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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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bourreau sur sa tête. D’Epernon, au contraire, avait fait deux pas en avant et dans un murmure à peine distinct :
    – Etes-vous fou ?… Vous nous perdez stupidement, mordioux !
    Et très haut, vivement :
    – Sire, je rends hommage à la bravoure et à la loyauté de ce digne gentilhomme. Mais, je le dis bien haut, il se trompe, lorsqu’il dit que je suis son ennemi… Je ne saurais oublier que je le lui dois la vie de mon fils Candale.
    L’intervention du duc avait permis à Concini de se ressaisir. Le roi paraissait attendre qu’il parlât et il voyait en outre les yeux étincelants de Jehan qui lui disaient clairement :
    – Parle !… et fais attention à tes paroles, car je parlerai moi-même… selon ce que tu auras dit.
    Et il dut s’exécuter :
    – Sire, dit-il, d’une voix blanche de fureur, bien que nous ne nous aimions pas, monsieur et moi, j’ai cru qu’il était de mon devoir d’attester publiquement que je le tiens pour un homme d’honneur.
    Jehan, d’un signe de tête, manifesta qu’il se tenait pour satisfait. Pardaillan, les yeux pétillants, souriait malicieusement dans sa moustache grisonnante. Le roi fut sur le point de demander des explications au sujet de ce religieux dont Jehan venait de parler. Mais il réfléchit que le jeune homme ne dirait que ce qu’il voudrait bien dire et qu’il ne serait pas plus avancé. Et il laissa tomber l’incident. Mais il reprit de sa voix claire, en faisant peser un long regard sur les gentilshommes courbés :
    – Messieurs, je vous déclare que M. Jehan le Brave est au nombre de mes amis… et vous n’ignorez pas que le cas échéant, je sais les défendre vigoureusement. Qu’on ne l’oublie pas.
    Les têtes se courbèrent plus profondément et se redressèrent ; et de nouveau l’acclamation retentit, comme à un signal :
    – Vive le roi !
    Et la foule répéta de confiance comme elle l’avait déjà fait une fois. Seulement cette fois, elle était prête à porter en triomphe ce même homme qu’elle voulait déchirer l’instant d’avant. Il avait suffi pour amener ce revirement, que le roi déclarât à haute voix qu’il était de ses amis.
    Henri se tourna vers Jehan et lui dit gracieusement :
    – J’ai chargé M. de Pardaillan de vous faire certaine communication dont je vous prie de tenir compte, attendu qu’elle est d’importance.
    – Sire, répondit Jehan en s’inclinant profondément, les désirs du roi sont des ordres pour moi.
    – Oui, observa malicieusement Henri en riant de bon cœur, mais encore faut-il que mes ordres soient de votre goût… et ils ne le sont pas toujours.
    Jehan répliqua en souriant :
    – Le roi, d’après ce que je vois, a bien voulu reconnaître que je n’avais pas tout à fait tort de lui désobéir, puisqu’il s’agissait de sauvegarder ses jours.
    Henri se contenta d’approuver de la tête.
    Bellegarde et Liancourt avaient repris leur place dans le carrosse. Le cocher était remonté sur son siège et rassemblait les guides de ses chevaux. Le grand prévôt, qui voyait que l’orage était passé sans l’avoir jeté bas, s’avança à son tour et demanda :
    – Aurons-nous l’honneur d’escorter Sa Majesté ?
    – C’est inutile, Neuvy, fit le roi, après une seconde de réflexion, MM. de Pardaillan et Jehan le Brave voudront bien m’escorter jusqu’au Louvre.
    Pardaillan et son fils sautèrent à cheval et se placèrent à chaque portière du carrosse.
    – Bonjour, messieurs ! cria le roi au moment où les chevaux, très paisibles maintenant, s’ébranlaient.
    Et les gentilshommes ainsi que la foule répondirent d’une seule clameur :
    – Vive le roi !
    q

Chapitre 26
    L orsque le carrosse royal se fut éloigné dans la direction de la porte Buci, Concini, d’Epernon et Neuvy se séparèrent. Chacun s’en fut de son côté, la rage au cœur, roulant dans sa tête des projets de vengeance.
    Concini demeura le dernier sur les lieux. Il appela ses quatre gentilshommes et, l’air distrait :
    – Saint-Julien, dit-il, où en sommes-nous de cet enlèvement ?
    L’homme au bandeau répondit avec un embarras qui échappa à Concini :
    – Monseigneur, j’espère être prêt pour demain, cependant, je n’oserais l’affirmer. Il ne faut rien précipiter dans cette affaire, si on veut la mener à bien.
    Concini ne répondit pas. Il paraissait combiner quelque chose dans sa tête et il semblait qu’un violent débat s’élevait en

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