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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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ravaler le faisait écumer. Son esprit travaillait. Et le résultat de ce travail était que son plan primitif de se faire livrer Jehan réduit à l’impuissance s’était profondément modifié. En leur jetant au fur et à mesure le bijou convoité, il songeait à part lui :
    « Prenez, chiens rampants, prenez ces os à ronger !… Que je réussisse seulement à vous faire passer de l’autre côté de cette porte, et alors, moi, je pousse les verrous. Quel magnifique coup de filet !… les tenir tous les quatre à ma merci !… Alors, j’envoie un de ces laquais qu’ils prétendent avoir garrottés chercher du renfort. Dans une heure, je puis avoir ici cinquante hommes résolus. C’est plus qu’il n’en faut pour saisir les truands. Moi, je reste ici, je les garde, je les surveille, sans qu’ils puissent soupçonner ma présence. Les fenêtres, heureusement, sont munies de solides barreaux. Rien à tenter de ce côté. Restent les portes. J’admets qu’à eux quatre ils réussissent à les enfoncer. Il leur faudra bien une couple d’heures pour cela. C’est plus qu’il ne m’en faut. S’ils ne passent pas par le vestibule, mes hommes les cueillent. S’ils passent par le vestibule – et ils seront bien obligés d’y passer – alors, je les tiens sans l’aide de personne ! »
    Voilà ce que songeait Concini, sans que rien sur son visage trahît la nature de ses pensées.
    Carcagne, Escargasse et Gringaille n’avaient pas cette prudente réserve. Les sacripants estimaient qu’ils avaient fait une bonne affaire. Ils jubilaient et ne voyaient pas la nécessité de dissimuler cette jubilation. Quand ils eurent fait disparaître au plus profond de poches mystérieuses les bijoux qu’ils venaient d’arracher si adroitement à Concini, ils reprirent le sérieux qui convient à des gens qui vont s’atteler à une rude besogne et ils écoutèrent sans broncher les instructions de leur maître.
    – Surtout, fit Concini en achevant, n’allez pas me le détériorer !… Sa peau m’est précieuse, voyez-vous.
    – Je comprends !…
    – Une peau que l’on paye cent mille livres !
    – On ne saurait dire qu’elle ne vous est pas chère. Les trois éclatèrent de rire et Concini daigna sourire.
    – Il me le faut vivant !… Vivant, m’entendez-vous ? insista-t-il.
    – Cela va de soi !
    – C’était tout indiqué !
    – La besogne n’en sera que plus facile !
    C’était Gringaille qui avait prononcé cette dernière phrase. Elle eut le don d’éveiller le soupçon dans l’esprit de Concini, prompt à se méfier.
    – Pourquoi plus facile ? fit-il en le regardant fixement. J’aurais cru le contraire.
    Gringaille haussa irrévérencieusement les épaules et, avec un dédain à peine voilé :
    – On voit bien que vous êtes gentilhomme, monseigneur, dit-il.
    – Le pôvre, il ne sait pas organiser une petite trahison de rien du tout.
    – Il aurait besoin de nos leçons.
    Ils avaient des trognes hilares, une rondeur de manières, une bonhomie qui eussent endormi les défiances les plus robustes : Concini ne les soupçonnait pas, en ce moment du moins. Mais il avait hâte de les voir franchir le seuil de cette porte et de les tenir tous sous clé. Ce fut donc avec une certaine impatience qu’il dit :
    – Parlez plus clairement… et soyez brefs. Gringaille expliqua :
    – Tous trois, ici présents, nous sommes de bons amis à vous, des amis en qui vous avez toute confiance…
    – Simple supposition, eh ! Gringaille !… Tu ne voudrais pas être un ami de monseigneur ?
    L’interruption venait d’Escargasse. La phrase pouvait paraître louche. Elle fit froncer le sourcil à Concini. Mais Escargasse avait un air naïf, respectueux, qui éloignait le soupçon. Puis, quoi ? on ne pouvait pas exiger de ce truand les phrases alambiquées d’un mignon de cour ! D’ailleurs, Gringaille continuait déjà :
    – Supposition, comme de juste. Nous venons vous visiter. Nous déposons nos dagues et nos épées… sur ce meuble (effectivement ils déposaient leurs armes) à seule fin d’endormir vos soupçons, au cas où vous en auriez. Ceci fait, Escargasse et moi nous venons à vous la main loyalement tendue.
    – Et nous vous disons ; « Adieu, eh ! cher ami ! » Autrement, comment va ? fit Escargasse.
    – Naturellement, reprit Gringaille, vous nous donnez une main à chacun… comme ceci, justement. (Concini n’avait pas donné sa main. Il avait eu

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