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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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en règle. Plus tard, à Séville, elle me révéla la cachette et me divulgua les moyens d’y parvenir secrètement. Je fus visiter les lieux. Je constatai l’absence de provisions.
    – Se défendre, fit observer le roi, c’était bien. Mais encore fallait-il se sustenter. Ceci est élémentaire pour un gouverneur de place.
    – Tout juste, Sire. J’apportai donc moi-même ces provisions. Et j’avais soin de les renouveler quand je voyais qu’elles étaient sur le point de se détériorer… A part le vin qui a vieilli là et qui est devenu un vrai nectar !… Vous comprenez le reste, Sire : mon fils a pu se défendre vigoureusement, grâce aux armes et à la poudre de sa mère.
    – Et il a pu vivre grâce aux provisions de son père, acheva Henri, en riant. Tout s’explique maintenant ! Lorsque votre fils a fait sauter le gibet, il se trouvait à l’abri dans cette grotte. N’importe, il a bien fallu mettre le feu à la poudre et y arriver, à cette grotte, avant l’explosion. Ventre-saint-gris ! c’est un rude compagnon que votre fils ! On voit qu’il a de qui tenir !
    Pardaillan s’inclina devant le compliment qui avait sa valeur.
    Henri avait très bien observé que Pardaillan lui disait spontanément où étaient cachés les millions. Il fut très sensible à cette marque de confiance, mais il se garda bien de faire la moindre remarque à ce sujet.
    L’audience se trouvait terminée, puisque Pardaillan avait obtenu ce qu’il voulait : la neutralité du roi. Il se rendait très bien compte que la bienveillance du Béarnais à l’égard de son fils était due à son égoïsme et à sa terreur de l’assassinat, mais peu lui importait. L’essentiel était qu’il se retirât de la lutte. Quant à Concini, d’Epernon, les moines, Léonora Galigaï et Marie de Médicis, tout cela, à ses yeux, était menu fretin dont il saurait bien venir à bout.
    Il prit donc congé du roi et descendit à terre en faisant signe à son fils d’approcher.
    Henri resta dans le carrosse et appela près de lui les seigneurs qui s’étaient tenus à l’écart. Ils s’empressèrent d’accourir. Derrière eux, à distance respectueuse, la foule se massa, curieuse de ce qui allait se produire. Henri mit le buste à la portière et d’une voix claire qui parvint jusqu’aux derniers rangs de la populace attentive :
    – Neuvy, dit-il, vous avez été mal renseigné. M. Jehan le Brave, ici présent, est un brave et loyal gentilhomme digne de l’estime de tous. Au péril de sa vie, il vient de sauver la mienne.
    Un silence glacial accueillit ces paroles du roi. D’Epernon, livide, mâchonnait de sourdes imprécations. Ses gentilshommes, naturellement, modelaient leur attitude sur la sienne.
    Quant à Concini, il écumait ; un rictus féroce, qui avait la prétention de ressembler à un sourire, arquait sa bouche et il rugissait dans son esprit :
    « Sans ce truand de malheur, le roi était mort… et j’étais le maître ! Ah ! malheur à toi, fils de Pardaillan ! Je t’écraserai ! »
    Et la colère et la déception lui faisant oublier toute prudence, car il était loin d’être des amis du roi, il fit deux pas en avant et d’une voix éclatante :
    – Sire, ce brave et loyal gentilhomme a été à mon service… et je puis vous renseigner sur son compte.
    Henri IV jeta de son côté un coup d’œil souverainement dédaigneux, et sèchement :
    – Inutile, monsieur !… Je suis tout renseigné.
    Mais le fils de Pardaillan n’était pas homme à ne pas relever séance tenante le gant qu’on lui jetait. Lui aussi, il fit deux pas en avant, et de sa voix claironnante :
    – Sire, je supplie humblement Votre Majesté de laisser parler le sieur Concini. C’est un ennemi à moi, Sire, un ennemi mortel et acharné… son témoignage m’est d’autant plus précieux… De même j’en appelle au duc d’Epernon… un autre ennemi, Sire… Et s’il le faut j’en appelle aussi à certain moine… troisième ennemi. Parlez ; Concini et d’Epernon, faut-il aller chercher ce digne religieux ?…
    Toute son attitude était un défi. Le roi eut l’intuition que ses paroles cachaient une menace. Mais quelle menace ? Et comment savoir avec ce diable d’homme qui ressemblait si extraordinairement à son père ? Il jeta sur les deux hommes ainsi interpellés un coup d’œil soupçonneux.
    Concini, livide, flageolant, avait reculé comme s’il avait vu se dresser brusquement la hache du

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