Le Huitième Péché
impression était encore renforcée par l’absence complète d’objets courants : il n’y avait ni serviette, ni morceau de savon, ni gobelet, ni shampooing. Et, donc, rien qui eût pu fournir un indice concernant l’assassinat de Marlène.
En sortant de la salle de bains, Malberg s’arrêta devant ce qu’il pensait être la porte d’entrée. Il fit signe à Caterina. Avant d’abaisser la poignée de la porte à double battant, il marqua un temps d’arrêt. Puis il ouvrit la porte.
Derrière, il découvrit un mur en maçonnerie grossière.
Caterina secoua la tête, incrédule. Un sourire de triomphe passa sur le visage de Malberg.
— Alors, tu me crois maintenant ? demanda-t-il sans attendre de réponse de la jeune femme. Puis il referma la porte qui ne donnait sur rien.
Le salon offrait l’image d’un confort de bon goût. En face de la porte de la salle de bains se trouvait une bibliothèque qui occupait tout le mur jusqu’au plafond, avec une porte aménagée au centre, laquelle s’ouvrait sur la chambre.
Elle n’était pas fermée, comme si quelqu’un avait quitté la pièce en toute hâte. Malberg hésita, éprouvant une certaine réticence à entrer ainsi dans ce qui avait été la chambre de Marlène. Mais il finit par se décider et poussa la porte avec précaution. De la main droite, il chercha à tâtons l’interrupteur. Deux appliques munies chacune de trois ampoules projetèrent dans la pièce une vive lumière. Un grand lit occupait presque tout le mur en face de la porte.
Malberg eut un léger mouvement de recul en apercevant les photos frivoles identiques à celles qu’il avait déjà découvertes dans la chambre de la marquise Falconieri, accrochées au-dessus du lit.
— C’est elle ? demanda Caterina après avoir regardé les photos de plus près.
— Hum, hum, répondit Malberg en feignant de prendre un air détaché.
— C’était une femme très séduisante.
Caterina regardait les photos d’un œil jaloux.
Malberg fit semblant de ne pas avoir entendu. Il se dirigea vers l’armoire qui se trouvait sur sa gauche. Elle regorgeait de vêtements, de jupes et de tailleurs, tous plus élégants les uns que les autres. Pas de doute, Marlène avait les moyens.
De retour dans le salon, Malberg se mit à la recherche d’indices qui auraient peut-être pu lui fournir de plus amples renseignements sur la vie de Marlène. Entre les trois portes-fenêtres qui donnaient sur la terrasse, il aperçut toute une série de photos, au moins deux douzaines, toutes de formats différents. Sur l’un des clichés, pris l’année du bac, Malberg se découvrit lui-même, avec Marlène qui se trouvait au rang derrière lui. Comme elle avait changé !
Sur les autres photos, on la voyait seule, en voyage : devant la tour Eiffel, dans le désert juchée sur un chameau, aux Caraïbes à bord d’un bateau de croisière. Mais aussi en compagnie d’un homme, sur une gondole à Venise, au sommet de l’Empire State Building à New York et devant la porte de Brandebourg à Berlin.
— Qui est cet homme ? s’enquit Caterina qui examinait aussi les photos.
— Aucune idée, répondit Malberg, qui n’avait jamais vu cette personne de sa vie.
Nettement plus âgé que Marlène, l’homme était grand, avait les cheveux gris clairsemés, et ne semblait pas particulièrement sympathique. La fréquence avec laquelle il apparaissait sur les photos permettait de penser qu’il ne s’agissait sans doute pas d’une vague connaissance ni d’une liaison de courte durée.
Marlène n’avait jamais évoqué devant Malberg l’existence d’un compagnon. Lukas avait plutôt eu l’impression qu’elle était fière de sa condition de célibataire et qu’elle ne voulait pas entendre parler d’hommes. Non, les photos au mur ne lui apportaient aucune information. Le doute commença à s’insinuer dans son esprit : en cherchant des indices dans l’appartement de Marlène, ne faisait-il pas complètement fausse route ? De cet ordre strict et de cette propreté impeccable, il n’y avait qu’une seule et unique conclusion à tirer : les responsables de la mort de Marlène avaient fait disparaître toutes les traces qui auraient permis de découvrir la moindre preuve.
Déçu, il ouvrit sans entrain l’abattant d’un secrétaire baroque qui se trouvait à gauche de la porte de la salle de bains. Ici comme dans le reste de l’appartement, la propreté et l’ordre avaient quelque chose
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