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Le Journal D'Anne Frank

Le Journal D'Anne Frank

Titel: Le Journal D'Anne Frank Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Frank
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l’autre. Je suis, et je parais indifférente aux larmes de Maman et au regard de Papa, parce qu’ils ressentent tous deux pour la première fois un peu de ce que je remarque sans cesse. Tout ce que je puis éprouver, c’est de la pitié pour Maman, qui devra retrouver elle-même une ligne de conduite. Pour ma part, je continue a me taire, à me montrer froide et ailleurs non plus, je ne reculerai pas devant la vérité parce que, repoussée plus longtemps, elle est d’autant plus difficile à entendre !
     
    Bien à toi,
    Anne
     
     
     
    MARDI 27 AVRIL 1943
     
    Chère Kitty,
     
    Toute la maison retentit de disputes. Maman et moi, Van Daan et Papa, Maman et Madame, tout le monde en Veut à tout le monde, joyeuse ambiance, non ? La liste bien connue des péchés d’Anne a été remise sur le tapis dans toute son ampleur.
    Samedi dernier, ces messieurs de l’étranger sont revenus en visite. Ils sont restés jusqu’à six heures, nous nous tenions tous en haut et n’osions pas remuer le petit doigt. Quand personne d’autre ne travaille dans l’immeuble ou aux alentours, les gens qui sont dans le bureau privé entendent le moindre pas. J’ai de nouveau la bougeotte, ce n’est pas drôle, crois-moi, de rester si longtemps immobile.
    M. Voskuyl est déjà à l’hôpital central, M. Kleiman a repris son travail, sa gastrorragie a pu être enrayée plus vite que d’habitude. Il nous a raconté que les pompiers avaient encore aggravé les dégâts subis par l’état civil, au lieu d’éteindre l’incendie ils ont tout inondé avec leurs lances. Bien fait !
    L’hôtel Carlton est en ruine, deux avions anglais avec à leur bord une pleine cargaison de bombes incendiaires sont tombés exactement sur le Foyer des officiers. Tout l’angle de la Vijzelstraat et du Singel a brûlé.
    Les attaques aériennes sur les villes allemandes se renforcent de jour en jour. Nous n’avons plus une nuit de calme, le manque de sommeil me fait des cernes sous les yeux.
    Notre nourriture est misérable. Petit déjeuner de pain sec, ersatz de café. Dîner, depuis quinze jours : épinards ou salade. Pommes de terre de vingt centimètres de long, au goût douceâtre et pourri. Les candidats à l’amaigrissement n’ont qu’à prendre pension à l’Annexe ! Ceux d’en haut se répandent en jérémiades, mais nous, nous ne prenons pas les choses au tragique.
    Tous les hommes qui ont combattu ou été mobilisés en 1940 sont appelés à travailler pour le Führer dans des camps de prisonniers de guerre. Sûrement une mesure prise en prévision du débarquement !
     
    Bien à toi,
    Anne
     
     
     
    SAMEDI 1er MAI 194.1
     
    Chère Kitty,
     
    Dussel a eu son anniversaire. Les jours précédents, il faisait semblant de ne pas vouloir en entendre parler, mais quand Miep est arrivée avec un grand cabas à provisions débordant de paquets, il était aussi excité qu’un petit enfant. Sa Lolotte lui a envoyé des œufs, du beurre, des gâteaux secs, de la limonade, du pain, du cognac, du pain d’épice, des fleurs, des oranges, du chocolat, des livres et du papier à lettres. Il a arrangé une « table d’anniversaire » qui est restée exposée trois grands jours, ce vieux schnock ! Ne crois surtout pas qu’il souffre de la faim, nous avons trouvé dans son placard du pain, du fromage, de la confiture et des œufs. C’est honteux, pour ne pas dire plus, de la part d’un homme que nous avons eu la bonté de recueillir ici dans le seul but de le sauver de la mort, de se remplir ainsi la panse dans notre dos sans rien j nous donner. Nous avons bien tout partagé avec lui, nous ! Mais nous avons été encore plus scandalisés par sa mesquinerie vis-à-vis de Kleiman, de Voskuyl et de Bep : il ne leur donne rien du tout. Les oranges dont Kleiman aurait tant besoin pour se soigner l’estomac, Dussel les trouve encore plus saines pour le sien.
    Cette nuit, j’ai dû rassembler quatre fois mes affaires, tant ça tirait fort. Aujourd’hui j’ai rempli une mallette où j’ai fourré les objets de première nécessité en cas de fuite. Mais Maman dit avec raison : « Fuir, pour aller où ? » Les Pays-Bas tout entiers doivent payer pour la grève d’un grand nombre de travailleurs. C’est pourquoi l’état de siège a été proclamé, et un ticket de beurre retenu sur la ration de chacun. Les enfants font les polissons !
    Ce soir j’ai lavé les cheveux de Maman, ce qui n’est pas si simple par les temps

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