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Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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se situait non loin de son hôtel, dans une rue adjacente à la Via dei Coronari, entre la Piazza Navona et le méandre que décrit le Tibre à cet endroit-là.
    La chaleur étouffante de l’été plombait les rues. La plupart des Romains avaient quitté la ville poussiéreuse qui empestait les gaz d’échappement. Malberg essayait autant que possible de marcher à l’ombre.
    Heureusement que la marquise l’avait prévenu de l’état de son immeuble, sans quoi il n’y aurait même pas prêté attention et serait passé sans s’arrêter devant cette maison laide, plutôt en piteux état, ou qui avait du moins connu des jours meilleurs. Chose étrange, pour qui savait que cette demeure abritait une véritable marquise.
    Il manquait des morceaux de stuc aux encadrements des fenêtres. Le crépi de la façade se fissurait et la porte d’entrée en bien n’avait pas vu un pinceau depuis l’époque du Piranèse.
    Malberg entra dans la cage sombre de l’escalier, dont l’odeur humide et froide lui rappela immédiatement celle de l’immeuble de Marlène.
    Lorsqu’il arriva au dernier palier, il tomba sur une femme menue, entièrement vêtue de noir, aux yeux sombres et aux cheveux soigneusement tirés en arrière. Son maquillage était parfait et ses jambes, mises en valeur par des bas noirs et des chaussures à hauts talons, l’étaient tout autant.
    L’expression de son visage était aussi sévère que son apparence extérieure. Elle tendit la main à Malberg et s’écria d’une voix éraillée :
    —  Signore  !
    Elle ne dit rien d’autre. Malberg poursuivit.
    — Malberg, Lukas Malberg. C’est très gentil à vous de me recevoir, marquise !
    — Oh ! Un homme qui connaît les bonnes manières ! répondit la marquise en gardant un moment la main de Malberg dans la sienne.
    Il était visible que la marquise avait pleuré. Mais Malberg était gêné. Le ton qu’elle employait le mettait mal à l’aise. Se moquait-elle de lui ?
    — Si vous voulez bien me suivre, signore , poursuivit-elle en passant devant lui.
    Lukas Malberg ne l’avait imaginée ni si petite, ni si menue, ni si belle, ni aussi charmante. Elle devait avoir dans les quarante-cinq ans, peut-être même cinquante. En tout cas, elle avait une certaine classe, une classe qui ne tient pas à l’âge.
    Lorenza Falconieri fit entrer Malberg dans une vaste pièce dont les quatre murs étaient tapissés de bibliothèques du sol au plafond.
    Au centre de la pièce se trouvait un petit guéridon noir dont le pied figurait les pattes d’un lion, une bergère, un canapé fatigué garni d’un tissu dans les teintes bleu-vert, avec des motifs représentant des plumes de paon.
    — Un café ? proposa la marquise après avoir prié Malberg de prendre place.
    — Très volontiers, si cela ne vous dérange pas.
    Elle quitta la pièce, et Malberg put tout à loisir contempler la bibliothèque. À eux seuls, les dos des livres étaient déjà fort prometteurs.
    — N’hésitez pas à jeter un coup d’œil aux livres, lui lança la marquise depuis la cuisine. C’est bien pour cela que vous êtes venu.
    Malberg se dirigea vers les rayonnages faisant face à la fenêtre. Il prit un volume relié en maroquin dont il regarda la première et la dernière page en hochant admirativement la tête. Puis il prit un deuxième, un troisième et un quatrième volume.
    — Je suppose que vous savez ce que vous possédez là, dit-il lorsque la marquise revint avec un plateau d’argent qu’elle déposa sur le guéridon.
    Lorenza Falconieri s’assit sur le canapé et remarqua l’admiration qu’inspirait à Malberg l’ouvrage qu’il tenait entre ses mains.
    — Pour être franche, non, répondit-elle. Je sais seulement que le marquis a englouti des sommes colossales dans ces livres anciens. Je ne m’y connais malheureusement pas. Je suis donc obligée de me fier à l’expert que vous êtes.
    Malberg souleva le gros volume, comme il aurait fait d’un trophée.
    — Ceci est le quatrième tome d’une bible de Koberger, un incunable datant de l’an 1483, d’une extraordinaire rareté. Mais, ce qui est encore plus rare, c’est que vous détenez également les trois autres volumes. C’est unique, et cela a naturellement un prix.
    Il ouvrit le livre à la dernière page et pointa son doigt sur le dernier paragraphe.
    — Regardez là, le colophon !
    — Le colophon ?
    — La signature ou la marque de l’imprimeur. Au quinzième siècle,

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