Le Huitième Péché
répondit Malberg en passant la main dans ses cheveux. Simplement, nous ne nous connaissons quasiment pas. Et les circonstances de notre rencontre n’étaient pas particulièrement propices à ce que nous tombions amoureux l’un de l’autre.
— Entre nous, il y a Marlène. Est-ce que je me trompe ?
— Qu’est-ce que tu racontes, voyons ! Marlène a été assassinée. Marlène est morte !
— Tu l’aimais, n’est-ce pas ?
Malberg se figea et regarda Caterina sans répondre.
Caterina se jeta alors dans ses bras et enfouit son visage dans le creux de son épaule.
— Je le savais, murmura-t-elle.
— Non, non, ce n’est pas ce que tu crois, dit Malberg tout bas en caressant tendrement les cheveux de Caterina. Marlène était sans aucun doute une femme attirante. J’en ai connu beaucoup d’autres. Mais elle ne te ressemblait pas. C’est seulement que j’ai la curieuse impression de devoir faire la lumière sur sa mort. Et, pour l’instant, cela passe avant tout le reste. Jamais je n’oublierai la vision de Marlène morte dans sa baignoire. Et je ne serai pas tranquille tant que je n’aurai pas découvert les circonstances de sa mort et le nom de son assassin.
— Alors, cela signifie que je peux encore avoir un peu d’espoir ?
Malberg rit.
— Petite bécasse. Reste à savoir si tu voudras encore de moi.
Il l’embrassa sur le front, puis sur la bouche.
— On arrête les baisers ! déclara Caterina en se dégageant de ses bras. Qu’est-ce que tu envisages faire ?
— Il faut impérativement que je revoie l’appartement de Marlène. J’ignore qui en a muré l’entrée, mais je sais que celui-là avait une bonne raison de le faire. La question est…
— … de savoir comment on entre dans un appartement dont l’entrée n’existe plus.
— Il y a peut-être une deuxième entrée, comme ici, déclara Malberg en pointant le doigt sur la vieille armoire. Dans le grenier jouxtant l’appartement de Marlène, il y a un monstre de ce genre. Je suis sûr qu’elle dissimule un autre accès à l’appartement. Mais comment faire pour entrer, ne serait-ce que dans l’immeuble ?
— Paolo ! rétorqua Caterina. Très peu de serrures lui résistent.
Remarquant le regard sceptique de Malberg, elle ajouta :
— Tu peux lui faire confiance, Lukas. Ce garçon t’aime bien.
Ils convinrent de se retrouver à 22 h devant un kiosque à journaux de la Via Gora ; de là, on pouvait observer tranquillement le numéro 23. Lorsque Malberg arriva, Paolo et Caterina l’y attendaient déjà, en jean et chaussures de sport. Malberg se sentit un peu trop chic dans son costume de lin clair.
Mais, n’ayant pas pu retourner à l’hôtel ni renouveler sa garde-robe, par manque de temps, il n’avait que ça à se mettre.
Par son calme, la Via Gora se distinguait de la plupart des rues du Trastevere où se succédaient à n’en plus finir les trattorias et les restaurants. Les lampadaires accrochés aux façades éclairaient l’étroite ruelle d’une lumière blafarde qui mettait en valeur les vieilles façades. Malberg observa le numéro 23.
Il tendit soudain le bras vers les fenêtres du cinquième étage.
— Regardez ! Il y a de la lumière dans l’appartement de Marlène ! C’est incroyable !
— Là-haut, au cinquième ? demanda Caterina pendant que Paolo s’étonnait, la main en visière au-dessus des yeux comme pour mieux voir :
— Mais je croyais que l’on ne pouvait plus accéder à l’intérieur ?
Le frère et la sœur regardèrent Malberg d’un air dubitatif, si bien qu’il se sentit acculé. Désespéré, il plaqua les deux mains sur son visage :
— Mais, enfin, je ne suis tout de même pas fou !
Le regard de Caterina restait posé sur Lukas.
— Tu es sûr de toi ? Tu sais, dans le feu de l’action, on voit parfois certaines choses…
— Je sais ce que j’ai vu ! coupa brutalement Malberg, en colère.
Caterina était troublée par ce Lukas Malberg qu’elle ne connaissait pas.
— Raison de plus pour aller voir ce qui se passe vraiment là-haut, intervint Paolo. Attendez ici !
Paolo traversa la Via Gora avec la nonchalance du badaud. À la hauteur du numéro 23, il jeta un dernier coup d’œil à droite et à gauche avant de sortir quelque chose de la poche de son pantalon. Il s’attaqua à la serrure.
Au bout de dix secondes à peine, il se retourna et siffla entre son pouce et son index. Malberg et Caterina traversèrent
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