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Le jour des reines

Le jour des reines

Titel: Le jour des reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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Innocent IV avait chargé Androuin de la Roche, abbé de Cluny, l’archevêque de Cantorbery et l’évêque d’Oxford d’accorder en son nom une dispense contre laquelle le roi lui-même ne pouvait rien.
    Le courroux d’Édouard IIIne peut avoir, chez cet homme qu’aucun scrupule n’embarrassait, qu’un seul motif : la jalousie. Après la mort de Thomas Holland, et sachant qu’elle était peu farouche, il s’était réservé la belle. Plus grand que sa colère encore fut son dépit de voir une « fille » engagée sur le chemin d’accès au trône de la Grande Île.
    Les fêtes qui succédèrent à ces noces incongrues se poursuivirent jusqu’à Noël, au château de Berkhampstead, et si le roi rongeait son frein à Windsor, la reine Philippa, pendant cinq jours, honora les mariés de sa présence.
    Cependant, la menace de mort devint si réelle pour les deux époux, que la rumeur franchit la Manche et atteignit Bordeaux.
     
    CHANDOS À LA RESCOUSSE
     
    L’Aquitaine était alors gouvernée par Chandos. Plaidant la cause de Jeanne et de son époux auprès de ses barons et chevaliers, il obtint sans peine leur accord et réclama la présence du prince héritier à ses côtés. Le 19 juillet 1362, le roi nomma son fils aîné prince d’Aquitaine… et l’Aquitaine était alors, selon les Anglais eux-mêmes, « le plus riche royaume de la Chrétienté ».
    Le prince fit ses préparatifs, « Il s’appareilla grandement et estoffément, comme il appartenait à lui, à son état et à madame sa femme » qui resplendissait de bonheur. Il ne lui coûtait rien de se déraciner pourvu qu’elle pût mener ailleurs une existence plus belle – s’il se pouvait – que celle qu’elle menait en Angleterre.
    Édouard le Jeune avait jeté l’or à pleines mains : il était tellement endetté que, sur les exigences de ses créanciers et avec l’autorisation de son père, il dut faire son testament (29 août 1362) et hypothéquer ses biens en leur faveur. Le couple quitta la Grande Île en février 1363 et débarqua à La Rochelle où l’attendait une réception non point brillante, mais étincelante !
    Chandos accourut de Niort avec une escorte fastueuse. Le prince et son épouse se rendirent à Poitiers. Les feudataires poitevins et saintongeais leur prêtèrent serment. Puis on chevaucha vers Bordeaux. Là, Jean Chandos fut fait connétable et Guichard d’Angle, passé à l’Angleterre, maréchal d’Aquitaine. Le jeune Édouard s’empressa de distribuer les meilleurs offices de sa principauté à ses amis. On fêta tout cela somptueusement et l’on prit le chemin d’Angoulême et Poitiers. Fêtes encore. L’on revint à Bordeaux pour d’autres festivités.
    Entre plusieurs déplacements Jeanne adopta le corset (corselus ou cursatus), c’est-à-dire le corsage à petites basques arrondies.
    La suite princière se composait de 28 chevaliers, 74 écuyers. La princesse était entourée d’une centaine de jolies femmes, toutes parées comme des châsses (point trop gardées, si j’ose dire). Un fils naquit au couple : Édouard, et Jeanne se sentit presque reine. Une anecdote suffit à brosser d’elle un portrait « d’actualité » :
    Un an après son installation en Aquitaine, Édouard fut invité en Bigorre par le comte d’Armagnac. Bien sûr, Jeanne fut du déplacement. Des fêtes splendides furent données à Tarbes. Le comte n’était pas sans arrière-pensée : lors d’un récent conflit, son impétueux voisin, Phébus, comte de Foix, l’avait capturé et frappé d’une lourde amende : 250 000 livres.
    Phébus – bel et sinistre outrecuidant, lui aussi ! – vint saluer Édouard en traînant derrière lui une suite immense : 60 chevaliers, 60 écuyers et une multitude d’hommes d’armes. Jean d’Armagnac pria le prince d’Aquitaine d’intervenir auprès du visiteur pour que sa rançon fut remise ou tout au moins diminuée. Il se heurta à un refus d’Édouard. Dépité, il s’adressa à Jeanne, qui s’en alla trouver Phébus en le priant de lui remettre un don.
    Galant pour une fois, le rustaud blond répondit que si le don sollicité ne dépassait pas 50 000 livres, il l’accordait volontiers.
    Jeanne, alors, révéla le but de sa démarche et plaida pour la grâce d’Armagnac.
    L’on marchanda et, peu à peu, la rançon atteignit 50 000 livres.
    Phébus s’arrêta là.
     
    UNE VIE DE SATRAPE
     
    L’on revint à Bordeaux. Édouard recommença son

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