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Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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regrettable aventure arrivée au cardinal Gonzaga sur la Piazza del Popolo ?
    — Je vais vous dire ce que j’en pense exactement : il me paraît effectivement étrange qu’un cardinal secrétaire d’État se promène la nuit avec cent mille dollars dans un sac plastique. Mais vous en savez certainement beaucoup plus que moi sur cette affaire.
    — Encore une fois, je crains de vous décevoir. Mais Gonzaga s’est fourré tout seul dans ce guêpier.
    — Et, comme de bien entendu, c’était uniquement pour le bien de notre sainte mère l’Église !
    Duca ne releva pas la remarque sarcastique.
    — Donnez-moi trois jours. Je me fais fort de trouver le faussaire.
    — Vous avez dit trois jours ? ricana Anicet. Dieu a créé le monde en sept jours, et vous avez besoin de trois jours pour trouver une adresse.
    — Mais ce n’est pas aussi simple que…
    — J’attends votre appel demain à dix heures. Je suis descendu à l’hôtel Hassler. Et n’oubliez pas ce que j’ai dans la poche de mon pantalon.
    Peu avant 10 h, on frappa à la porte. Anicet laissa entrer le garçon qui apportait le petit-déjeuner. Il but une gorgée de cappuccino. Il allait prendre une bouchée de croissant lorsque le téléphone sonna.
    John Duca lui demanda sans même lui dire bonjour :
    — Vous avez de quoi écrire ?
    — J’écoute, répondit Anicet, tout aussi laconique, en saisissant un stylo.
    — Ernest de Coninck, Luisentraat 84, Anvers.
    — Un Belge ? s’écria Anicet, stupéfait. Vous en êtes sûr ?
    John Duca mit un long moment à répondre, comme s’il jouissait de l’effet de surprise qu’il venait de créer.
    — Comment cela, sûr ? Voici les faits : étant donné le délai limité dont je disposais, je n’ai pu trouver que deux virements de deux cent cinquante mille euros, effectués par le cardinal Moro. Les transactions ont eu lieu à seize mois d’intervalle, toutes les deux venant créditer le même compte à la Netherlandsbank d’Anvers. Bénéficiaire : Ernest de Coninck.
    — Ce n’est pas une preuve, l’interrompit Anicet.
    — Patience ! Vous allez changer d’avis tout de suite. En plus de ces deux virements, le secrétariat du cardinal Moro a réservé deux vols Alitalia en l’espace de seize mois. Un aller-retour Rome-Bruxelles au nom de Gonzaga, et un aller-retour Bruxelles-Rome au nom de Coninck.
    — Voilà qui est très intéressant !
    — Il semble probable que Moro ait apporté l’original du linceul à Anvers et que le faussaire ait rapporté à son tour l’original et la copie à Rome.
    — J’espère que votre hypothèse se confirmera. Dans le cas contraire, que Dieu vous préserve.
    Anicet raccrocha et quitta Rome le jour même.

22
    E n dépit de l’austérité de la signora Papperitz, il faisait bon vivre dans sa pension. Tout d’abord parce que Malberg pouvait conserver un parfait anonymat. Le reste des pensionnaires, trois célibataires et une femme aussi attirante qu’arrogante qui devait avoir la quarantaine, se levaient tôt et partaient travailler avant même que Malberg n’aille prendre son petit-déjeuner.
    Le soir, chacun se retirait dans sa chambre, si bien que les rencontres étaient rares. De plus, la signora Papperitz avait pour habitude de quitter tous les jours la maison aux alentours de 17 h pour ne revenir que deux heures plus tard. Le moment était alors propice pour retrouver Caterina.
    Lorsqu’ils s’étaient revus pour la première fois dans ce cadre étranger, ils n’étaient pas très à l’aise. Cela tenait moins à Caterina qu’à Malberg lui-même, stressé par ces derniers jours, mais surtout par cette passion naissante qui le dévorait.
    Sa vie affective était sérieusement perturbée, alors qu’il était toujours parvenu jusqu’à présent à en juguler efficacement les débordements.
    Caterina remarqua aussitôt qu’il y avait de la tension dans l’air.
    — Si tu veux, dit-elle en inclinant la tête sur le côté, nous pouvons tout simplement oublier ce qui s’est passé hier.
    — Oublier ?
    Malberg se leva d’un bond et se mit à arpenter la pièce, les mains enfoncées dans ses poches.
    — Tu parles sérieusement ? demanda-t-il.
    Caterina haussa les épaules.
    — J’ai l’impression que, rétrospectivement, cela te gêne. Mais ce qui est arrivé est arrivé. C’était un accident, en quelque sorte. Excuse-moi, je crois que je raconte n’importe quoi.
    — Ne dis pas de bêtises !

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