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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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coucher à l’instant. Voici que le jour se lève, il est grand temps.
    – Pourquoi ne coucheriez-vous pas ici ? demanda presque timidement celle que Pardaillan appelait familièrement Giralda.
    Pardaillan lui jeta un coup d’œil affectueux, et moitié rieur, moitié renfrogné :
    – Je vous gênerais inutilement, petite Giralda, fit-il. Je suis un vieux maniaque, voyez-vous, et le mieux est encore de me laisser à mes petites habitudes. Mais, dites-moi, pendant votre courte absence, cette enfant sera-t-elle vraiment en sûreté ici ? J’ai des raisons de croire qu’on va la rechercher.
    – Comment soupçonner qu’elle s’est réfugiée ici ? Nos gens auront ordre de faire bonne garde autour de sa personne, assura don César, et à moins qu’elle ne s’en aille volontairement…
    – Si vous êtes inquiet, nous pouvons remettre ce voyage, offrit la Giralda.
    Pardaillan eut une seconde d’hésitation. Et se décidant brusquement :
    – Non ! dit-il. Il est probable, en effet, qu’on ne la cherchera pas ici… D’ailleurs, en votre absence, je viendrai de temps en temps m’assurer par moi-même que rien ne la menace.
    – A propos, fit brusquement la duchesse, vous savez qu’elle m’a demandé votre nom ?
    – Eh bien ?
    – Je lui ai dit que vous étiez le comte de Margency.
    – Quelle idée ! fit Pardaillan, en levant le sourcil. Je n’ai pas à faire mystère de mon nom à cette enfant.
    – Puisque vous ne lui aviez pas dit vous-même, j’ai pensé que ce n’était pas à moi de le lui faire connaître… Je réparerai ma maladresse à mon retour d’Andilly.
    – Bah ! ne vous tracassez pas pour si peu. Ceci n’a aucune importance.
    Là-dessus, Pardaillan prit congé de ses amis et s’en fut tout droit à son auberge du
Grand-Passe-Partout.
    Une fois dans sa chambre, Pardaillan, qui enrageait de sommeil et qui n’était plus d’âge à se passer de repos – c’est lui-même qui l’avait dit – Pardaillan tira son fauteuil près de la fenêtre, plaça une petite table à portée de sa main, une bouteille pleine et un verre vide qu’il eut soin de remplir incontinent sur la table, et il resta là longtemps à rêver, en vidant son verre à petites gorgées.
    Lorsque la bouteille fut aussi parfaitement vide que le verre, Pardaillan sortit de sa longue rêverie. Il s’aperçut alors qu’il faisait grand jour et que la rue avait repris son animation accoutumée.
    Il se leva en grommelant, jeta un coup d’œil de regret sur le lit défait et alla se plonger la figure dans un bassin rempli d’eau fraîche. Il accomplissait ces gestes d’une manière toute machinale, l’esprit évidemment ailleurs. Et tout à coup, il se secoua comme pour jeter une pensée importune et il pensa tout haut :
    – Après tout, qu’importe !… Je m’intéresse à ce garçon parce qu’il est réellement intéressant… Voilà tout !…
    Ayant ainsi écarté de son esprit l’idée qui l’avait préoccupé si longuement et si vivement, rafraîchi par ses ablutions, il sortit et s’en alla tout doucement, en flâneur, jusqu’à la rue du Four, inspecter les environs de la maison des Taureaux.
    N’ayant rien remarqué d’anormal, il s’éloigna en sifflotant un air du temps de Charles IX.
    q

Chapitre 17
    E n voyant entrer Jehan dans sa chambre, Bertille s’était levée.
    Il s’approcha d’elle et ne s’arrêta que lorsqu’il se vit devant la petite table, chargée de sa collation délicate, qui se dressait comme un obstacle entre elle et lui.
    Il n’aurait pu dire comment ses jambes vacillantes l’avaient porté jusque-là. Il se sentit oppressé d’angoisse, le cœur frissonnant, le cerveau vide, comme ivre. Il n’osait pas la regarder et cependant il la voyait très bien. Il eût voulu parler. Il sentait qu’aucun son ne sortirait de sa gorge contractée.
    Elle était aussi émue que lui. Seulement, vierge de pureté, sa candeur ignorante lui donnait une force que l’homme ne pouvait avoir. Et ce fut elle qui parla la première, d’une voix qui tremblait à peine.
    – Sans vous, j’étais perdue !
    Elle le regardait de ses grands yeux clairs, et de ses doigts fuselés, elle lissait, d’un geste machinal, la nappe immaculée de la petite table.
    Elle ne s’apercevait pas qu’elle oubliait de le remercier. Peut-être avait-elle l’intention de le faire tout à l’heure. Peut-être croyait-elle l’avoir déjà fait. Elle ne savait pas trop.
    Quant à

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