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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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un mouvement de recul, au contraire.) Nous la prenons et… nous vous tenons.
    – Alors, moi, Carcagne, je vous serre dextrement les poignets avec cette solide cordelette.
    Et Carcagne, en effet, enroulait prestement une ficelle autour des poignets de Concini, qui se débattait, vociférait, écumait, sans aucun succès d’ailleurs. A partir de ce moment, la démonstration continua, ponctuée par des gestes bien réels, hélas ! Et les trois débridés, riant, pouffant, se bourrant, s’envoyaient malicieusement la réplique sans demeurer inactifs pour cela.
    – Parfait, Carcagne !
    – Ne vous démenez donc pas ainsi…
    – C’est pour vous faire voir comment nous nous y prendrons.
    – Ensuite, nous passons aux bras…
    – Eh là, doucement ! Ne ruez donc pas ainsi, que diable !
    – Puisqu’on vous dit que c’est pour vous faire voir.
    – Est-il obstiné !…
    – Ensuite nous passons aux jambes… Là, maintenant vous ne pouvez plus ruer !… Ensuite nous vous roulons dans ce manteau que nous attachons solidement pour plus de sûreté.
    – Vé ! il crie, il crie comme un cochon qu’on égorge.
    – Alors, nous vous mettons ce mignon bâillon.
    – Là ! au moins on s’entend un peu maintenant.
    – Ensuite nous vous enlevons délicatement (ils auraient dû dire : rudement). Nous ouvrons cette porte (ils l’ouvraient, pénétraient dans la chambre en se bousculant, tiraillant dans tous les sens le malheureux Concini réduit à l’impuissance, riant à gorge déployée, heureux comme des écoliers qui viennent de jouer un méchant tour, et Gringaille continuant seul) : Nous vous déposons doucement sur ce lit (ils le jetaient brutalement) et nous disons (ils s’alignaient devant Jehan) :
    – Messire Jehan, voici congrûment roulé et ficelé, tel un énorme saucisson, le signor Concini… lequel avait une furieuse envie de nous tenir enfermés ici avec vous… Ce qu’il n’aurait pas manqué de faire… si nous n’étions de plus rusés renards que lui !
    q

Chapitre 15
    J ehan le Brave, depuis la disparition de Concini, n’avait pas cherché à reconquérir sa liberté. Il était resté à côté de la jeune fille, sans faire un geste, sans dire une parole, lui souriant doucement. Il se doutait probablement de ce qui attendait Concini.
    Bertille, de son côté, le voyant si calme, si dédaigneusement indifférent, n’avait pas ajouté une parole, s’était tenue droite et ferme à son côté, se fiant entièrement à lui.
    Jehan ne s’était même pas donné la peine d’approcher de la grande porte. Il savait que Concini avait dû la fermer. Il avait attendu sans bouger, confiant dans l’exécution d’ordres qu’il avait peut-être donnés lui-même. Seulement, maintenant qu’il était revenu au sens de la réalité, il trouvait que l’exécution de ses ordres se faisait un peu attendre. Il lui tardait de voir la jeune fille hors de ce lieu impur.
    Lorsqu’il entendit tirer les verrous, avant même que la porte s’ouvrît, sûr de ce qui allait arriver, il se tourna vers Bertille, enleva son manteau et l’enveloppa toute, avec ces gestes tendres, doux, attentifs et pourtant vifs et légers, des mères emmaillotant les tout-petits. Expliquant doucement :
    – Les nuits sont encore fraîches.
    Et elle le laissait faire, souriant avec le même confiant abandon que ces petits anges aux mains maternelles.
    Lorsque les trois pénétrèrent dans la chambre, elle était déjà enveloppée des pieds à la tête.
    Gringaille ayant terminé son explication, Jehan remercia d’un signe de tête accompagné d’un sourire – il leur faisait bonne mesure, paraît-il, car les trois se mirent à glousser et à se bourrer de coups de coude – et il dit :
    – Partons !
    Avant de sortir cependant, il ne put résister à la tentation de jeter un coup d’œil sur Concini, immobile sur le lit. Et Bertille, qui surprit ce coup d’œil au passage, sentit un frisson la frôler à la nuque.
    Jehan avait hâte d’arracher Bertille de ce lieu de débauche. Il lui semblait que l’air même qu’on y respirait était susceptible de souiller l’immaculée pureté de la jeune fille. Sans s’occuper de ses compagnons, il l’entraîna et ne s’arrêta que lorsqu’il fut dans la rue, sous la voûte d’un ciel resplendissant d’étoiles.
    Pendant ce temps, Gringaille, Escargasse et Carcagne reprenaient leur dague et leur épée et ne quittaient chaque pièce qu’après

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