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Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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avec certitude.
    Certains prétendirent qu’il était avocat et qu’il agissait comme homme de paille d’un ordre obscur, d’autres firent état de liens avec la mafia russe. Personne n’avait de preuves. Le fait est que Tecina paya rubis sur l’ongle, le prix d’achat et la restauration. Les doutes concernant la provenance de l’argent passèrent au second plan.
    Le cardinal secrétaire d’État croyait connaître le secret qui se cachait derrière les murailles de la forteresse de Layenfels. Un secret qui occupait toutes ses pensées. Et, dès qu’il s’attardait sur le sujet, les plus vives inquiétudes s’emparaient de lui, à tel point qu’il en avait des nausées. Il considérait de plus comme une humiliation d’obtempérer aux ordres d’Anicet et de le suivre docilement comme un chien.
    Ils gravirent les marches en pierre qui menaient au premier étage du château. L’escalier très raide ne possédait pas de rambarde à laquelle on eût pu se tenir. Fatigué, épuisé, engoncé dans son précieux carcan, Gonzaga peina pour arriver tout en haut.
    L’un derrière l’autre, les hommes vêtus de noir suivaient le cardinal, comme lors d’une procession. Certains murmuraient des paroles incompréhensibles, d’autres accomplissaient le trajet en silence.
    Une fois sur le palier, une porte étroite bardée de fer forgé s’ouvrait sur la salle des chevaliers, tout en longueur, que surplombait une majestueuse voûte en berceau. La vaste salle, très claire, était dépourvue d’ameublement, à l’exception d’une table de réfectoire.
    Un peu perdu, le cardinal Gonzaga chercha des yeux son secrétaire. Il finit par le repérer au milieu de l’assistance, qui comptait une bonne centaine d’hommes. Soffici accourut pour aider son patron à enlever son manteau. Les hommes en noir, pareils à des chiens voraces qui ont flairé le sang du gibier abattu, se pressèrent autour du cardinal lorsqu’ils découvrirent ce qui se cachait sous le manteau. Tous les cous se tendirent en même temps, comme s’ils avaient obéi à un signal inaudible.
    Seul Anicet résista à la force invisible qui émanait de Gonzaga. Le visage empreint d’une expression à mi-chemin entre le triomphe et la curiosité, il observait avec beaucoup d’intérêt la manière dont Soffici retirait le linge ocre et rêche que le cardinal portait autour de sa taille, comme un corset.
    Tandis que Gonzaga faisait trois tours sur lui-même, le secrétaire déroula le linge et le plia plusieurs fois. Puis il déposa le tout sur la table au milieu de la salle. Les hommes, qui suivaient avec beaucoup d’attention le déroulement des opérations, gardaient le silence.
    —  In nomine Domini , murmura Anicet, sur un ton satisfait en commençant à étaler le linge.
    Des centaines de paires d’yeux ne perdirent pas une miette des gestes du Grand Maître. Bien que tous dans la salle fussent avertis de ce qui se déroulait devant eux, l’atmosphère était tendue à l’extrême.
    Anicet avait déployé le linge dans le sens de la longueur sur plus de deux mètres. Le cardinal se porta à l’autre bout de la table et, avec le Grand Maître, étendit le linge qui était encore plié en deux.
    — C’est le début de la fin, lança Anicet sur un ton triomphal.
    Jusqu’à cet instant, le Grand Maître avait su maîtriser sa voix et ses émotions. Mais à présent, à la vue du linge déplié, il suffoquait. Il répéta une fois encore :
    — Le début de la fin.
    Les hommes autour de lui affichaient des regards sceptiques, certains montraient des signes de trouble. Un petit homme rougeaud au crâne chauve s’agrippa à son voisin et enfouit son visage contre sa poitrine, comme si le spectacle était insoutenable. Un autre secoua la tête comme pour dire : « Non, ce n’est pas possible ! » Un troisième, dont la tonsure trahissait le passé monacal, bien qu’il portât, à la place de l’habit, un costume sombre, se frappa violemment la poitrine comme s’il tombait en extase.
    Sous leurs yeux se trouvait le linceul dans lequel Jésus de Nazareth avait été enveloppé après sa mort sur la croix. Le lin présentait les traces sombres d’un supplicié en négatif.
    On reconnaissait nettement le recto et le verso du corps à une distance de cinquante centimètres l’un de l’autre. Et il suffisait de fixer suffisamment l’endroit où devait s’être trouvé le visage pour que l’image prenne des formes en trois

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