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Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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une chaise, une couche sans matelas en face de la fenêtre et, au-dessus, un vieux téléphone accroché au mur. Sur le grabat, un gardien somnolait, les mains jointes. L’ampoule, qui brillait au plafond, l’empêchait de dormir vraiment.
    Ce tableau était rendu inquiétant par la présence d’un pistolet-mitrailleur posé sur une chaise, à portée de sa main.
    Au moment où Soffici allait attirer l’attention du gardien en frappant à la vitre, il entendit un bruit de moteur. Alberto avait réussi à remettre sa Fiat en route. La voiture progressait très lentement sur le chemin escarpé.
    Le veilleur tressaillit, se redressa et saisit son arme avant de se diriger vers la fenêtre. Soffici se retrouva face à un visage pâle, émacié.
    — Le code ! lui intima le gardien.
    — Le code… répéta Soffici et, voyant le pistolet-mitrailleur braqué sur lui, il bégaya :
    — « Apocalypse 20, 7 ».
    Le gardien au teint pâle referma la porte, décrocha le combiné du téléphone et transmit l’information.
    La lourde grille de fer se releva toute seule et disparut dans le mur au-dessus de la tour d’entrée.
    Alberto immobilisa la voiture. Un instant après, le veilleur se posta devant le porche d’entrée et fit signe au véhicule d’avancer dans la cour de la forteresse. On les attendait.
    Des silhouettes vêtues de noir affluèrent du cloître qui entourait la cour hexagonale. En un clin d’œil, elles eurent encerclé le véhicule.
    Soffici s’approcha et aida le cardinal secrétaire d’État à s’extirper de la voiture. Son patron paraissait guindé et presque embarrassé à la vue de tous ces gens à l’affût. Un homme grand et mince, vêtu d’un long manteau sombre, les cheveux longs rejetés en arrière, s’approcha de Gonzaga et lui demanda, sans le saluer, sur un ton plutôt détaché :
    — Tout s’est-il bien passé ?
    L’homme en question s’appelait Anicet.
    Le cardinal secrétaire d’État avait l’habitude qu’on s’adressât à lui avec plus de déférence. Son ministère lui conférait la dignité suprême, et il n’était pas prêt à s’en défaire, y compris dans cette situation.
    — Bonjour, monsieur le cardinal, fit-il, dédaignant de répondre à la question de son interlocuteur. Quelle horrible contrée !
    Les deux hommes partageaient un passé commun. Ils se connaissaient parfaitement l’un l’autre. Mais le fâcheux de la situation tenait au fait qu’Anicet avait le cardinal secrétaire d’État à sa merci. D’où la haine de Gonzaga à l’égard d’Anicet, lequel se faisait appeler pompeusement le Grand Maître. Un titre qui ne sied pas à un chrétien, pas même à un cardinal.
    — Pour en revenir à votre question, finit par dire le cardinal, oui, tout s’est bien passé.
    La pointe de cynisme transparaissant dans la réponse de Gonzaga n’échappa pas à Anicet, qui n’en laissa toutefois rien paraître. Son visage ingrat s’éclaira même d’un sourire courtois lorsqu’il invita le cardinal à le suivre.
    Le château de Layenfels avait été érigé au milieu du dix-neuvième siècle par un Anglais nostalgique, sur le modèle des forteresses médiévales.
    La construction n’en avait toutefois jamais été achevée, pour la bonne raison que, par un Vendredi saint glacial, James Thomas Bulwer – l’Anglais en question – s’était un peu trop penché par-dessus le garde-corps du donjon et avait fait une chute de trente mètres qui lui avait coûté la vie.
    Un Prussien, fabricant de boutons, qui avait par la suite acheté la construction en l’état, n’y avait guère été plus heureux : sa maîtresse berlinoise, danseuse de cabaret et buveuse aguerrie, l’avait par jalousie tué d’une balle de revolver avant l’achèvement des travaux.
    Depuis, on racontait qu’une malédiction planait sur la forteresse de Layenfels. Au fil du temps, l’édifice était tombé en ruine, car il ne s’était pas trouvé d’acquéreur qui fût prêt à payer, en plus du prix d’achat, la somme considérable que représentaient la restauration et l’achèvement de la construction.
    On devine l’étonnement des élus de la bourgade de Lorsch, qui avaient entre-temps acquis le château, lorsqu’ils virent un beau jour surgir un Italien du nom de Tecina. L’homme, à l’apparence soignée, portait des vêtements de luxe et conduisait une Mercedes 500 bleu foncé. Cependant, c’était là tout ce que l’on pouvait dire de lui

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