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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Escargasse.
    – Pourquoi diable n’a-t-il pas appelé ces deux grands coquins de laquais que nous avons si proprement ficelés ? fit Carcagne.
    – Peut-être a-t-il perdu son sifflet, insinua Gringaille. Ivre de fureur, blême de sa déconvenue, Concini rugit :
    – Vous osez !… misérables drôles, savez-vous bien que…
    – Ah ! s’il vous plaît, signor Concini, interrompit rudement Gringaille, pas de gros mots, hé !… je vous le conseille.
    – Nous sommes bons bougres, mais tripes du pape ! on a droit à quelques égards, tout de même !
    – C’est vrai, aussi… Nous ne sommes pas des chiens ! Concini les vit hérissés, l’œil farouche, les crocs sortis, prêts à déchirer et à mordre. Il entrevit alors que sa situation était plus critique qu’il ne l’avait pensé. Néanmoins il ne se rendit pas. Il se redressa de toute sa hauteur et d’un air suprêmement dédaigneux, il gronda :
    – Faites attention à vos paroles !… Faites attention surtout à ce que vous allez faire ! Je vous retrouverai… à moins que vous ne m’assassiniez.
    – Vous assassiner ?… Fi donc !… Ce sont là manières de grand seigneur… comme vous, signor Concini… et qui ne sauraient être employées par de pauvres diables comme nous !
    Concini ne sourcilla pas. Comme s’il n’avait pas saisi l’outrageante allusion, il reprit froidement :
    – Alors, que voulez-vous ?… Comment, vous me trahissez, moi !… moi qui vous fais vivre, moi qui vous couvre de ma protection, moi qui puis vous enrichir, vous me trahissez, et pour qui ?… Pour une fille que vous ne connaissez pas… pour un aventurier, sans sou ni maille, que le bourreau guette, qui vous fera crever de faim, de froid, de misère, jusqu’au jour où il vous traînera à sa suite sur l’échafaud qui l’attend !…
    – Etes-vous devenus subitement déments ?…
    Il ne les quittait pas des yeux. Il les vit ébranlés, hésitants. Il continua d’une voix qui se fit plus insinuante, plus persuasive :
    – Allons,
Cristo santo !
revenez au sens de la réalité !… Tenez, j’ai pitié de vous… Je veux bien oublier que vous avez cherché à m’insulter. J’oublie que vous m’avez menacé et je vous dis : Voulez-vous être à moi, pendant une heure seulement ?… Une heure d’obéissance passive, absolue, une heure de fidélité, ce n’est pas beaucoup… je m’en contente cependant et en échange je vous donne une fortune qui vous mettra à l’abri du besoin le reste de vos jours !…
    – Outre !
    – Tripes du pape !
    – Cornes de Dieu !
    Les trois jurons n’en firent qu’un. Immédiatement après, un des trois demanda :
    – Combien ?
    Une lueur de triomphe passa dans l’œil de Concini, il pensa :
    « Il faut que je les assomme… et ils sont à moi. » :
    Et les regardant droit dans les yeux, il énonça froidement :
    – Cent mille livres à vous partager.
    Et en lui-même :
    – Oui, chiens maudits, servez-moi pendant une heure, et après… trois bonnes cordes toutes neuves, trois potences… voilà les cent mille livres que je vous destine !
    Les trois avaient chancelé. Ce chiffre, fabuleux pour eux, leur avait produit l’effet d’un coup de matraque sur le crâne.
    – Trente-trois mille trois cent trente-trois livres, six sols et huit deniers chacun !
    Le compte avait été vite établi, comme on voit.
    – De quoi vivre dans la bombance jusqu’à la fin de ses jours !
    – A ce prix-là, j’étriperais mon propre père… si je l’avais jamais connu !
    Concini rugit en lui-même : « Ils sont à moi ! » Et tout haut :
    – Est-ce dit ?
    Ils parurent se consulter du regard, pour la forme sans doute, car déjà leur attitude s’était modifiée et ils avaient repris ces allures courbées, ces démonstrations de respect exorbitant qui leur étaient habituelles. Concini frémissait d’impatience, non d’incertitude, parce qu’il voyait bien qu’ils étaient décidés. Enfin ils adhérèrent résolument.
    – C’est marché conclu, monseigneur !
    – Pendant une heure, nous vous appartenons.
    – Quoi que vous nous commandiez, nous l’exécuterons.
    A force de volonté, Concini était parvenu à rester impassible. Mais en lui-même, il exultait. Une joie puissante, furieuse, comme il en avait rarement ressenti de pareille, l’étreignait. Il crut que tout était dit, et dans sa hâte d’en finir, il voulut expliquer à l’instant même ce

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