Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
lui, il pensait bien à cela, je vous assure ! Il ne voyait que son attitude si gracieuse. Il lisait dans ses yeux si doux, qui lui parlaient longuement, éloquemment. Il se grisait de la musique enivrante de sa voix.
    Elle reprit, peut-être sans savoir ce qu’elle disait :
    – Comment êtes-vous arrivé si à propos ?
    Ceci les ramenait à la réalité. Dès lors, il retrouva son aisance. Il se mit à rire doucement, et expliqua :
    – C’est bien simple ! Figurez-vous que, comme je rentrais chez moi, j’ai vu la litière qui s’éloignait, et je n’ai pas pressenti l’affreuse réalité. J’étais rentré chez moi, bien tranquille. Tout à coup, voilà que je me souviens que j’avais oublié de…
    Il s’arrêta court, très embarrassé. Il rougit et baissa la tête de l’air honteux d’un coupable acculé à un aveu pénible.
    Son cœur lui fit deviner ce qu’il n’osait avouer, et ce fut encore elle qui parla, avec la superbe assurance que lui donnait son ignorance :
    – Vous aviez oublié de vérifier si aucun danger ne me menaçait ? Il fit piteusement : Oui ! de la tête et il leva timidement les yeux sur elle. Il vit qu’elle souriait et il se mit à rire de son rire le plus clair, et elle rit avec lui.
    C’étaient deux enfants, deux vrais enfants.
    Rassuré, il reprit :
    – J’avais oublié de visiter l’impasse… Je redescends mes escaliers plus vite que je ne les avais montés et je me précipite… Qu’est-ce que je trouve ? Un volet arraché, des barreaux brisés par terre… Mon sang ne fait qu’un tour. Je ne réfléchis pas. Je saute jusqu’à ce trou noir que le volet abattu démasquait. Je sens un obstacle… une planche, je ne sais quoi. J’abats l’obstacle d’un coup de poing et j’entre… Une femme – la propriétaire – était étalée à plat ventre sur le parquet. Que faisait-elle là ? Que cherchait-elle ? Je ne sais pas. Je n’ai pas regardé. Elle me voit… Je devais avoir une figure terrible qui dut lui faire croire que sa dernière heure était venue… Jamais je n’ai vu visage humain exprimer tant d’épouvante. Je saute dessus, je l’empoigne à la gorge, je la secoue et je lui crie dans la figure :
    « – Où est-elle ?
    « La gueuse !… Elle a compris tout de suite. Mais je l’étranglais sans m’en apercevoir. Je desserre mon étreinte ; elle râle :
    « – Partie !… Enlevée !… Je n’y suis pour rien !… Grâce !…
    « On s’explique, à la hâte. Je lui arrache les mots, syllabe par syllabe… Au signalement, je reconnais mes hommes. La litière ?… Je l’avais vue s’en aller dans la direction de la Seine. J’étais fixé. Je savais qui avait fait le coup et où l’on vous conduisait. Je lâche la vieille, je repasse par le trou et je m’élance. J’arrive. Je martèle la porte à coups de pied, à coups de poing. Je crie, j’appelle… Heureusement, mes hommes se tenaient sur le qui-vive. Ils m’entendent, reconnaissent ma voix. Ils m’ouvrent. Une indication qu’ils me donnent, un ordre que je lance en bondissant… Il était temps !… Vous voyez que c’est très simple. »
    Elle répéta machinalement :
    – C’est très simple !…
    Et les yeux perdus dans le vague, comme si elle avait considéré des choses visibles pour elle seule, doucement, à mi-voix, se parlant à elle-même :
    – J’ai vu l’algarade avec les deux inconnus qui voulaient pénétrer chez moi. J’ai vu le duel avec le roi. J’ai vu la bataille avec les archers, alors que je tremblais que le roi n’arrivât trop tard. J’ai vu le misérable s’écrouler, assommé par un soufflet… un seul soufflet lancé par cette main de fer !…
    Elle joignit ses petites mains et, extasiée, les traits illuminés par une joie enfantine, à laquelle se mêlait un naïf orgueil, elle acheva sa pensée :
    – Pour moi !… Tout cela pour moi !…
    Alors, ses yeux se portèrent sur lui qui, à demi courbé, palpitait, exalté d’une telle joie qu’il lui semblait que son cœur allait éclater dans sa poitrine. Et elle tendit vers lui ses jolies mains jointes en un geste de supplication :
    – Prenez garde, dit-elle d’une voix ardente. Il faut veiller sur vous. Et avec une exaltation soudaine :
    – Pourquoi ces archers, ces gardes sont-ils arrivés si fort à propos ? Quelqu’un les avait donc prévenus ?
    Une ombre passa sur le front de Jehan. Si fugitive qu’elle fût, elle la vit, ou son cœur

Weitere Kostenlose Bücher