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Le jour des reines

Le jour des reines

Titel: Le jour des reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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grands pas Jeanne de Kent, née Plantagenêt, dans son existence agitée.
    Edmond Plantagenêt de Woodstock, comte de Kent, oncle du roi d’Angleterre alors mineur, fut décapité à Windsor, le 19 ou le 20 mars 1330 après avoir été arrêté pendant le Parlement qui siégeait à Winchester, le 13 du même mois. Ce Parlement était l’instrument servile des volontés de la reine mère, Isabelle de France, et de Roger, comte de Mortimer, son favori. Le crime du comte de Kent était d’avoir répandu le bruit qu’Édouard II vivait encore.
    Édouard III participa à ce mauvais coup. Il s’en justifia auprès du Pape par une lettre du 24 mars 1330. Mieux encore : il fit emprisonner la comtesse de Kent et ses enfants, et mettre sous séquestre les biens du comte. Ce mineur sapait les fondements de sa famille et de son royaume avec une espèce de délectation !
    Le comte avait pour épouse Marguerite Wake, qu’il laissait enceinte. Elle avait mis au monde un fils, Edmond, et deux filles : Margaret et Joan (Jeanne). Le 9 avril 1330, Jeanne, âgée de deux ans, fut marraine de son frère posthume : John de Kent. Elle était la plus jeune fille d’Edmond Plantagenêt de Woodstock [339] .
    Jeanne vécut donc un double drame : la mort de son père, le chagrin angoissé de sa mère, sans ressources et sans trop d’amis. La reine Philippa prit la fillette sous sa protection et l’éduqua. Le temps passa. Un anonyme put écrire de la pucelle que «  sa beauté et ses manières fascinantes rendirent captifs à la fois le duc de Salisbury et his steward of the household [340] sir Thomas Holland  ». Celui-ci, forestaked (gagna une manche) sur son rival en faisant établir un contrat de mariage et en vivant en concubinage avec Jeanne. Hélas ! il fut appelé à guerroyer en France avant que le mariage eût été célébré. Salisbury (l’ex-gentil bachelier preux et hardi) ne perdit pas de temps pour séduire l’inflammable Jeanne et entreprendre, ensuite, l’établissement d’un contrat de mariage. Apprenant cela, Thomas revint sur la Grande Île, récupéra la « femme perdue » et réclama restauration de ses droits. Après une enquête du cardinal Adhemar, le Pape Clément VI trancha en sa faveur le 13 novembre 1349.
    Ignorant le pré-contrat, la plupart des chroniqueurs ont représenté Jeanne comme divorcée d’avec Salisbury pour adultère avec Holland.
    Guillaume de Montagu le Jeune était né en 1328, donc la même année que Jeanne. Sans doute, lorsqu’il la vit à la Cour, en entreprit-il la conquête. Un adolescent dut également s’y intéresser : Édouard, fils aîné d’Édouard III, né le 15 juin 1330. Il l’avait pour compagne de jeux.
    Quant à Thomas Holland, il était le second fils de sir Robert Holland (Landcashire) et de Maud, fille d’Allan de la Zouche d’Ashby (Leicestershire). C’était un guerrier. Il avait pris part aux batailles de l’Écluse (1340), de Crécy (1346) ainsi qu’au siège de Calais. On le vit un peu partout : en Guyenne, Hainaut, Bretagne. Il allait être créé, le 11 novembre 1354, lieutenant du roi en Bretagne et en Poitou avec le droit de jouir de tous les revenus. En 1356, il fut gouverneur de Jersey et Guernesey et reçut en bail, en 1359, moyennant une rente de 5 000 florins, les domaines de Godefroy d’Harcourt. Capitaine général du roi en France, il dut souventefois regretter son pays.
     
    L’ABUS DES PLAISIRS
     
    Salisbury le Jeune ne fut pas inconsolable de la perte de Jeanne. Il se maria, peu de temps après la rupture, avec Élisabeth, fille de lord Mohum de Dunster.
    Holland et Jeanne eurent cinq enfants : 3 fils : Edmond, Thomas, John, qui devaient faire parler d’eux sous le règne de Richard II, et deux filles, Johanna et Mathilda. Ces maternités n’empêchèrent aucunement Jeanne de suivre son époux dans ses guerres. On la vit à Vannes, Creuilly, Saint-Sauveur-le-Vicomte. Elle était la reine incontestée d’un « royaume » franchement interlope, n’ayant pour société féminine que les concubines des capitaines anglais, lesquels, commandant à des hordes de pillards, vivaient dans un luxe effréné. Elle apprit à dépenser sans compter et à rehausser sa beauté souveraine par tous les artifices de la toilette et de la coquetterie.
    Quand ses frères et sa sœur furent morts, elle devint comtesse de Kent et lady Wake of Liddell. En 1358, elle accompagna Thomas en Normandie : il était devenu

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