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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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une fois déjà, l’a fait se ruer, le fer au poing, sur la personne sacrée du roi.
    Ceci était dit avec une violence farouche. Elle ajouta doucement en l’étreignant avec passion :
    – Va, mon Concinetto ! sois adroit et tu nous sauves tous.
    – Je le serai,
santa madonna !
assura Concini en s’élançant.
    Le logis du Florentin était situé proche le carrefour du Trahoir. Il y arriva à point nommé pour rencontrer d’Epernon et Neuvy, au moment où ils s’informaient du chemin suivi par Jehan. Il se joignit à eux, cela va sans dire.
    Il prit aussitôt d’Epernon à part et lui communiqua le plan de Léonora. Ils furent vite d’accord, d’Epernon, comme lui, ayant déclaré l’idée merveilleuse.
    D’après les renseignements recueillis, Jehan avait passé rue de l’Arbre-Sec comme une avalanche, courant vers le Pont-Neuf. Dès lors, les trois chefs étaient fixés sur l’itinéraire à suivre. Ils prirent la tête de la colonne et s’élancèrent au galop vers le Pont-Neuf.
    Mais tous ces menus détails, accumulés, se traduisaient par un retard d’un bon quart d’heure.
    La colonne, lancée à fond de train dans la rue de l’Arbre-Sec, n’atteignait pas le chiffre de cent hommes. Ce n’était pas fait pour étonner ou inquiéter les Parisiens qui, journellement, voyaient passer des cavalcades autrement imposantes. Mais…
    Concini avait été rejoint par ses quatre gentilshommes : Eynaus, Roquetaille, Saint-Julien et Longval. Tous, Saint-Julien avec son bandeau, Eynaus et Longval encore tout meurtris, tous ils avaient retrouvé forces et ardeur, dès l’instant qu’il s’agissait de courir sus au truand Jehan le Brave.
    Or, Concini avait parlé adroitement, comme le lui avait recommandé sa femme. Les quatre séides avaient colporté les propos de leur maître. D’Epernon, averti par un coup d’œil significatif, avait compris. Il était venu à la rescousse.
    Comme une traînée de poudre, le bruit se répandit que la cavalcade qui passait à fond de terrain courait après un redoutable truand pour tâcher de l’arrêter avant qu’il meurtrît méchamment le roi, lequel, par fatalité, se promenait paisiblement dans son carrosse, sans garde et sans escorte.
    On nommait le truand Jehan le Brave. On contait l’histoire du gibet, dénaturée et amplifiée. On citait sur son compte des actes d’une cruauté inouïe, qui faisaient passer le frisson de la malemort sur l’échine des plus résolus. Une clameur formidable se levait de toutes parts : concert de malédictions et d’imprécations, à l’adresse du bandit, exhortations, bénédictions à l’adresse des vaillants qui volaient au secours du bon sire.
    Le bruit sinistre volait toujours, porté par les ailes rapides de la rumeur publique. Et maintenant, il précédait la troupe. Comme toujours, en pareille circonstance, plus il avançait et plus il s’amplifiait. Maintenant, ce n’était plus un truand, c’était une bande, une armée commandée par Jehan le Brave, qui, après avoir assassiné le roi, allait se ruer à la curée, pillant, tuant, violant.
    Paris, sur le chemin parcouru par Concini, d’Epernon, Neuvy et leurs hommes, prenait l’aspect terrifiant des grands jours de la Ligue. Des boutiques se fermaient précipitamment. Des gens pris de panique, s’enfuyaient à toutes jambes, en poussant des hurlements de bêtes traquées. Des bourgeois se terraient précipitamment, verrous poussés, chaînes tendues. D’autres s’armaient à la hâte et se lançaient bravement, à la suite de la cavalcade.
    Et pendant ce temps, celui qui causait cette émotion fantastique arrivait à la porte Buci sans avoir encore aperçu le carrosse royal. Il lui avait semblé entendre galoper derrière lui et il s’était dit :
    – D’Epernon est à mes trousses ! Et probablement aussi le Concini. Il s’était retourné. Il n’avait rien vu.
    Passé la porte, dans la rue de Buci même, il fut renseigné par des bruits de conversations, entendues au passage : un carrosse, dont les chevaux venaient brusquement de prendre le mors aux dents, venait de passer dans le faubourg, le long de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, et courait droit à la rivière, où il ne manquerait pas de tomber, s’il ne se brisait avant de l’atteindre.
    Jehan se lança dans la rue du Colombier [22]
,
qui longeait le mur d’enceinte de l’abbaye, à l’ouest. Là, il entendit encore galoper derrière lui. Il jeta un coup d’œil de

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