Le grand voyage
l’accueil qu’il avait reçu
des étrangers qu’il avait rencontrés quand il voyageait à pied avec son frère.
La formule de bienvenue exprimée au nom de la Mère offrait plus que l’hospitalité.
C’était une invitation à tout partager. Celle, plus limitée, que leur faisait l’homme,
montrait de la méfiance, mais au moins ne levait-on plus les sagaies contre
eux.
— Alors, au nom de Mut, acceptez de partager notre dîner et
nous serions heureux que vous déjeuniez avec nous demain matin.
Celui Qui Ordonne ne pouvait proposer plus, mais Jondalar
sentait qu’il aurait aimé offrir davantage.
— Au nom de la Grande Terre Mère, nous serions heureux de
partager votre dîner, dès que nous aurons installé notre camp, accepta
Jondalar. Mais demain, nous partirons tôt.
— Où êtes-vous donc si pressés d’aller ?
Jondalar avait vécu longtemps parmi eux, mais il fut tout de
même surpris par la question directe, typique des Mamutoï, surtout qu’elle
venait d’un inconnu. Dans le peuple de Jondalar, une question ainsi formulée
aurait été une impolitesse, non pas une grave indiscrétion, mais le signe d’un
manque de maturité, ou, à tout le moins, un défaut d’appréciation du discours
subtil et plus indirect des adultes.
Mais Jondalar avait appris que la candeur était une qualité chez
les Mamutoï, et que l’absence de franchise était mal vue, même si les Mamutoï n’étaient
pas toujours aussi ouverts qu’ils en avaient l’air. Tout dépendait de la façon
dont on posait les questions, comment elles étaient reçues, et ce qui était
sous-entendu. Mais la franche curiosité du chef de ce Camp allait de soi, parmi
les Mamutoï.
— Je retourne chez mon peuple, répondit Jondalar, et je
ramène cette femme avec moi.
— Êtes-vous vraiment à un jour près ?
— J’habite très loin, vers l’ouest. Je suis resté absent...
(Jondalar réfléchit)... quatre ans, et il nous faudra encore une année avant d’arriver,
si tout se passe bien. Nous traverserons des endroits dangereux, des rivières,
des glaciers, et je ne veux pas les atteindre à la mauvaise saison.
— A l’ouest ? On dirait plutôt que vous vous dirigez
vers le sud.
— C’est exact. Nous voulons rejoindre la mer de Beran et la
Grande Rivière Mère. Ensuite, nous remonterons le courant.
— Il y a quelques années, mon cousin est allé vers l’ouest,
faire du troc. Il a rencontré là-bas des hommes qui vivaient près d’une rivière
qu’ils appelaient aussi la Grande Mère et il pensait qu’il s’agissait de la
même. Ces hommes étaient venus de nos régions. Tout dépend à quelle hauteur de
la rivière vous allez, mais il y a un passage au sud du Grand Glacier, au nord
de la montagne de l’ouest. Vous raccourciriez votre Voyage en prenant ce
chemin.
— Oui, Talut m’a parlé de la route du nord, mais personne n’est
sûr qu’il s’agisse de la même rivière. Si ce n’est pas la même, cela prendra du
temps de retrouver l’autre. Je suis venu par le sud et je connais la route. En
outre, j’ai un parent parmi le Peuple du Fleuve. Mon frère a été uni à une
femme sharamudoï, et j’ai vécu parmi eux. J’aimerais les revoir, c’est la
dernière fois que j’en aurai l’occasion.
— Nous commerçons avec le Peuple du Fleuve... il me semble
avoir entendu parler d’étrangers, il y a un ou deux ans, des étrangers qui
vivaient avec ce Camp qu’une femme mamutoï avait rejoint. Maintenant que j’y
repense, oui, on parlait de deux frères. Les Sharamudoï n’ont pas les mêmes
coutumes d’union que nous, mais si je me souviens bien, la femme mamutoï et son
compagnon devaient s’unir avec un autre couple. Je crois que c’était une sorte
d’adoption. Ils ont envoyé, des messagers inviter les Mamutoï appartenant au
foyer de la femme. Plusieurs s’y sont rendus, et un ou deux en sont revenus.
— L’étranger, c’était Thonolan, mon frère, déclara
Jondalar, content que l’on puisse ainsi vérifier ses dires, et bien qu’il ne
pût prononcer le nom de son frère sans ressentir un profond chagrin. Il a été
uni à Jetamio en même temps que Markeno à Tholie. C’est Tholie qui, la
première, m’a appris le mamutoï.
— Tholie est une cousine éloignée, et tu lui serais
apparenté par ton frère ? (L’homme se tourna vers sa sœur.) Thurie, cet
homme est un parent, nous lui devons l’hospitalité et à la femme aussi. Je m’appelle
Rutan,
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