Le Huitième Péché
la rue à leur tour et pénétrèrent dans l’entrée sombre.
Paolo tendit une lampe de poche à Lukas, qui les précéda à pas feutrés dans l’escalier. Il reconnut immédiatement l’odeur de cire et de détergent. Devancé par le faisceau dansant de sa torche, il gravit les marches jusqu’au dernier étage.
— Ici ! chuchota Malberg en décrivant un rectangle sur le mur à l’aide de sa lampe C’est ici que se trouvait la porte de l’appartement de Marlène.
Entre-temps, Paolo avait trouvé à gauche la porte coupe-feu qui s’ouvrait sur les combles. Malberg éclaira le verrou de la porte.
— Fastoche, murmura Paolo.
Et, en effet, une dizaine de secondes lui suffirent pour crocheter cette deuxième serrure.
Sans le moindre bruit, les trois comparses disparurent derrière la porte de métal. Ils se retrouvèrent dans un vaste grenier tout en longueur, dont la plus grande partie disparaissait dans l’obscurité.
Néanmoins, ils pouvaient distinguer les trois conduits de cheminées dont l’enduit s’écaillait, et la charpente assez basse qui les obligeait à baisser la tête pour se frayer un passage dans ce bric-à-brac inquiétant digne d’un décor de film d’Alfred Hitchcock : des meubles anciens dont les brocanteurs auraient raffolé, une demi-douzaine de bicyclettes et plusieurs poussettes, la plus vieille datant du siècle passé, des caisses de munitions de la dernière guerre, des sacs éventrés remplis de vêtements usagés, une échelle posée contre un conduit de cheminée, une machine à coudre à pédale et un des tout premiers postes de télévision. Le tout avait quelque chose d’un peu inquiétant… et de terriblement poussiéreux.
Lukas Malberg pointa le faisceau de sa lampe sur la grosse l’armoire, à droite de la porte.
Paolo s’attendait à ce qu’elle fût fermée à clé. À l’instant où il se penchait sur la serrure, les deux portes s’ouvrirent d’elles-mêmes.
Malberg s’approcha pour éclairer l’intérieur du meuble. Il ne s’attendait pas nécessairement à y découvrir une deuxième porte, comme chez la signora Papperitz. Cependant, il ne put dissimuler une certaine déception après avoir inspecté le fond de l’armoire, qu’il malmena du reste sans se soucier de ce qu’elle contenait.
— Il faut écarter l’armoire du mur, dit Malberg en essuyant avec sa manche la sueur qui perlait sur son front. Allez, donne-moi un coup de main ! ajouta-t-il en se tournant vers Paolo.
Caterina tenait la lampe pendant que Lukas et Paolo déplaçaient l’armoire par à-coups. La tâche était d’autant plus difficile qu’ils ne devaient surtout pas attirer l’attention.
Ils avaient presque atteint leur objectif lorsqu’à l’intérieur du meuble une étagère s’effondra avec tout ce qu’elle supportait, à savoir une douzaine de vieux plats et de verres…
Malberg, Caterina et Paolo se figèrent d’effroi. Le fracas qui avait retenti aurait suffi à réveiller tout l’immeuble.
— On se casse ! murmura Paolo.
Caterina rattrapa son frère par le bras gauche.
Malberg, l’index posé sur les lèvres, tendit l’oreille. Silence. D’un instant à l’autre, les portes allaient s’ouvrir dans la cage d’escalier, des pas retentiraient : ils seraient découverts.
Mais rien de tel ne se produisit. Ils n’entendirent pas le moindre bruit. Le silence était pesant.
Comment se faisait-il que personne n’ait entendu un pareil boucan ?
Ils restèrent ainsi immobiles durant quelques minutes, osant à peine respirer, en proie aux plus vives angoisses. Malberg gardait sa lampe braquée sur la porte. Paolo fut le premier à retrouver ses esprits.
— Ça ne tient pas la route, tout ça ! ne cessait-il de marmonner. Il y a forcément quelqu’un qui a entendu…
Quoi qu’il en soit, l’armoire était maintenant suffisamment éloignée du mur pour que Malberg puisse jeter un œil derrière.
— Rien, remarqua-t-il, déçu. Pas de porte dérobée, rien.
Paolo le rejoignit et commença à sonder le mur qui se trouvait derrière le meuble. Il secoua la tête. Puis il prit la lampe des mains de Malberg pour inspecter les coins et les recoins du grenier. Malberg, désespéré, se tenait à l’écart dans l’obscurité.
Sentant soudain la main de Caterina se poser sur son épaule, il posa sa main sur la sienne.
— Dès le début, tu ne m’as pas cru, remarqua-t-il tout bas.
— Arrête !
— Tu crois que j’ai tout
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