya Roquetaille, c’est de nous voir encore vivants. N’est-ce pas, monseigneur ?
    De la tête, Concini fit signe que oui.
    – Oh ! fit Saint-Julien, saisi, à ce point ?… C’était donc le diable que cet homme ?
    – Concini et ses trois gardes du corps grincèrent des dents, mâchèrent des imprécations et des jurons.
    – Moi qui voulais lui manger le cœur ! s’exclama Saint-Julien avec un accent de regret intraduisible.
    – Oui, tu le haïssais, mon pauvre Saint-Julien, dit Concini avec une sorte de caresse dans la voix.
    – Eh ! monseigneur, j’étais – à ce qu’on disait – un joli garçon… Le truand m’a défiguré… me voilà hideux pour toujours !… Tête et tripes ! si vous croyez qu’il n’y a pas de quoi vous rendre enragé !
    – Il ne nous a pas défigurés, nous autres, dit Eynaus, mais il nous a tout de même bien arrangés !… Nous ne le haïssons pas moins que toi !
    – Comment se fait-il que te voilà ? demanda Concini. Il était entendu que tu demeurerais au logis, puisque ta blessure ne te permettait pas de te battre.
    – C’est vrai, monseigneur. Mais j’enrageais de ne pouvoir me rendre utile. J’ai réfléchi que si je ne pouvais me battre, je pouvais tout de même sortir… sans trop me fatiguer. Et j’ai eu une idée… une idée superbe… que j’ai mise à exécution. Et je vous apportais une vengeance splendide, monseigneur.
    – Que veux-tu dire ?
    Il était arrivé devant la porte du logis de Perrette. Saint-Julien les arrêta, et :
    – Reconnaissez-vous cette porte ? demanda-t-il.
    – Pardieu !… C’est par là que le truand s’est sauvé l’autre jour quand je croyais le percer d’outre en outre, dit Roquetaille.
    – C’est bien cela… Voyez-vous cette haie ?… C’est là derrière que j’ai passé tout cet après-midi. Et bien m’en a pris, monseigneur.
    – Explique-toi.
    – Monseigneur, cette jeune fille que vous nous faites rechercher partout

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