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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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désordre, en répétant :
    – Jehan le Brave !… C’est Jehan le Brave !…
    Mais d’Epernon avait déjà perdu cinq bonnes minutes.
    Acquaviva, demeuré sur le perron, considérait de son œil doux le va-et-vient tumultueux et désordonné. Et sa lippe méprisante s’accentuait encore, et à part lui, il songeait :
    – Pourquoi faut-il avoir besoin de tels auxiliaires ?… Je m’étonne que ce duc orgueilleux et rapace ait eu la bonne inspiration de crier le nom de Jehan le Brave. Ainsi du moins, la poursuite de l’homme qui, par la stupidité d’Epernon, a surpris mes desseins, se colore d’un prétexte plausible.
    Bientôt, la cavalcade s’ébranlait. D’Epernon, à la tête d’une cinquantaine d’officiers et gentilshommes, quittait l’hôtel à toute bride.
    Mais il avait encore perdu cinq autres minutes. !
    Quand le dernier homme de l’escorte du duc eut franchi la voûte, Acquaviva rabattit le capuchon jusque sur les yeux, croisa les mains dans les larges manches du froc et, cassé en deux, à pas menus, il s’engagea dans la rue Breneuse, avec l’intention de descendre jusqu’au mur d’enceinte, évitant ainsi les voies trop fréquentées.
    Dès ses premiers pas hors de l’hôtel, il avait croisé le moine Parfait Goulard qui passa sans s’arrêter, sans dire un mot, sans faire un geste. Et alors, il se produisit ceci :
    Acquaviva arrivait à la rue Coq-Héron ; à ce moment, des moines, taillés en hercules, surgirent de tous côtés. Il en vint par la rue de la Plâtrière, derrière Acquaviva, par les rues Marie-l’Egyptienne et Coq-Héron (à sa droite et à sa gauche) et par les rues des Vieux-Augustins et Pagevin (à droite et à gauche devant lui). Si bien qu’il se trouva ainsi encadré, à distance respectueuse, par une douzaine de gaillards qui, sans en avoir l’air, lui firent escorte jusqu’au couvent des capucins, où il arriva sans encombre.
    Quant à d’Epernon, son idée était que Jehan courait au Louvre les dénoncer. Il piqua donc droit devant lui, par la rue de Grenelle. Parvenu à l’angle des rues Saint-Honoré et du Coq, il se trouva quelqu’un pour lui dire que celui qu’il cherchait avait filé vers la Croix-du-Trahoir. Toujours, dans une chasse à l’homme, il se trouve ainsi, à point nommé, un anonyme qui a vu le gibier traqué et lance la meute sur sa piste.
    D’Epernon, au lieu d’entrer dans la rue du Coq, s’élança dans la rue Saint-Honoré. Mais il avait encore perdu deux minutes.
    A la Croix-du-Trahoir, rencontre : le sire de Neuvy, grand prévôt à la tête d’une vingtaine de cavaliers, qui s’en revenait du Louvre. Nouvel arrêt, explications entre les deux chefs d’escorte. Fureur du grand prévôt en apprenant que le redoutable bandit, Jehan le Brave, était vivant. Décision de se joindre au duc. Informations.
    Léonora Galigaï était rentrée chez elle. Elle y trouva Concini qu’elle mit au courant de ce qui se passait. Concini était devenu livide. Mais c’était un homme résolu. Il ne perdit pas son temps à récriminer, comme avait fait d’Epernon. Il rassembla à l’instant tout ce qu’il avait d’hommes sous la main : une dizaine.
    Pendant que ces hommes passaient à la hâte la bride aux chevaux, il y eut un conciliabule entre les deux époux. Léonora, qui avait réfléchi en route, avec un calme admirable en la circonstance, expliqua brièvement :
    – Le roi est sorti du Louvre. Jehan le Brave devra donc lui courir après. De deux choses l’une : il le rejoindra à temps pour l’avertir, ou il arrivera trop tard. S’il arrive trop tard, nous sommes les maîtres… Alors nous l’accuserons formellement du meurtre du roi. On le saisit, on le condamne, sa tête tombe et nous en sommes débarrassés à tout jamais.
    – Oui, mais s’il arrive à temps ? demanda Concini, qui écoutait, haletant.
    – Nous l’accuserons plus que jamais, déclara Léonora, avec une énergie virile. Tu préviendras d’Epernon pour qu’il dise comme toi. Nous trouverons des témoins qui attesteront avoir vu Jehan se faufiler dans les écuries… Entre la parole de ce
bravo
et celle de braves gentilshommes, le doute n’est pas permis. Il est perdu quand même.
    – 
Corbacco !
tu as raison ! s’écria Concini enthousiasmé. Avec de l’audace, nous nous en tirons et faisons coup double !… Tu es admirable !
    – Quant au mobile du meurtre : la jalousie… Tu me comprends, Concini ?… La jalousie qui,

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