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Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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d’investir.
    À lui seul, le volume des Chroniques de Nuremberg , datant de 1493, de Hartmann Schedel, médecin et historien à Nuremberg, valait le prix d’une moyenne cylindrée. Le livre contenait plus de mille lithographies représentant les villes importantes du Moyen Âge. Les collectionneurs étaient prêts à débourser des fortunes pour acquérir une telle pièce.
    Un livre de format in-quarto, à l’aspect plutôt insignifiant, déclencha chez le bouquiniste une sorte de fébrilité. Il lui fallut un bon moment pour réaliser qu’il s’agissait là de l’édition légendaire des comédies de Terence, un exemplaire que collectionneurs et bouquinistes du monde entier recherchaient depuis cinquante ans.
    Dans l’ouvrage, publié en 1519, le réformateur Philipp Melanchton avait noté des corrections manuscrites destinées à une nouvelle édition.
    Il existait une liste exhaustive des propriétaires de ce livre depuis l’époque de Melanchton, il y avait près de cinq cents ans. Au dix-neuvième siècle, l’ouvrage avait quitté l’Allemagne pour l’Angleterre.
    C’est là qu’un collectionneur juif l’avait acheté lors d’une vente aux enchères et l’avait rapporté en Allemagne. Ce même collectionneur, fuyant les nazis, l’avait emporté en cachette lorsqu’il s’était embarqué pour New York où, pressé par la nécessité, il l’avait vendu à un collectionneur de Floride.
    Par la suite, les héritiers de ce dernier l’avaient mis en vente. Mais, avant même que les spécialistes en aient eu vent, le trésor du bibliophile avait trouvé un nouveau propriétaire, un Européen, disait-on. On n’en avait plus jamais entendu parler.
    Malberg remarqua que ses mains tremblaient. Il aurait voulu dire à la marquise quel trésor elle possédait là. Mais il se ravisa, car ce n’était pas dans son intérêt.
    D’un autre côté, taire cette information eût tenu de la malhonnêteté. Mais ne vivait-on pas dans un monde essentiellement malhonnête ? Un monde dans lequel l’ignorant est toujours la victime du plus malin ?
    En tant que bouquiniste, il gagnait sa vie en achetant bon marché des livres qu’il revendait avec bénéfice. Devait-il faire une offre à la marquise ? De quel montant ? Dix mille euros ? Vingt mille euros ? Sans doute donnerait-elle sur-le-champ son accord à cette transaction.
    Il pourrait lui faire un chèque, le marché serait conclu normalement. Et lui, de son côté, il aurait fait l’affaire de sa vie.
    — Un autre café ?
    Malberg sursauta. Il était si profondément plongé dans ses pensées qu’il n’avait pas entendu Lorenza arriver.
    — Excusez-moi. À en juger par votre attitude, votre métier vous absorbe complètement.
    Malberg eut un sourire contraint. Il observa la marquise qui lui versait un café.
    — Exceptionnelle, cette collection, vraiment exceptionnelle, remarqua-t-il, histoire de meubler la conversation.
    Le timbre strident de la sonnette libéra Malberg de son embarras.
    — Excusez-moi encore un instant, dit la marquise en quittant la pièce.
    Malberg écouta d’une oreille distraite la conversation animée qui se déroulait sur le pas de la porte entre la marquise et un homme à la voix de fausset.
    Cela ne l’intéressait pas. Déconcerté, il remit le précieux livre en place. Quelle attitude devait-il adopter ?
    Tout à ses pensées, il fixait une porte, sur sa gauche, qui donnait dans une autre pièce. Sans intention particulière, pendant que Lorenza discutait avec son visiteur, Malberg ouvrit cette porte.
    Il pénétra dans un boudoir meublé dans un genre plutôt douteux. Le lit, la bergère tendue de brocart, la commode surmontée d’un miroir laqué blanc n’étaient pas du goût de Malberg.
    Au moment où il allait sortir de la pièce, son regard tomba sur une série de photos de format standard, accrochées au mur en face du lit.
    Elles représentaient toutes la même personne, nue, ou bien en tenue légère : Marlène.
    Malberg ne pouvait détacher son regard de ces charmants portraits. Il se refusa à tirer la moindre conclusion de cette découverte. Mais il était troublé. La marquise pouvant revenir d’une minute à l’autre, il préféra quitter la pièce.
    À peine avait-il refermé la porte du boudoir qu’elle réapparaissait effectivement dans la bibliothèque. Elle s’excusa poliment, sans faire état des raisons de sa courte absence.
    — Mais je suis certaine que vous ne vous êtes pas

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